<doc516|right> « Est-ce que le peuple, c’est Bujumbura seulement ou c’est tout le pays ? Ce n’est pas parce qu’on a la chance de s’y exhiber à travers les médias qu’on représente la population», lance Aimé Nkurunziza, président de la commission chargée des questions politiques à l’Assemblée nationale, qui dit haut ce que beaucoup d’élus pensent bas.
Les citadins, avec leurs revendications, « leur » société civile, « leurs » médias, énervent. D’autant plus que leur poids électoral est dérisoire. Le raccourci est vite fait. Il y aurait donc un « bon » peuple, calme, qui « vote bien ». Et les autres, cette « mince partie de l’électorat burundais ». Apparemment, cette frange de la population intéresse peu les élus du peuple. Et, comme un défi, sûr de lui, le député Aimé Nkurunziza déclare: « Il y a des gens qui nous ont mandatés. Le moment venu, ils feront leur appréciation. »
Reste à savoir si le silence du « bon » peuple, est toujours synonyme de bonheur et de bien-être. Et un pouvoir peut l’apprendre à ses dépens. Dans un pays africain, l’immolation par le feu d’un simple citoyen a fait tomber un pouvoir que tout le monde pensait inamovible. Cet homme n’était pas membre de cette petite frange bruyante de la société. Juste un homme du « bon peuple ». Un simple vendeur de légumes.
Du reste, le député Aimé Nkurunziza pourfend le comportement de certaines associations de la société civile : « Les activistes de la société civile veulent se substituer aux élus du peuple, alors que la loi ne le leur permet pas. » Ceux qui pensent que les représentants du peuple ont failli à leur mission, riposte-t-il, se trompent. D’ailleurs, il trouve que ceux qui les considèrent comme des démissionnaires n’ont pas les prérogatives pour évaluer le travail des parlementaires. M. Nkurunziza dit comprendre le langage de la société civile dans la mesure où
le pays est démocratique. Cependant, il signale que les parlementaires ont aussi leur façon de contrôler les actions de la société civile. Il se demande comment la société civile quantifie le peuple qu’elle croit défendre. Même si Bujumbura n’est pas à exclure, nuance-t-il, elle représente une mince partie de l’électorat burundais. Il invite les activistes de la société civile d’attendre le grand rendez-vous de 2015 : « On saura qui de nous représente valablement le peuple. »