La moralité ne s’applique pas uniquement aux traits des Commissaires mais aussi au processus lui-même. En cela, ce dernier doit se traduire entre autres par une transparence de la part des différents acteurs. Pourtant, la rédaction de la loi, son vote et par la suite sa promulgation n’ont pas été à la hauteur de cette transparence requise.
Une modalité de sélection rurale
Un jour, sur une colline très éloignée de Bujumbura, une vieille survivante réclame un processus de sélection des commissaires décentralisé et transparent. Son argument pour la décentralisation émanait de sa connaissance informelle de la pratique du «top-down» souvent contesté par la société civile mais rarement bravée. « Ils vont nous imposer des commissaires qu’on ne connaît pas! ». Elle enchaîne pour détailler une modalité de sélection qui aurait pu être adoptée comme une procédure de sélection privilégiée: «Qu’ils affichent les photos des candidats au niveau de la colline, on fera alors notre propre sélection, on passera ensuite par la commune jusqu’à la présidence !».
Sa proposition, certes compliquée au niveau de la logistique et des ressources financières, particulièrement avec plus de sept cents candidats, fait preuve de créativité et reflète la sagesse d’une paysanne sans illusion sur la bonne gouvernance.
Une action citadine inaboutie
Un groupe représentant une partie de la société civile a maintes fois réclamé la transparence de la part du gouvernement dans le processus de sélection des commissaires. Parmi les revendications faites par ce groupe, figurait la nécessité de publier les noms des candidats.
Le même groupe a également débattu de l’idée d’organiser une campagne à travers laquelle un grand nombre d’activistes se présenterait publiquement à ce poste. L’idée avait été reçue positivement par plusieurs activistes qui montrèrent un enthousiasme saillant. Ces derniers, et après plus de trois ans de plaidoyer infructueux contre un cadre normatif qui ne répondait pas aux besoins de la population, ont dû finalement se résigner à la realpolitik et ont présenté leurs candidatures au poste de commissaire. En cas de sélection, ceux-ci prêteront serment devant le Président de la République et le Parlement. Ne faudrait-il pas, avant de prêter serment, briser le conventionnalisme du « top-down »en affichant publiquement leurs motivations devant le principal bénéficiaire de la CVR à l’instar de cette vielle survivante?
Cette campagne inaboutie aurait pu être une preuve de transparence de la part de l’acteur non-étatique et une manœuvre de plaidoyer collective cherchant à réduire la manipulation politique à laquelle le processus de sélection des commissaires pourrait être exposé.
Tant que la commission paritaire ad-hoc n’est pas confirmée, cette campagne pourrait être réanimée ! Les moyens de transport de Bujumbura vers l’intérieur du pays sont onéreux mais les ondes des radios burundaises le sont beaucoup moins et les paysans sont toujours à l’écoute.
Mbe ni bande batowe kugira tumenye kahise kabo?