Me Onésime Kabayabaya ne mâche pas ses mots. Il s’inscrit en faux contre la démarche du n° 2 de l’exécutif burundais qui a exhibé les photos de Hassan Ruvakuki devant les diplomates accrédités à Bujumbura. Selon Me Kabayabaya, l’acte est en soi une condamnation de ce journaliste incarcéré jusqu’aujourd’hui dans une cellule au commissariat de police à Cankuzo pour participation présumée dans des actes terroristes. <doc2428|left>Pour cet avocat, le principe de séparation des pouvoirs a été violé : « Il y a eu immixtion de l’exécutif dans le judiciaire. » L’intervention du premier vice-président de la République pose un problème énorme : « Il a donné l’orientation, il a tranché et ce qu’on constate pour le moment, c’est que les policiers et les magistrats ont commencé à s’exécuter ou à appliquer les instructions données par le premier vice-président de la République. Il a déjà donné le ton et les autres ne font que suivre. Il n’y a plus affaire en justice, il a eu un jugement », déplore Me Onésime Kabayabaya. « La deuxième personnalité de l’exécutif burundais a brandi des photos dont certaines sont d’ailleurs douteuses. Il s’est prononcé sur un dossier judiciaire. Qu’est-ce qu’on peut dire encore ? », se demande l’avocat du journaliste Hassan Ruvakuki : « La tâche a été fort facilitée pour le juge et il faut le dire, la Constitution a été vaillamment violée par le premier vice-président de la République, M. Térence Sinunguruza », poursuit-il. <doc2428|right>Selon Me Onésime Kabayabaya, il y a lieu de se poser des questions sur les motivations ayant poussé le N° 2 de l’exécutif burundais à se prononcer sur une affaire en justice : « Non seulement il est vice-président de la République, il a été ministre de la justice, il coiffe aujourd’hui la justice, il est juriste, il a été magistrat, mais il serait aussi injurieux de dire qu’il ignore la loi ou encore la Constitution dont il tire les prérogatives qu’il exerce», fait remarquer cet avocat. « Au regard de ce qui précède, je dénonce vigoureusement son intervention malheureuse, il aurait du s’abstenir. Quelles que soient ses convictions ou ses motivations, une affaire judiciaire n’est pas traitée à la présidence de la République », conclut Me Onésime Kabayabaya, avocat du journaliste Hassan Ruvakuki qui déplore le fait qu’on lui refuse tout accès au dossier de son client.