Léonard Hakizimana, chef d’antenne de la ligue Iteka à Matongo a été tué le 16 février 2012. La police pense à un crime lié à ses constantes prises de positions.
<doc3146|left>Colline Musonge, zone Kabuye à 1 kilomètre du chef-lieu de la commune Matongo. La résidence de feu Léonard Hakizimana se dresse, côté gauche de la RN2. Larmes aux yeux, Thérèse Gwasize, l’épouse du défunt confie : « Je n’arrive pas à comprendre pourquoi mon mari a été assassiné. »
Stoïque, elle n’hésite pas à montrer les taches de sang de la victime encore visibles sur un mur, preuve de la sauvagerie avec laquelle ses bourreaux lui ont ôté la vie.
Le jour de sa mort, raconte cette quinquagénaire, Léonard Hakizimana s’est rendu à Bujumbura pour récupérer une copie du jugement de la Cour Suprême en faveur d’un habitant de la commune Gatara : « Il aidait la population dans des affaires judiciaires. »
Une mort atroce
La victime, poursuit la veuve, est revenue de Bujumbura vers 18 heures puis s’est rendue à Kiziba voir des amis. Une moto l’a ensuite déposée chez elle vers 20 heures. Léonard aurait pris son poste radio comme à l’accoutumée et s’est assis à l’extérieur. « Je ne l’ai plus entendu », témoigne sa femme. Le corps de Léonard Hakizimana sera retrouvé le lendemain par un de ses fils, élève en 10ème année devant la porte de sa maison.
P.M, l’un des voisins présent le matin du 17 février parle d’une scène atroce : « La tête était fracassée, la cervelle répandue par terre. » Pour lui, cet assassinat a été bien préparé et exécuté par plusieurs personnes car la victime, malgré son âge (61 ans) était encore fort physiquement.
P.M estime que le crime est lié aux activités de Léonard Hakizimana au sein de la ligue Iteka qu’il représentait à Matongo. Le défunt figurait parmi les cinq membres élus au niveau de la colline et prodiguait des conseils dans les affaires judiciaires.
<doc3145|right>Un homme qui agaçait beaucoup
Même son de cloche chez Alexis Hacimana, administrateur communal de Matongo. Pour lui, il ne fait aucun doute que Léonard Hakizimana, a été tué pour ses prises de position : « Il arrivait que des gens soient agacés parce qu’il a aidé l’un d’entre eux dans un procès et qu’il ait eu gain de cause. »Le numéro un de Matongo confie que des menaces de mort ont été même déposées en son encontre dans la boîte à suggestion de la commune. « Ce jour-là, je lui en ai fait part mais il a seulement souri. »
Une source policière à Matongo raconte que la victime ne ménageait aucun effort au point qu’on le surnommait « l’avocat de Matongo.» Cette attitude agaçait beaucoup parmi ceux qui perdaient des procès à cause de ce défenseur des droits de l’homme.
La même source ajoute que la police peine à savoir par où commencer ses enquêtes : « Nous n’avons aucune piste plausible car la victime s’était fait beaucoup d’ennemis en faisant gagner des procès à la population pauvre. » Pour lui, on ne peut pas arrêter des gens pour avoir perdu des procès chaque fois que Léonard Hakizimana est intervenu dans leurs affaires.
Pour Joseph Ndayizeye, président de la Ligue Iteka, ce crime ne doit pas rester impuni. Il affirme que son organisation va mener ses propres enquêtes.