Chaque fois que les Burundais se mettent ensemble pour dialoguer, il faut encourager l’initiative. Car cela n’a pas été toujours ainsi. Même si ces rencontres ne donnent pas toujours l’effet escompté, elles permettent parfois un certain dégel. Saluons donc l’atelier sur la CNTB, tenu dans un contexte tendu, voire explosif.
Certes, il était difficile de trouver un consensus. Mais il faut se dire aussi qu’aujourd’hui ou demain, avec Mgr Serapion ou un autre, la question de la restitution de biens fonciers ne sera jamais une partie de plaisir. Il y aura toujours, fatalement, une victime, un déçu. Et ne nous faisons pas d’illusion : sans fonds d’indemnisation, on résoudra un problème pour en créer un nouveau.
Mais malgré tout, sur les 43 recommandations issues de ces heures d’échanges, quelques-unes me semblent essentielles pour la suite. Ainsi, les participants ont insisté pour « ne pas ethniciser la question foncière ». Le point 11 va plus loin et implore « de ne pas utiliser la CNTB comme un outil de propagande politique. »
C’était en effet un risque majeur. La CNTB était ( j’espère parler au passé désormais), considérée comme une commission venue « venger » les victimes d’hier. C’est vrai, en 1972 des citoyens ont été spoliés et il est juste qu’ils soient rétablis dans leurs droits. Mais chaque cas doit être finement analysé, les situations sont parfois complexes. Ainsi, la notion « d’acquéreur de bonne foi » doit être considérée et ne pas mettre tout le monde dans le lot des « spoliateurs. »
Puissions-nous désormais avoir une CNTB sereine, neutre, humaine. Cette commission peut aider les Burundais à panser leurs blessures du passé, à se réconcilier. Mais elle pourrait aussi rallumer le feu…Cet atelier est peut-être la dernière chance de la CNTB.