Ces clubs visent à lutter contre la tricherie, la corruption, le culte de la médiocrité, le harcèlement sexuel, l’impunité, la fainéantise, la banalisation de la vie, la violation de la loi, l’absentéisme et la consommation des stupéfiants.
Selon Faustin Ndikumana, le représentant légale de la PARCEM, ces phénomènes gagnent du terrain. Autre fois, des cas pareils étaient signalés dans certaines écoles privées. Actuellement, de plus en plus d’écarts de comportements s’observent même dans des écoles publiques : « Il y a une crise de valeurs chez les adultes. Les jeunes n’ont plus de modèle, de référence », se désole M. Ndikumana qui déplore le recul des frontières de l’interdit: « Un élève habitué à acheter la réussite scolaire, comment va-t-il se comporter plus tard si on lui confie des responsabilités ? »
Pour le Professeur Joseph Ndayisaba, auteur d’une étude sur les ’’Comportements négatifs et les antivaleurs en milieu scolaire’’, quand un écart de comportement reste impuni, il a tendance à se généraliser, d’où la nécessité d’agir à temps : « Le développement et la gouvernance d’un pays sont tributaire de la qualité du leadership. Si l’on veut de bons gestionnaires de demain, des responsables intègres, il faut les former dès aujourd’hui », a fait savoir le Professeur Ndayisaba. Il appelle à plus d’effort dans la lutte contre la corruption et l’impunité au niveau nationale : « Si rien n’est fait, il sera difficile d’éviter cela à l’école parce que l’école fait partie de la société », a-t-il averti.
Il fustige les phénomènes de manipulations des bulletins par les responsables d’écoles, l’obtention des notes par des faveurs sexuelles, l’avancement illégal de classe (fabrication de faux bulletins), les directeurs qui changent les décisions des jurys, la pratique des examens à domicile par la rédaction d’une nouvelle copie et la destruction de celle contenant des erreurs, sans oublier cette pratique où les professeurs informent les élèves d’avance du questionnaire d’examen. Le Professeur Ndayisaba dénonce aussi cette pratique appelée ’’obligation de résultat’’ répandue dans certaines écoles privées : « Le professeur est obligé de tout faire pour que les élèves aient de bonnes notes ; il en va sa carrière dans cette école. »
La mise sur pied de ces clubs s’inscrit dans une série d’actions à mener au cours d’une campagne lancée cette semaine pour le changement de comportement en milieu scolaire et appuyée par le Fonds Social de Développement de l’Ambassade de France au Burundi. Cette campagne compte sensibiliser les jeunes scolarisés à lutter contre les antivaleurs et les mentalités rétrogrades. Quelques écoles pilotes ont été choisies : le Lycée communal de Buterere, le Lycée communal de Kamenge, le Lycée du Saint Esprit, le Lycée Scheppers de Nyakabiga et le Petit séminaire de Kanyosha. La campagne va s’étendre sur tout le pays dans les jours à venir.