En partenariat avec RCN Justice & Démocratie et avec le soutien financier de l’Union Européenne, Albinos Sans Frontières (ASF) a inauguré, ce vendredi 6 juillet, son siège social à Bujumbura. Le bâtiment se trouve au quartier Nyakabiga I, 5ème avenue n°6.
<doc4573|left>D’après Edem K.Comlan, coordinateur de RCN Justice & Démocratie, ce centre, destiné à devenir un lieu d’échange et de socialisation, peut contribuer à faciliter la prise en charge et l’accompagnement des personnes albinos.
L’installation d’activités génératrices de revenus dans ce centre (boutique par exemple), précise-t-il, permettra à ce dernier de fonctionner de manière autonome. Du côté des membres d’ASF, poursuit-il, ils auront l’occasion de bénéficier de formations spécifiques (planification, rédaction de projets, gestion d’une association, etc) afin que l’association soit renforcée dans sa capacité à développer une stratégie d’intervention.
« L’inauguration de ce siège social est une opportunité pour renforcer le plaidoyer auprès des autorités institutionnelles du Burundi et de ses partenaires afin d’arriver à une plus large promotion et protection des droits des personnes albinos », a indiqué Cassim Kazungu, représentant légal d’ASF.
Selon lui, malgré les progrès enregistrés dans la protection des albinos, un pas reste à faire. Il demande au gouvernement de s’impliquer davantage pour que les personnes albinos puissent se sentir protégées et intégrées dans la société burundaise.
"La justice doit faire son travail"
Stéphane De Loecker, ambassadeur de l’Union européenne (UE) au Burundi indique que les personnes atteintes d’albinisme au Burundi se trouvent en marge de la société en raison de leur apparence et des superstitions qui menacent leur intégrité physique.
Il rappelle l’importance de la volonté politique en matière de protection des personnes albinos. En effet, d’après lui, il incombe au gouvernement burundais d’assurer la protection de ses concitoyens et de légiférer dans ce sens.
« Une attention particulière doit être donnée aux personnes vulnérables dont les albinos font partie. Les auteurs de crimes doivent être punis et il en va du rôle de la justice burundaise. Bien qu’un effort ait été consenti dans ce sens et ait conduit à la condamnation de plusieurs personnes à de lourdes peines, depuis 2009, dans la province de Ruyigi, il est inadmissible de voir que plusieurs d’entre elles se sont évadées en ce début d’année, laissant craindre à la communauté que la chasse puisse recommencer », fait-il remarquer.
Stéphane De Loecker déplore d’ailleurs le peu de réaction et d’action décisive du gouvernement, lors du sauvage assassinat de Chantal Ngendakumana, jeune albinos de 19 ans, en commune Kabezi dans Bujumbura rural. « Ces pratiques doivent cesser. La justice doit faire son travail de manière exemplaire et rapide afin d’envoyer un signal fort de son intolérance face à de tels actes ou crimes », insiste-t-il.
Il appelle le gouvernement à prendre ses responsabilités en matière d’accès aux droits de ces personnes et ainsi faciliter leur intégration dans la société. « L’UE est particulièrement attachée à la défense des droits humains. Et à travers sa coopération avec le Burundi, elle fait de l’accès aux services sociaux de base et de l’Etat de droit, avec notamment une institution judiciaire crédible, une priorité absolue de son action multiforme au Burundi », martèle-t-il.
Il invite tous les burundais à s’unir pour lutter contre les préjugés et croyances erronées dont sont victimes les albinos. « L’ignorance au sujet de cette maladie et ses conséquences est source de marginalisation », précise-t-il.
Joseph Ndayisenga, directeur général au ministre de la Solidarité nationale, des droits de la personne et du genre, signale que le gouvernement est à l’œuvre pour que la protection des albinos soit une réalité.