Mardi 05 novembre 2024

Archives

L’archevêque Ngoyagoye échappe à un attentat

Un carnage a failli se produire en pleine messe au Mont Sion de Gikungu, ce dimanche 31 mai. Mgr Evariste Ngoyagoye appelle au respect de la liberté du culte.

Mgr Ngoyagoye au cours d’une messe au sanctuaire mariale au Mont Sion de Gikungu
Mgr Ngoyagoye au cours d’une messe au sanctuaire mariale au Mont Sion de Gikungu

« L’archevêque du diocèse de Bujumbura vient d’échapper à un attentat au Mont Sion de Gikungu », annonce un journaliste de la voix de l’Amérique dans l’après-midi. Dans un quartier périphérique de Bujumbura, c’est un silence de mort qui s’abat sur un groupe d’au moins dix jeunes qui écoutaient la radio. Ils croyaient mal entendre. Mais un instant après, Tabitha Mukamusoni , une correspondante locale de la station, donne d’amples détails entrecoupés par de larges extraits d’un témoignage d’une personne qui affirme être parmi le groupe des gens qui auraient exécuté la sale besogne.

Selon cette journaliste, si le prélat avait osé parler des questions politiques dans son homélie, un groupe de jeunes – elle martèle que ce sont des Imbonerakure et affirme bien connaître leur identité – aurait lancé des grenades sur l’archevêque.

D’après toujours cette source, des jeunes armés de grenades étaient postés à l’extérieur des enceintes de l’église. Mais ils étaient en contact téléphonique avec de petits groupes de femmes qui faisaient semblant de participer à la messe à l’intérieur de l’église. « Si l’archevêque avait parlé des questions politiques notamment des élections, le groupe des trente-cinq femmes dont je faisais partie aurait d’abord chahuté à haute voix, clamant que l’Eglise a failli à sa mission de prêcher l’Evangile pour s’adonner à la politique ».

A la faveur de ce désordre parmi les fidèles, les jeunes auraient fait irruption dans l’église pour exécuter leur sale besogne. « Une voix intérieure m’a conseillée de révéler le plan au service du protocole de l’église. La somme de vingt mille que chacun de nous aurait empochée n’équivaut pas la vie de l’archevêque et de tous ceux qui seraient morts avec lui », témoigne cette femme qui dit avoir la foi méthodiste libre.

Un père de la paroisse Mont Sion dit que la femme a alors sournoisement montré ses compères au service de protocole qui les a tenues à l’œil durant le reste de la messe.

Entre-temps, par moment, un prêtre communiquait avec l’archevêque en train d’officier la messe. Un remaniement du programme s’est fait sans que les fidèles ne soient informés de rien. « L’archevêque était légèrement bouleversé qu’il a même oublié de faire lire les communiqués », témoigne ce Père.

Signalons que la messe se tenait après que la veille, l’Eglise catholique du Burundi avait annoncé le retrait des prêtres de tous les démembrements de la commission électorale nationale indépendante.

C’est le sommet de l’intolérance

Mgr Evariste Ngoyagoye dit avoir appris ce qui se passait au cours de la messe et avoir vécu cette situation sereinement. « Nous sommes dans un cadre d’une intolérance politique et idéologique. C’est la pensée unique. » Il explicite davantage: « Si tu ne penses pas comme moi, tu es mon ennemi. Et l’intolérance veut que l’ennemi soit abattu, conformément à la pensée de celui qui a dit qu’en politique, on ne tue pas, mais qu’on élimine les obstacles. »

Le prélat dit être échaudé par l’assassinat de Mgr Ruhuna et du nonce apostolique Mgr Courtney dans les temps forts de la crise de 1993. Il rappelle que lui aussi a échappé à un attentat quand il était évêque de Bubanza.
Mgr Ngoyagoye revient sur les principes de la démocratie qui prônent entre autres le respect du pluralisme des opinions, des différences de tous genres ainsi que la liberté d’expression et de culte.

Il se félicite de l’abolition de la peine de mort. Mais il déplore le fait que le pays connaît « des juges inconnus qui prononcent des peines de mort, lesquelles sont exécutées par des personnes tout aussi inconnues, foulant au pied le principe du droit à la défense. »
D’après Mgr Ngoyagoye, les prêtres de son archidiocèse ne connaissent pas de problème spécifique lié à la situation sécuritaire du moment.

Forum des lecteurs d'Iwacu

10 réactions
  1. Ntiwihebure

    Mukamusoni! …? ou ntasoni!
    Nawenu!

  2. Inyankamugayo

    Ariko Abarundi tuzoheba kurementanya ryari?!!!
    Ikinyoma kimara umusi ntikimara umwaka.

  3. abdoul

    Pourquoi n’a-t-on pas appelé discrètement la police pour les arrêter, puisqu’ils ont été découverts avant qu’ils le sachent?
    Dites-nous toutes la vérité, rien que la vérité!

    • Tujijuke

      Quelle police ? Es-tu capable de distinguer un policier d’un tueur ?

    • Mugabo

      La police? Tu me fais rire. Et si parmi les tueurs, ils se trouvaient aussi des policiers? La PNB n’est plus digne de confiance; il faut l’avouer.

  4. Gakwikwi

    Difficile de croire a un assassinat de cette maniere. J’espere que l’Eglise a deja porte plaint contre ces gens. Sinon bonjour les speculations

  5. Bizos

    J’ai du mal à croire qu’il y a encore des chrétiens surtout catholiques qui sont derrière cette politique. Vous avez le droit d’appartenir à des partis politiques, bénéficiez des distributions de postes et autres petits avantages, mais au prix de vendre votre âme au diable en suivant ceux qui souhaiteraient ou même tueraient ceux considérés comme nos bergers? Ça dépasse l’entendement!

  6. SEMIGABO

    Tout à fait normal quand on écoute certains discours de campagne du parti au pouvoir, surtout son Excellence lui-même (http://afrikarabia.com/wordpress/burundi-comment-nkurunziza-cherche-a-provoquer-un-affrontement-hutu-tutsi/). Pour Excellence, tous les problèmes viennent d’un groupe ethnique qu’il faut diaboliser, exclure et terroriser: suivez mon regard. Ceci est archifaux évidemment car la crise politique actuelle, dont les racines sont le Président de la République et son entourage, n’est pas une question tribalo-ethnique telle que notre pays en a connu dans le passe…!! C’est un problème de leadership politique avec un individu qui veut s’éterniser au pouvoir en dépit de toute logique politique.
    En s’acharnant et éliminant massivement des militants du FNL-Rwasa entre 2010 et 2011, le pouvoir CNDD-FDD était-il entrain de punir le groupe ethnique à qui il pointe du doigt accusateur pour des faire diversion aux vrais problèmes du moment ? Je ne le pense pas. Ils pourront tuer Mgr NGOYAGOYE quand ils voudront car ils ont la force des armes mais comme le dit la bible ‘’ceux qui tuent par l’épée mourront aussi par l’épée’’ et surtout ce n’est pas en éliminant des gens qui ne sont pas nécessairement de votre avis que vous résolvez un problème politique grave comme la crise du 3ème mandat de Mr NKURUNZIZA ! Nos politiciens ont vraiment la memoire courte!

  7. Okoca

    Imana irumva kandi irabona. Kuruyu musi imana yarishuriyeho, yaratanze inyishu mugukingira abana bayo ntibarwe muvyara vyumwansi. Bantu bo mubutegetsi, bantu bamwe bamwe bo muri CNDD-FDD, nimuvavanure n’umutima w’ubukoko n’ubwicanyi mufate inzira yo kubaha ikiremwa c’Imana. Uwo musenyeri wewe yobahumira. Vibuzimu muje i Buntu. Mana duhanurire uno mukuru w’igihugu cacu avuga ko asenga, muhe amaso abona, muhe amatwi yumva. Nawe Mgr Ngoyagoye, simbimagna, simbimanga, simbimanaga Imana icane. Merci Seigneur kudukingira kandi ndazi ko udashobora kuduheba. N’aba DD n’abawe mukama, bahe ingabirano yo kukumenya. Amen

    • mutima

      La situation du pays est trop compliquée actuellement. Il n,est pas normal que des gens attaquent en groupe et se denoncent sur le champ,
      il faut des enquetes approfondies pour connaitre l,identité de ces malfaiteurs. Des montages sans nom se succedent pour salir l,un ou l,autre. Ce prelat est un bon disciple qui connait enseigner sans prendre parti. Apparemment il y aurait des gens qui n,apprecient pas qu,il soit neutre, il aurait dit qu,il n,aimerait pas que la procession qui etait prevue ce 31 mai ne soit pas IMIGUMUKO selon ses termes. L,attaque aurait -elle une liaison à cela? il faut suivre de pres ce probleme avec des enquetes sans penchant.

A nos chers lecteurs

Nous sommes heureux que vous soyez si nombreux à nous suivre sur le web. Nous avons fait le choix de mettre en accès gratuit une grande partie de nos contenus, mais une information rigoureuse, vérifiée et de qualité n'est pas gratuite. Nous avons besoin de votre soutien pour continuer à vous proposer un journalisme ouvert, pluraliste et indépendant.

Chaque contribution, grande ou petite, permet de nous assurer notre avenir à long terme.

Soutenez Iwacu à partir de seulement 1 euro ou 1 dollar, cela ne prend qu'une minute. Vous pouvez aussi devenir membre du Club des amis d'Iwacu, ce qui vous ouvre un accès illimité à toutes nos archives ainsi qu'à notre magazine dès sa parution au Burundi.

Editorial de la semaine

Enrôlement des électeurs. Entre fatalisme et pessimisme

Alea jacta, les dés sont jetés. La période d’enrôlement qui avait officiellement commencé le 22 octobre a pris fin ce 31 octobre. Se faire enrôler est un devoir hautement civique et citoyen en vue de reconduire ou renouveler la classe (…)

Online Users

Total 3 014 users online