Par Antoine Kaburahe
Au Burundi, lancer des pierres sur des passants ou des habitations est souvent perçu comme l’acte d’une personne à l’esprit tourmenté (Abarwayi). La société fait preuve de clémence envers ces individus. Cependant, jeter des pierres sur le siège d’un journal, la nuit, et pendant plusieurs heures, ne peut être attribué à un esprit « tourmenté ». Il s’agit là d’un acte bien prémédité.
La question que tout le monde se pose, et que beaucoup nous ont posée depuis hier, est : « Qui en est responsable et pourquoi ? ».
Tout d’abord, Iwacu salue l’intervention d’une unité de la police au milieu de la nuit et la présence du chef de quartier. Les policiers ont même été la cible des jets de pierres, ce qui confirme les faits, au grand dam des détracteurs du journal qui avaient soupçonné un « auto-sabotage » orchestré par nous-mêmes. Passons outre ce cynisme et revenons à l’essentiel : pourquoi cet acte ?
Hypothèses et spéculations
Plusieurs hypothèses ont été avancées : certains pensent qu’il s’agit d’une « tentative d’intimidation pour faire taire un média indépendant à la veille des élections. » D’autres estiment que c’est l’œuvre « de forces cherchant à ternir l’image du Président.”
À notre humble avis, seule une enquête de la police ferait taire toutes les spéculations. Une chose est sûre : les pierres ne sont pas tombées du ciel et, d’après les vigiles, semblaient provenir d’une des parcelles voisines… La police pourrait exploiter cette piste.
Pour notre part, nous allons porter plainte contre X. Il incombe désormais à la police de mener son investigation. En attendant, nous tenons à remercier les nombreuses personnes qui ont exprimé publiquement ou en privé leur soutien. Cela nous a confirmé que nous ne sommes pas seuls et que notre travail est apprécié.
Enfin, tout le monde aura remarqué le silence assourdissant du Conseil National de la Communication (CNC), l’instance dont l’un des rôles est de « protéger et promouvoir la liberté de la presse. » 24 heures après l’incident, nous n’avons reçu aucun message de soutien ou de compassion. Cependant, nous pensons qu’il s’agit d’un oubli, le régulateur étant probablement trop occupé. Le CNC ne soutient sûrement pas la « lapidation nocturne » de notre journal.
Diplômé de l’ ESJ (Ecole Supérieure de Journalisme) de Paris et Lille, Antoine Kaburahe a fondé le Groupe de Presse Iwacu. Il est aussi écrivain et éditeur www.iwacu.site.
En 2015, faussement accusé d’être impliqué dans le coup d’Etat au Burundi, comme de nombreux responsables de médias, il est contraint à l’exil. Analyste reconnu, défenseur de la liberté de la presse (membre de Reporters Sans Frontières) ; il poursuit une carrière internationale .
Contact: [email protected]
Le CNC aurait quand même du réagir rapidement en affirmant son soutien à l’organe de presse agressé. Cela ne coûte pas beaucoup de le dire publiquement même si on n’y croit pas trop. C’est aussi cela la politique. Autrement, on a l’impression que le CNC tire plus vite que son ombre quand il s’agit de lancer des ultimatum contre les délits de presse, même les moindres. Mais quand il s’agit des délits des tiers contre la presse, ou du moins contre une certaine presse, l’enthousiasme du CNC baisse à un niveau lamentablement bas.
il y a quelque chose que je ne comptends pas.
Le chef de Quartier et les policiers représentent l’ordre et la justice.
Ne pouvaient ils pas sommer immédiatement toutes les maisons envoronnentes d’ouvrir?
Ce n’est quand même pas sorcier de voir d’où venaient les projectiles.
Au Burundi tous les moyens sont bons pour faire taire les esprits libres . Si Bunyoni s’était montré sous un jour plus démocrate , il n’est pas impossible que les médias – et ou le peu qui reste- en auraient parlé. Seulement voilà , faut il parler pour un fossoyeur de la liberté d’expression? Peut être mais , mais donnons nous le temps de comprendre et d’analyser la situation. Tout ce qui est certain pour moi , nta mvura idahita .