C’est une figure de l’histoire politique récente du Burundi qui vient de s’éteindre. Pierre Buyoya est décédé dans la nuit de jeudi à vendredi. Il avait dirigé le pays de 1987 à 1993 et de 1996 jusqu’en 2003.
La famille de l’ancien chef d’Etat, Pierre Buyoya confirme sa mort survenue ce jeudi 17 décembre 2020 pendant son évacuation vers la France. « Il nous a quitté hier soir », a dit un membre de la famille à notre Rédaction.
Notre source a également indiqué qu’il était atteint de la covid-19. « Evacué vers Paris, il n’a pas supporté le voyage », a dit la famille. Cette information est également confirmée par ses proches.
Avant son évacuation par avion, l’ancien président de la République du Burundi, Pierre Buyoya était admis à l’hôpital Gabriel Touré de Bamako au Mali.
Condamné à la prison à perpétuité avec d’autres anciens hauts dignitaires dans le dossier de l’assassinat du président Melchior Ndadaye, le 21 octobre 1993, ce Haut représentant de l’UA au Mali et au Sahel a démissionné de son poste pour se consacrer à sa défense et « laver son honneur terni ».
Cet homme d’Etat est né le 24 avril 1949 à Rutovu au sud du Burundi. Cet officier formé en Belgique à Ecole royale des cadets puis à l’Ecole royale militaire, en France à l’Ecole spéciale militaire de Saint-Cyr et en Allemagne à l’Ecole de guerre, est plus connu pour ses deux coups d’Etat.
Il ne reconnaîtra que le premier en 1987 contre le colonel Jean-Baptiste Bagaza. Pour le deuxième, contre Sylvestre Ntibantunganya le 25 juillet 1996, qu’il n’assumera qu’à demi-mot, le qualifiant d’«acte de sauvetage».
Il mènera une politique d’unité nationale, avant de créer un gouvernement d’union nationale avec une certaine parité Hutu-Tutsi. Après le Sommet de la Baule sous la houlette de l’ancien chef d’Etat français, François Mitterrand qui conditionne l’aide publique à une démocratisation, le Major Pierre Buyoya approuve une Constitution consacrant et reconnaissant le multipartisme en 1992.
Il organise des élections multipartites et c’est le candidat du Frodebu, Melchior Ndadaye qui remporte. La victoire sera de courte durée, ce Hutu sera assassiné quelques temps après, le pays bascule.
C’est en pleine guerre civile que Pierre Buyoya revient à la faveur d’un coup d’Etat contre Sylvestre Ntibantunganya. Un embargo contre son régime le contraint à négocier. Il signe le 28 août 2000, sous l’égide de Nelson Mandela, l’Accord d’Arusha.
Auteur des livres, ’’Mission possible’’ et ’’Les négociations inter-burundaises : une longue marche pour la paix’’, Pierre Buyoya remettra le pouvoir à Domitien Ndayizeye le 30 avril 2003.