Malgré la satisfaction du Cndd-Fdd, le lancement du dialogue national inter burundais, qualifié de mascarade par l’opposition, semble viser autre chose que la résolution de la crise burundaise.
«Nous voulons rassembler des idées et trouver des solutions », a déclaré Mgr Justin Nzoyisaba, président de la commission nationale pour un dialogue inter burundais (CNDI).
C’est à l’occasion du lancement du dialogue inter burundais ce 19 janvier à Kirundo, au nord du pays. Pour le gouvernement burundais, il s’agit d’un dialogue national qui doit se tenir entre les Burundais et sans médiation internationale. Un dialogue qui se pencherait sur diverses questions posées par la crise électorale des mois passés, comme les voies et moyens d’assainir le climat socio-politique et sécuritaire. Le rendez-vous de Kirundo a réuni des représentants des partis politiques, des confessions religieuses, de la société civile, des femmes, des jeunes, de l’armée ou encore de la police. Mais l’opposition et la société civile étaient absentes. Quelque 400 personnes étaient présentes.
Pour souligner le caractère inclusif de ce dialogue, Mgr Nzoyisaba, a souligné qu’il y a une certaine collaboration avec l’équipe de la médiation ougandaise : « Le médiateur peut toucher les autres Burundais qui sont à l’étranger que nous ne pouvons pas contacter. »
Après le discours d’ouverture de la séance par le président de la CNDI, il s’en est suivi un témoignage de FestusNtanyungu, un frondeur du Cndd-Fdd repenti. Il a donné un témoignage sur son expérience des élections qui ont toujours été entachées d’irrégularités et suivies de violences avec en corolaire des massacres. Selon lui, toutes les violences cycliques ont été causées par l’impunité. Puis est venu le moment du « dialogue » proprement dit.
Le Cndd-Fdd mène le dialogue
Les débats ont commencé à 9h30, avec la distribution des papiers et des stylos parmi les participants pour que chacun y accouche ses propositions sur le thème du jour. Certains participants ont préféré plier ces bouts de papier. «Probablement qu’ils sont illettrés», chuchote un participant un peu indiscret.
Le ton a été donné par le modérateur, l’ancien journaliste Gérard Mfuranzima, qui, après avoir annoncé que chacun aura droit à la parole sans aucune considération, a néanmoins invité les membres du Cndd-Fdd à prendre en premier la parole « parce que leur parti a gagné les élections. »
Et ces derniers ne se sont pas gênés en une suite d’interventions plus ou moins semblables dans lesquelles revenaient les mêmes demandes : la révision de la Constitution, le rejet de l’Accord d’Arusha et de la question des mandats, et la non-ingérence de la communauté internationale, surtout les Belges, dans la gestion interne des affaires burundaises, et l’interdiction des partis politiques qui ont boycotté les élections. Les intervenants n’ont pas oublié de pointer du doigt les organisations de la société civile qui incitent les jeunes à l’insurrection, ainsi que l‘Eglise catholique qui, au lieu de s’occuper de ses ouailles, fait de la politique.
La révision de la Constitution et l’amendement de l’Accord d’Arusha
Dans la salle, aucune grosse pointure du Cndd-Fdd, encore moins de l’opposition, même celle proche du parti au pouvoir. Mais la consigne semble avoir été donnée. Une femme, élue collinaire du Cndd-Fdd, une des premières à prendre la parole, demande d’emblée la révision de la constitution. Un député, dépliant un énorme agenda, donne une série de propositions : soutenir les institutions, combattre les ennemis de l’Etat, tant de l’extérieur que de l’intérieur, combattre ceux qui ont lancé des jeunes dans des manifestations et qui sont devenus des terroristes. Des propositions qui ont été partagées par la majorité des intervenants, pour la plupart des élus du Cndd-Fdd. D’après le président du parti Cndd-Fdd dans la commune de Bugabira, si le mot « mandat » n’est pas enlevé de la Loi fondamentale, qu’il y ait au moins instauration du système de septennat. «Plusieurs pays ont opté pour un mandat de 7 ans renouvelable, il ne faut pas que les Burundais s’en privent.»
«Il faut que les comptes bancaires des ONG et des associations de la société civile soient bien contrôlés et que les occidentaux gardent leurs aides. Le pays est souverain», clamera haut et fort Evariste Miburo, un participant en cravate aux couleurs du drapeau belge.
De longs mandats ou à vie…
Les mêmes propositions ont également été partagées par la plupart des pasteurs protestants présents dans la salle. Un d’entre eux a même demandé l’arrestation de Pierre Buyoya, responsable selon lui des maux que vit le Burundi depuis 1988. « Songambere » (cri de ralliement du Cndd-Fdd) a-t-il déclaré, ajoutant que ceux qui perdent les élections sont à l’origine de l’insécurité au Burundi, aidés par les Belges et les Américains. Ce n’est pas tout. Pour ce pasteur, « il faut que les radios fermées le restent ad vitam aeternam». « Il faut rétablir la peine de mort, pour que celui qui tue soit puni par la mort », a proposé un autre membre du Cndd-Fdd.
Un intervenant de la communauté des Batwa, Jean Baptiste Sindayigaya, demandera qu’un recensement ethnique soit fait au Burundi. «Il faut que chaque ethnie puisse avoir sa part du gâteau. La révision de l’Accord d’Arusha est alors une nécessité parce que ce texte exclut les Batwa».
Il condamne l’accord d’Arusha qui, en oubliant son ethnie, a partagé le pouvoir entre 40% des Tutsis et 60% des Hutus. Il a demandé un nouveau recensement, et que les postes soient pourvus selon le vrai pourcentage des ethnies.
Juvénal Muvunyi, ancien gouverneur de Kirundo, a suggéré la révision de la constitution pour que le président ait plusieurs mandats comme au Rwanda ou au Congo Brazzaville. Pour lui, la contestation de ce mandat de Pierre Nkurunziza est injuste. Un député, Isidore Nzeyimana, demandera la révision de la Constitution pour qu’un président élu dirige jusqu’à ce qu’il en soit incapable comme pour les anciens monarques du Burundi. «D’ailleurs, le vocable ‘mandat’ n’est pas burundais».
Un relent d’opposition
Quatre intervenants dans cette séance de Kirundo ont failli être le grain de sable dans un rouage bien huiléà l’avance, semblait-il. Un participant, Rémegie Uwizeyimana, a demandé la libération des prisonniers politiques, la restitution des partis politiques à leurs leaders, sans ingérence du ministère de l’Intérieur dans leur fonctionnement, une justice équitable pour tous, et que les gens soient traités de la même façon par l’administration sans considération politique.
Une représentante de la coalition Amizero y’Abarundi dans la province Kirundo, Fébronie Bizimana, est allée plus loin, demandant à la jeunesse Imbonerakure de ne pas s’impliquer dans le travail des forces de l’ordre. Elle a souligné que, à l’approche des élections, les Imbonerakure, aidés parfois par la police, menacent les membres des partis de l’opposition et les font fuir, pour que le parti présidentiel fasse seul campagne. « Que je ne sois pas poursuivie suite à ma déclaration… J’ai des preuves puisque j’en ai été victime », a-t-elle avancé. Elle a condamné ces Imbonerakure qui utilisent un langage qui ne rassure pas, comme « Tuzobamesa » (on va vous lessiver) et qu’il faudrait l’interdire.
Evariste Mukoranire, un autre intervenant a demandé l’alternance ethnique à la tête du pays sans considération de l’appartenance politique. Le père Anicet Bazimenya, curé de la paroisse Murore, a demandé le respect des mandats électoraux, quelle que soit la popularité du dirigeant.
Ces interventions ont été accueillies par des huées de la salle, provoquant l’intervention du médiateur.
Les journalistes aussi…
Comme souvent les rassemblements du Cndd-Fdd, les journalistes n’ont pas été oubliés, et un député, Adolphe Mbonimpa, a exigé d’eux plus de professionnalisme et de respect de la déontologie de leur métier : « Il faut qu’ils soient formés pour ce métier avant de travailler, et non qu’ils soient engagés parce que ce sont de bons parleurs. »Un autre député de Kirundo, GlorioseNiyosenga, a mis en garde les journalistes qui disent du mal de leur pays, parce que, citant la Bible, un tel acte est maudit.
Entre les interventions, l’Eglise catholique a été pointée du doigt, et il lui a été demandé, a plusieurs reprises, de ne plus s’occuper des affaires de l’Etat. Un intervenant l’a mêmeaccusée pour ses prises de position depuis l’indépendance : « L’Eglise a péché en connaissance de cause ! »
Réactions
« C’est une mascarade, de la fantaisie ! »
Comme il fallait s’y attendre, cette grande messe du dialogue national à Kirundo, laisse froid l’opposition interne. «La solution à la crise actuelle ne viendra pas de ce dialogue. Les conclusions seront taillées à la mesure du parti au pouvoir », fait remarquer Tatien Sibomana, porte-parole de l’Uprona (non reconnu par le ministère de l’intérieur) qui ne compte pas prendre part à ces pourparlers. Il craint plutôt une remise en cause, à travers ces assises, de la Constitution, de l’Accord d’Arusha, de la Charte de l’unité nationale et l’Accord global de cessez-le-feu.
« Un dialogue ou des négociations qui ne résout pas la crise que nous sommes en train de vivre, qui ne met pas un terme aux violences qu’on voit dans le pays, aux massacres, aux exils forcés des leaders politiques, des hommes de la société civile, qui ne libère pas les prisonniers arrêtés pour des mobiles politiques notamment lors des manifestations n’en est pas un », martèle Léonce Ngendakumana, président du parti Sahwanya Frodebu. Il jure que son parti et l’opposition ne peuvent pas y prendre part. « C’est de la fantaisie. » Pour cet opposant, cela ne vise qu’à refuser les négociations avec une médiation extérieure, avec la participation de tous les Burundais. Et de conclure : « Ce pseudo dialogue ne vise qu’à vouloir faire adopter malignement les amendements qui ont été rejetés par le peuple via le Parlement en 2013. Il est de nature à renforcer la crise ».
Un honneur pour le Burundi
Cependant, le Cndd-Fdd, parti au pouvoir, salue cette avancée significative pour le Burundi, et s’en félicite : « C’est un honneur pour les Burundais.Nous sommes satisfaits du début du dialogue à l’intérieur du pays. Les Burundais viennent de montrer qu’ils sont capables de dialoguer sans influence », a dit Gélase Ndabirabe, porte-parole du parti Cndd-Fdd. Pour lui, a voir l’engouement, les questions posées, c’est une preuve que les résultats seront positifs. Il mentionne néanmoins que ce dialogue ne vient pas remplacer celui sous la médiation ougandaise. « Les deux sont complémentaires, mais la vraie réponse à la crise burundaise viendra des Burundais eux-mêmes.»
Analyse
Ce n’était pas un dialogue. Plutôt une séance où l’organisateur a reçu les propositions d’une assemblée à une très grande majorité acquise au Cndd-fdd, qui ne s’est pas gênée pour se congratuler lors de certaines interventions. Le dialogue est entre deux parties qui ne s’accordent pas sur une question, en l’occurrence l’actuel gouvernement du Burundi et son opposition qui doivent débattre les questions fondamentales qui sont à l’origine de la crise que traverse le pays. L’actuel dialogue national organisé par le gouvernement et piloté par la CNDI est un dialogue entre le Cndd-Fdd et lui-même, et ses alliés, du moins tel qu’il se présente à ses débuts. C’est un dialogue qui vise à élaborer, pour le gouvernement issu du Cndd-Fdd, un texte pour les négociations auxquelles il ne pourra pas échapper. C’est un jeu de miroir où le Cndd-Fdd se regarde lui-même et se voit à travers les positions qu’il a lancées et qui sont récupérées par ses membres qui ont, à majorité, été invités dans ce dialogue.
Quant à la CNDI, il est clair, après Kirundo, qu’elle est utilisée par le pouvoir pour consolider ses positions. Que le gouvernement demande aujourd’hui qu’elle soit associée au dialogue entre lui et l’opposition revient ainsi à lui enlever sa légitimité.
En définitive, le rapport de la CNDI sur ce dialogue national viendra sans aucun doute conforter la position du gouvernement sous la houlette du Cndd-Fdd dans le futur dialogue ou dans les futures négociations.
Je viens de constater qu’il y a des gens qui continuent une vaste campagne de denigrement non seulement a l’egart des institutions elues au Burundi, mais aussi a la Comuunaute internationale. Vous pensez qu’elle est ignorante pour accepter vos mensonges. Pensez-vous que la Communaute internationale n’est pas au courant de ceux qui lancent des grenades dans les differents Bars de la capitale occasionant des morts parmi les personnes paisibles et innocentes?
Monsieur Bakari, tu n’aimes pas qu’on te tutoie et si on t’exterminerait comme sont exterminees une partie de la population burundaise par ceux qui devraient les proteger, qu’est ce que tu dirais ? Des burundais sont entres d’etre massacrer par une partie des forces de l’ordre et les groupes criminels qui travaillent avec eux. Alors je crois que te tutoyer ne te fera rien. Ca c’est rien. Mais le respect de la personne humaine est quelque chose sacree.
Monsieur Bakari, je sais que toute verite n’est pas bonne a dire. La verite est connu de tout le monde a commencer par l’ONU elle-meme(rapport de la commission des droits de l’homme de l’ONU. Comme vous le dites, la situation est plus que grave et tres dangereuse pour les burundais. Neamoins, c’est tres dommage que le regard du monde entier, reste impuissant et inactif devant ce desastre humain.
Les burundais doivent esperer le miracle du tres-haut notre Dieu tout puissant.
Oh, j’aime bien les journalistes Burundais!!!! Juste pour eux les vraies dialogues inter-burundais ce sont ceux qui se passent en dehors du pays mais pas à intérieure du pays?? Et voilà un ajouts pour pouvoir désorienter les débats. Alors, pourquoi n’est pas parler de leur constitution ou les accords d’arusha?? Il n’a pas le sujet tabous chers journalistes???!!!!
@Kagabo
Parler des accords d’Arusha et de la constitution? Il faut d’abord respecter ces textes et on en parlera après. Nkurunziza et sa clique ont d’abord violé ces fondamentaux; cela est un holdup innacceptable. Ce que Nkurunziza et sa clique veulent négocier est le droit du violeur à garder la fille qu’il a violée pour continuer à la violer.
Qui a la competence de qualifier qu’une constitution a ete violee?? Il faudrait retourner a l’ecole pour en savoir plus. De toutes les facons un paysan et/ou un mineur de Mutakula, Musaga,… n’est pas mieux place pour faire ce travail des Juristes.
De la part de Nkurunziza et sa clique, dire qu’ils veulent une révision de la constitution et amander les accords d’Arusha, c’est comme un voleur qui exige qu’on lui laisse le butin. Ce sont des méthodes des bandits de grand chemin. Ces gens ont piétinés les accords d’Arusha et la constitution qui en découlait. Qu’ils respectent d’abord ces textes fondamentaux et nous laissent les moyens et le temps pour voir comment ces textes pourraient être améliorés.
Certaines interventions huées! Que deviennent des petites étincelles de vérités dans une montagne de mensonges?
Ces illettrés qui suivent comme des moutons, ils ne voient plus loin que le bout de leur nez; ceux là peuvent servir seulement
Nkurunziza, il aimerait être entouré par des gens qui pensent bête
abo wita illetres nibo bama bitorera abayobozi maze ishavu rikabaniga. Kuva kera na rindi baratahuye demokarasi kuruta mwebwe mwigira abize. Kandi mwaba mubasanga aho bibereye kubasaba amajwi maze kukabasubiza mwihumbi muze gutsindwa. Reka ako gakengere wa muntu wize we!
C’est tres normal que le cndd fdd soit satisfait, car ses reves etaient de refuser toutes propositions venant a ramener la paix au Burundi, de la part de la communaute internationale, au moment ou les tutsis sont extermines a grande echelle et des hutus opposes au 3e mandat. La communaute internationale, ONU en tete, sont bien au courant des chiffres precis(des centaines de milliers) des tueries deja effectuees que le genocide est bien en cours.
@Salmia Irikungoma
« La communaute internationale, ONU en tete, sont bien au courant des chiffres precis(des centaines de milliers) des tueries deja effectuees que le genocide est bien en cours. »
La situation est assez grave en elle-même. Il n’est pas nécessaire d’en rajouter car il en va de la crédibilité de vos propos!
Inutile d’être excessif, car vous risquez d’être insignifiant!
D’où sortez-vous vos chiffres?
Bakari
« D’où sortez-vous vos chiffres? » Veux tu des noms et prénoms :ils existent sois tranquille
@Rukwebuka
» Veux tu des noms et prénoms :ils existent sois tranquille »
Inutile de dire qu’ils existent sans pouvoir les donner. Lisez-vous la même chose que moi? Salmia Irikungoma balance ceci: « (des centaines de milliers) »! D’où tirez-vous cela?
Et je n’aime pas qu’on me tutoie alors que nous n’avons pas gardé les chèvres ou les vaches ensemble ou encore gratté les porcs!
Entre temps, qui sont: « les chevres »? Qui sont « les vaches » et qui sont » les porcs » ? Ubwo nta soni ayo macakubiri yo kuducamwo ibice? Erega naho uvuga ngo je n’aime pas qu’on me tutoie, none ivyo bintu wanditse ubona twobikubahira vraiment? Har’umunyarwanda yigeze gucuraranga ngo: i Kigali n’amahanga ibintu vyarahindutse! Nawe nkubwire niba utabizi: Ibintu vyarahindutse, amase ya kera ntagihom’urutaro. Nta mpene, nta nka, nta ngurube twese tur’abarundi. Iyo vayo muvandimwe!
Les tutsis sont extermines a grande echelle??? Quel mensonge? Dans quelle province, ou dans quelle commune a eu lieu cette extermination? Vous avez pour père le diable, et vous voulez accomplir les désirs de votre père. Il a été meurtrier dès le commencement, et il ne se tient pas dans la vérité, parce qu’il n’y a pas de vérité en lui. Lorsqu’il profère le mensonge, il parle de son propre fonds; car il est menteur et le père du mensonge (Jean 8: 44). Batutsi batutsikazi, muri abarundi nk’abandi ntahonyabwoko ririko riba kuri mwebwe! Turabakunda, turagisangiye, kenyera tucubake. Pfuma muraba ikindi kinyoma murementanya, ariko kubesha si vyiza! Mubona ihonyabwoko ryokungur’iki Uburundi bw’iki gihe? Amase ya kera ntagihom’urutaro. Twarabirenganye.