Mercredi 2 mai, les partis politiques et les indépendants sont allés vers la population pour battre campagne pour le référendum du 17 mai prochain. Pas de bavures enregistrées jusqu’à 15h.
Le parti CNDD-FDD donne le coup d’envoi dans la commune Bugendana de la province Gitega. La campagne commence vers 11h. Tous les grands ténors du parti au pouvoir se sont donné rendez-vous dans la zone Bitare, sur un terrain initialement prévu pour la construction d’un aérodrome. Parmi les « Bagumyabanga » (le nom des militants de ce parti), c’est une ambiance festive. Les discours sont entrecoupés des chansons à la gloire du parti et du président de la République.
Certains diplomates sont aussi sur place. Il s’agit notamment de ceux de l’Afrique du Sud, de la Côte d’Ivoire, de la Tanzanie et de la République démocratique du Congo.
Le secrétaire général du parti, Evariste Ndayishimiye, appelle à voter ‘’oui’’. La révision de la Constitution résulte de la volonté du peuple. Il évoque les consultations pilotées par la Commission nationale de dialogue inter burundais (Cndi). Et d’ajouter la nécessité d’en finir avec «le mépris et l’oppression des colonisateurs».
Le chef de l’Etat, Pierre Nkurunziza, met en garde quiconque tentera de perturber le référendum. «Celui qui voudra s’opposer à sa tenue aura affaire à Dieu et celui-ci en est témoin».
L’exemple vient d’en haut et se répand dans le pays. «Je suis le président de la République, je voterai ’’oui’’ et je vous appelle à faire de même», a-t-il lancé. Cependant, le chef de l’Etat fait appel à la retenue : «Ceux qui vous diront de voter ‘’’oui’’, vous les écouterez, ceux qui vous diront de voter ‘’non’’, au cas où il y en aurait, vous les écouterez. Mais, vous choisirez selon vos convictions intimes».
«Méfiez-vous de ceux qui appellent au vote du ‘’oui’’»
Au même moment, la coalition des indépendants « Amizero y’Abarundi » bat campagne au stade Muremera en province Ngozi. Agathon Rwasa, président de cette coalition et Premier vice-président de l’Assemblée nationale, Yves Sahinguvu, ancien Premier vice-président de la République, Evariste Ngayimpenda, etc., sont présents. Des députés de cette coalition sont aussi sur place. Ils portent des t-shirts et casquettes frappés de leur consigne «Tora Oya», c’est-à-dire «voter non».
Les militants commencent la campagne par une marche manifestation. Ils se dirigent vers le stade. Au fur et à mesure qu’ils s’approchent, d’autres viennent grossir les rangs. Ils scandent des chants et slogans à la gloire d’Agathon Rwasa.
Certains lancent «Rwasa, Mandela», d’autres chantent déjà la victoire, etc. Sur leur passage, des gens sont visiblement sidérés. Jusque-là, ils ne croyaient pas que des opposants allaient afficher vertement leur opposition à «la volonté du président de la République».
Au stade Muremera, Agathon Rwasa exhorte tous les Burundais à voter ‘’non’’ au référendum du 17 mai prochain. Pour l’avenir meilleur des Burundais, y compris «les jeunes qui font des rondes nocturnes».
Il affirme que le gouvernement a fait rédiger ce projet de la Constitution en tapinois. «Je ne l’ai vu qu’avant-hier». Ainsi, il dément : «ce projet n’émane pas de la population ».
Pour le président de la 2ème force au Parlement, ce projet de la Constitution exclut certains Burundais au profit des autres. Il souligne aussi qu’il abolit l’Accord d’Arusha, «qui avait mis fin aux conflits ethniques». Et de conseiller aux Burundais de ne pas prêter oreille à ceux qui les appeler à voter ‘’oui’’.
Signalons que des véhicules du charroi de l’Etat ont été utilisés dans la campagne du parti au pouvoir à Bugendana en province Gitega. Ce qui n’est pas permis.