La mise en place de l’Agence nationale de gestion du stock de sécurité alimentaire, Anagessa, en mai 2018 a reçu un accueil mitigé.
Pour les promoteurs, elle a été créée dans l’optique de contribuer à la stabilisation des prix en cas de faible production, d’assurer une bonne gestion des récoltes, d’assister les victimes des catastrophes liées aux changements climatiques. « Un mécanisme de gestion de la production qui permettra d’encourager les producteurs tout en garantissant le marché d’écoulement de la production à un prix rémunérateur », avait plaidé le ministre de l’Agriculture d’alors. Une très bonne initiative à saluer, vu sous cet angle évidemment.
Sans être totalement à l’antipode de cette vision optimiste des officiels, des réserves étaient exprimées.
Dans un article écrit par nos confrères de Yaga Burundi à l’époque, les commerçants et les jeunes entrepreneurs dans l’agropastorale avaient exprimé leurs inquiétudes.
« Alors que les agriculteurs et les coopératives agricoles jouissaient du choix de vendre au plus offrant, nul doute que ce monopole, et le fait de fixer un même prix pour un produit, va être favorable aux coopératives comme Sangwe et Vaso qui sont subventionnées et qui ont bénéficié gratuitement de milliers d’hectares à exploiter, au grand dam de nous autres coopératives et simples cultivateurs travaillant avec nos propres moyens ».
Selon les agronomes, la collecte des récoltes nationales demande un entreposage dans de bonnes conditions de conservation. L’amateurisme est inacceptable. « L’Anagessa a jusqu’ici combien d’entrepôts de stockage ? Comment éviter la pourriture de la production sans chambres froides et sacs hermétiques ? Comment faire fonctionner ces frigos avec le déficit énergétique que vit le pays ? », les professionnels du secteur s’interrogent.
Le temps semble donner raison à ceux qui doutaient de l’efficacité et des missions de l’Anagessa, quatre ans après sa création. Les citoyens sont restés abasourdis par les images de sacs de maïs pourris dans les stocks. Elles ont défrayé la chronique et resteront dans les mémoires.
Ce qui, par ailleurs, conduira au limogeage du directeur général actuel de l’agence par le ministre de l’Agriculture pour « manquement professionnel entraînant des pertes énormes ». Sanction amplement méritée. Des voix réclament d’ailleurs qu’il soit traduit devant la Justice. Dans un pays qui a faim, cette gestion est presque criminelle.
Toutefois, cette agence avait un Conseil d’administration. Où étaient tous ces administrateurs ? Qu’ont-ils fait pour sauver la situation ?
« When you fail to plan, you plan to fail”, disent les économistes anglophones. L’objectif de l’Etat, en créant l’Anagessa était sans doute bon: améliorer les revenus des producteurs et de l’Etat. Mais, il fallait veiller sur toute la chaîne. Je pense aussi qu’un marché libre et ouvert qui garantit des conditions de concurrence juste et équitable à tous les acteurs et qui protège le consommateur serait plus bénéfique aux cultivateurs. Et à l’Etat.
Ariko ntimwoha ijambo uwo mu directeur général yabiraba ngo atubwire ingorane yagize. Abamutwara ntiyababwiye ingorane afise ?
Je m’exprime en rapport avec cette nourriture que l’ANAGESSA a laisse pourrir alors que la population est affamee. Je ne suis pas en possession de la version francaise de George Orwel dans « Animal Farm », mais quelque part dans le Ch.2. je me dis que « les Animaux » sont vraiment decus car: « …Every mouthful of food was an acute positive pleasure, now that it was truly their own food, produced by themselves and for themselves, not doled out to them by a grudging master. »
Sans tomber dans le pessimisme, qu’est-ce que vous pouvez attendre des dirigeants actuels? L’expérience le montre bien. Dis-moi ce qui marche au Burundi, je te dirai qui tu es.
Le sort de la population ce n’est pas leur préoccupation première. Ils sont dans leurs business, l’Etat est devenu un moyen de business. Un jour un officiel me disait: « Je ne comprends pas comment un commerçant peut être plus riche que moi avec le grade que j’ai, ce n’est pas logique ».
Le temps me donnera raison, le Burundi est en train de tomber plus bas s’il n’y est pas déjà. Avec un tel esprit d’un dirigeant et je suis sûr que ce n’est pas le seul, vous pouvez jaser.
» « Je ne comprends pas comment un commerçant peut être plus riche que moi avec le grade que j’ai, ce n’est pas logique ». »
Je pense que cette personne n’a pas (encore) compris l’objet de sa fonction! Dommage!
En un mot comme en plusieurs
Mauvaise gouvernance, manque de vision et juste une corruption crasse.
Il y a quand même une équipe *Accountable for that disaster) depuis 2005.
Où voyez vous Leta Nkozi et Mvyeyi?
Pourquoi les responsables ne sont jamais punis?
Juste pour rire ou pleurer. Les 15 jours pour châtier les rapaces du barrage Mpanda, ntizirahera?
Je sais que tous les porte parole de tous les ministères lisent nos commentaires. Et pourtant en paraphrasant Galilee, ils continuent à voler.
Cette triste actualite agricole illustre parfaitement que nous sommes un pays qui saccage tout sur son passage.
1. Nous saccageons des vies par les massacres d’innocents, la torture, les mutilations, les emprisonnements de justes dans des geoles nauseabondes, l’exil etc.
2. Nous saccageons l’education par des classes a 150 enfants assis par terre, des enseignants mal payes et demotives.
3. Nous saccageons l’economie par le reigne de la corruption, la mauvaise gouvernance, le vol des elections et le desinvestissement qui va avec.
4. Nous saccageons les recoltes par l’absence de toute installation de conservation des recoltes au point que 40% sont perdues automatiquement par l’effet des ravageurs et rongeurs.
5. Nous saccageons l’agriculture par l’extension infinie de la ville sur les terres fertiles du Nord et du Sud de la ville au lieu de sanctualiser ces terres et construire en hauteur ou vers les montagnes improductives. Chacun veut sa villa alors que les appartements modernes ont tout le confort voulu.
Quand cesserons-nous de saccager tout sur notre passage?
@Bellum,
« Nous saccageons l’education par des classes a 150 enfants assis par terre, »
Je suis d’accord avec la plupart des choses que tu dénonces, sauf que tu perds de vue que la population du pays a été multipliée pas 3 depuis que tu as quitté l’école. Depuis ces années-là, la richesse du pays n’a pas été multipliée par 3 afin de garder le même confort que celui que tu avais. Pour dire que la descente aux enfers a commencé depuis l’avant-dernier roi du royaume. Ceci n’exonère personne parmi tout ceux qui ont à gérer ce pays.
@Yan
Tout à fait d’accord avec vous sauf que même pour la question de la croissance démographique ne peut pas expliquer la situation honteuse de nos écoles.
À supposer que les effectifs aient triplé dans les salles de classe et qu’il ait été nécessaire d’équiper toutes les salles de classe de nouveaux pupitres, disons, en 2011 au moment du lancement du projet de barrage de Mpanda.
Supposons que la fabrication d’un pupitre coûte 20’000 francs burundais (les planches pouvant provenir des boisements de l’État (plusieurs boisement existent: Vyanda, Rugazi, Mugamba-Bututsi, …).
On peut déduire que les 54 milliards engloutis par le fameux barrage auraient pu permettre la fabrication de 2’700’000 pupitres. Et même si l’on supposait qu’un pupitre coûte 100’000 francs burundais, ce serait quand même 540’000 pupitres.
On pourrait prendre plusieurs autres exemples comme le compte « Appui aux bonnes initiatives » dont les milliards n’ont servi à rien de palpables, les millions qui servent à l’achat des automobiles de luxe, etc.
Je crois qu’on se comprend. Toute personne qui a la possibilité de changer quelque chose dans ce pays doit avoir pour principe: « Peut mieux faire »! Et cela proportionnellement au pouvoir détenu.