Un nouvel ambassadeur, une forte délégation gouvernementale, la fête nationale allemande a été une occasion de (re) serrer les relations entre les deux pays.
Le 3 octobre; dans les jardins de l’Ambassade d’Allemagne, la bière était servie dans de grosses chopes, au grand bonheur des invités Burundais et Allemands qui partagent cette passion de la sainte mousse. Et M. Bruno Brommer, le nouvel ambassadeur était doublement heureux : c’était sa première fête nationale au Burundi et, ce jour, il avait présenté ses lettres de créance au chef de l’Etat.
Le discours du nouvel ambassadeur était sobre, profond. Les invités écoutaient dans un silence presque religieux. Tout le monde voulait entendre les paroles du nouveau diplomate accrédité à Bujumbura. Il a commencé son allocution par un petit détour historique : « Le 3 octobre 1990 était une journée de joie pour le peuple allemand qui a surmonté la partition de l’Allemagne, qui commença à la suite de la 2ème guerre mondiale déclenchée par mon pays ». Pour M. Brommer, si aujourd’hui, depuis 66 ans, en Europe ils vivent en paix, c’est parce que des « politiciens prévoyants »ont mis fin au cercle vicieux qui menaçait les peuples européens. Sous-entendu, ce que les européens ont su faire, d’autres peuples peuvent le faire. Et d’encourager les Burundais : « En se penchant sur son lourd passé dans un esprit de recherche de la vérité et de réconciliation nationale le Burundi est aussi sur une bonne voie. Et nous, les européens, sommes prêts à vous assister dans ce processus afin que le peuple burundais vive un jour en paix et dans la prospérité ».
Le nouvel ambassadeur a par ailleurs réitéré l’engagement de son pays envers la coopération avec le Burundi notamment dans le programme sectoriel « eau et assainissement », noyau de la coopération allemande. « Je peux déjà vous assurer que dans les négociations à venir en décembre de cette année, nous resterons sur le haut niveau de notre coopération », a déclaré M. Bromer. Le nouvel ambassadeur n’a pas manqué de demander une minute de silence pour les victimes innocentes de la tuerie de Gatumba, rappelant que « la transition d’un passé violent vers un avenir pacifique n’est pas encore terminée.»
Le Burundi à l’instar de l’Allemagne…
Le ministre de l’Intérieur, Edouard Nduwimana a prononcé une allocution à la place du ministre des Affaires Etrangères en déplacement. Pour le ministre Nduwimana, à l’instar de l’Allemagne qui a réussi sa réunification, « le peuple burundais a décidé, lui aussi, de sceller son unité ». Le ministre Nduwimana a indiqué que le gouvernement a mis en place « des cadres de dialogue avec toutes les composantes de la population avec un attention spéciale aux partis politiques et à la société civile.» La fête de l’Allemagne a été pour le ministre de l’Intérieur l’occasion de souligner les engagements du gouvernement pour « renforcer l’Etat de droit », la «bonne gestion de la chose publique », mais aussi et surtout, la lutte contre la criminalité car a insisté M. Nduwimana, revenant sur le cas de Gatumba, « rien ne peut justifier l’usage de la violence ».
Une fête sans fausse note
La fête nationale allemande aura été une occasion pour le gouvernement burundais de marquer sa reconnaissance et dissiper les quelques nuages qui flottaient depuis quelques temps entre l’Allemagne et le Burundi. Selon une source bien informée, la consigne avait été donnée pour que les ministres répondent nombreux à l’invitation. Et ils sont venus en force: au moins huit ministres étaient présents ! Du jamais vu pour une fête nationale. Une fête donc sans fausse note, une volonté manifeste de marquer sa considération un partenaire dont le volume total de la coopération technique et financière bilatérale s’élève quand même à environ 400 millions d’euros depuis son début…