Vendredi 22 novembre 2024

Opinions

Laisse trotter la « petite fille Espérance »

21/06/2015 18

Après l’interview d’Antoine Kaburahe intitulée « C’est la nuit qu’il faut croire à la lumière », Melchior Mbonimpa, écrivain Burundo-Canadien, réagit.

Melchior Mbonimpa, écrivain Burundo-Canadien
Melchior Mbonimpa, écrivain Burundo-Canadien

Comme un gaz, la rumeur tend à occuper tout l’espace disponible. Et si ce gaz est toxique, tout ce qui respire dans les environs est en péril. Ce n’est pas seulement la vérité qui est victime de la rumeur : la rumeur tue! Les événements en cours au Burundi le confirment. La rumeur a annoncé que l’apocalypse s’abattrait sur le pays si le président actuel briguait un troisième mandat. Pour sauver leur peau, des milliers de pauvres hères ont déguerpi pour aller s’entasser dans des camps de réfugiés hors de nos frontières. Or, surtout les premiers jours, avant que les secouristes ne s’organisent, l’insalubrité expose les réfugiés aux épidémies. On n’en parle presque pas, mais Il se pourrait que le choléra ait fait plus de victimes dans ces camps que les « tirs à balles réelles » et les grenades dans les rues de Bujumbura. Il se pourrait que des dizaines de bébés mal nourris et fragilisés par les conditions précaires dans ces camps, aient péri de mort difficile alors que la fuite était censée les sauver. Quand les éléphants se battent, c’est l’herbe qui pâtit!

Et la rumeur peut, plus souvent qu’on ne pense, provoquer ce qu’on appelle une « prophétie auto-accomplie ». Si des rumeurs persistantes annoncent l’invasion du pays par des groupes armés par l’extérieur ou surgis de l’intérieur, il se pourrait que des inconscients téméraires passent à l’action, croyant que c’est « mission possible » et souhaitable. Et, dans cette région comme un peu partout dans le monde, trouver des armes (et pas seulement des machettes et des gourdins) n’est qu’un jeu d’enfants. Dans une grande ville africaine que je ne nommerai pas, j’ai pu constater à maintes reprises l’incroyable efficacité de la rumeur et sa capacité de nuisance. On disait qu’il y aurait pénurie de carburant. La panique précipitait tout le monde vers les pompes à essence et d’interminables files de voitures se formaient, pas seulement pour faire le plein des réservoirs, mais aussi de tous les bidons d’essence qu’on pouvait trouver. Et le lendemain, les pompes à essence étaient effectivement sèches, parfois pour de nombreux jours.

Ce « petit reste » doit survivre

Il n’y a pas trente-six façons de contenir la rumeur meurtrière, de la défaire, de la mettre hors d’état de nuire. Il n’y a qu’une voie pour venir à bout de l’intoxication par la rumeur. Et cette voie, le Burundi l’a pratiquée pendant une décennie avec un succès plutôt surprenant, étant donné qu’on venait de si loin. Il faut laisser les journalistes travailler, en préservant d’abord ceux qui n’ont pas encore jeté l’éponge, ceux qui n’ont pas encore trouvé « le salut dans la fuite ». Je pense ici aux journalistes d’Iwacu qui, pour le moment, représentent sur le terrain « la petite fille Espérance » qui n’a pas encore cessé de trotter. Ce « petit reste » doit survivre, car si la flamme vacillante s’éteignait, il serait plus difficile de reconstruire une société qui assure à ses citoyens le droit à une information équilibrée, nourriture essentielle pour toute cité libre.

On ne peut contrer la rumeur toxique qu’en laissant des professionnels reconnus pour leur sérieux et leur probité, vérifier les faits, les diffuser et rassasier ceux qui ont faim et soif de nouvelles saines. Car, autrement, on ne pourra pas empêcher que des personne assoiffées et affamées boivent ou mangent n’importe quoi, même du poison. La désertification du paysage médiatique est un luxe qu’on ne peut plus se payer. Il faut arrêter l’érosion, reverdir et arroser notre terre commune pour qu’elle redevienne nourricière des rêves. Nous sommes tous responsables de la réussite de ce pari, et nous savons que c’est possible, parce que, répétons-le, dans notre histoire récente, nous l’avons déjà relevé après avoir été muselés pendant des décennies, et parce que nous n’avons pas la mémoire courte.
À vrai dire, il n’y a pas d’autre alternative, c’est cela ou la régression : nous devons mobiliser les ressources de notre mémoire vigilante pour surmonter toutes les entreprises qui s’efforcent de nous faire reculer, de nous faire évacuer des positions conquises de haute lutte. Et ces « entreprises » ne proviennent pas uniquement du pouvoir en place et de la police. La mémoire vigilante nous dit que ceux qui veulent « gagner sans avoir raison » ne sont pas d’un seul côté : ils n’ont ni camp ni parti. Rester debout, c’est aussi rester critique!

Melchior Mbonimpa

Forum des lecteurs d'Iwacu

18 réactions
  1. Nduhirubusa Pascal

    Jewe nguma niyumvira ico twokora kugira zirya mpunzi ziri hanze zose zitahuke mu Burundi. Zivuga ko Imbonerakure zababwira ko zizobica nibaDAtora Nkurunziza, none ico ni igihuha canke? Mwumva umuntu yomenya gute ko watoye Nkurunziza canke utamutoye mu gihe bose batora mw’ibanga? Politique y’Uburundi sicoroshe namba, ariko ngo nta joro ridaca! …

  2. Inyankamugayo

    La médisance est un microbe extrêmement virulent causant la mort. il n’a ni jambes ni ailes, il est constitué presqu’entièrement de fausses rumeurs qui, la plupart du temps, disposent d’un dard empoisonné et mortel. Morris Mandel

    Seule la vérité nous rendra libre. Le contraire nous conduira tous dans la géhenne.

    Dieu tranchera quand même et protégera les innocents contre les méchants.

  3. Alice Ka

    C’etait élégant de la part de Kaburahe de dire: »Un ami, l’écrivain burundo-canadien Melchior Mbonimpa m’a dit quelque chose de très fort : «C’est la nuit qu’il faut croire à la lumière. » …Reponse tout aussi amicale et reconfortante de Mr Melchior Mbonimpa quant il dit: » Je pense ici aux journalistes d’Iwacu qui, pour le moment, représentent sur le terrain « la petite fille Espérance » qui n’a pas encore cessé de trotter. De telles echanges surtout en ce moment sont louables et me rassurent …apres tout dialoguer debattre, echanger font partie des caracteristiques (Une des plus importantes) de notre identite notre belle culture burundaise.
    Mr.Mbonimpa nous apprend aussi que – » On n’en parle presque pas, mais Il se pourrait que le choléra ait fait plus de victimes dans ces camps que les « tirs à balles réelles » et les grenades dans les rues de Bujumbura. »…Je dois avouer que la je suis un peu perdue …D’abord le « ON » s’addresse-t-il au gouvernement , aux mediats (decimes, detruits )independants, a l’opinion national, international???
    Selon le HCR 33 personnes ont perdu la vie a cause du cholera en Tanzanie vers la fin du mois de mai 2015, parmi elles 29 refugies burundais (dernier rapport sur le sujet mai 26,2015… Situation depuis lors sous control (100 cases from 918) grace notamment a l’amelioration des conditions d’hygiene selon medecin sans frontieres.
    Pour ce qui est des victimes des « tirs a balles reelles » durant la meme periode (mai 2015) la croix rouge Bdi comptait autours d’une 40aine de personnes tuees (70 selon APRODH debut juin) sans inclure les blesses graves qui ne cesse d’alourdir ce bilan…still counting
    J’ose esperer que Mr. Mbonimpa n’essaie pas de minimiser les victimes des »tirs a balles reelles » …leurs motivations , leur combat…
    Pour ma part,TOUTES les victimes de cette crise que traverse notre pays meritent notre compassion, nos pensees, surtout nos prieres…
    Et une si belle plume, un aussi grand talent (J’ai lu et adore Le Totem des Baranda) peut nous aider a y voir clair…

    • Bazira

      Ce mbonimpa ni raconte rien pour moi et je me pose la question de la valeur de sa plume .?

  4. Seruka

    La sagesse du Roi Salomon:
    Deux jeunes mères vivant sous le même toit se disputent devant le roi Salomon : un enfant étant mort étouffé pendant la nuit écoulée, chacune déclare être la mère du seul enfant survivant et accuse l’autre de chercher à s’approprier son fils. Comment dévoiler la vérité ? Le roi Salomon ordonne de couper l’enfant en deux pour le partager entre les deux femmes. L’une accepte ; l’autre ne peut supporter cette sentence et préfère que l’enfant vivant soit laissé à l’autre mère. Sa réaction éclaire le roi Salomon, qui ordonne que l’enfant lui soit rendu car il a reconnu en elle la mère véritable. « Tout Israël apprit le jugement qu’avait rendu le roi et ils révérèrent le roi car ils virent qu’il y avait en lui une sagesse divine pour rendre la justice. » (Livre des Rois, I, 3, 16-28)

    Entre ceux qui disent « le 3ème mandat ou apocalypse NOW », et ceux qui disent « Si 3ème mandat apocalypse NOW », qui est la « véritable mère », qui se soucie plus d’avoir raison que du bien de la population burundaise ?
    Qui va dire, même si j’ai raison, je renonce pour éviter que l’enfant soit coupé en deux ?

    Le nouveau facilitateur saura-t-il être notre Roi Salomon, ou serons-nous coupés en deux à cause de la défaillance de la « véritable mère »?
    Nous le sommes déjà un peu, mais tous ces morts, tous ces dégâts matériels et humains, toutes ces blessures physiques et morales, toutes ces déchirures entre burundais, tous ces malheurs visibles et invisibles valent-ils réellement un mandat de plus, ou pas un mandat de plus ? Chaque camp devrait faire son introspection pour voir si il se comporte en véritable mère ou pas.

    Quel camp va accepter de « avaler sa raison » pour la paix et la tranquillité des hommes, des femmes et enfants burundais ?
    Et où arriverons-nous si tous nos leaders sont des « ça passe ou ça casse » !

    • Jambo

      Seruka,
      Merci de nous éclairer par un exemple biblique.Puisse l’obscurité faire place à la lumière.Qu’est ce que le pouvoir pourrait céder entre le troisième mandat et la refonte de la ceni pour une nouvelle consensuelle tout en admettant que la milice doit être partiellement désarmée au préalable,chose que le gouvernement a déjà accepté et ne peut refuser en vue des élections libres,crédibles et démocratiques. L’opposition n’aurait qu’à cesser les manifestations sa seule arme pacifique mais dissuasive finalement. Le pouvoir a mal calculé son coup du fameux mandat et sera perdant dans tous les cas de figure.L’usure de la manifestation et les violences policières ont sans aucun doute entamé la légitimité,la crédibilité et surtout la popularité du chef. »Tel est pris qui croyait prendre »,disait La Fontaine.

  5. Perhaps

    Peut-etre…..
    Interessant, lequel des deux journaux ecrits est le plus populaire? Le Journal Ndongozi (fonde par le pere de Kaburahe ) et le journal Iwacu (fonde par son fils Kaburahe Antoine…)? Je veux dire le journal qui est plus lu par nos « masses populaire ». … et qui contribuerait « a stopper l’effet de la rumeur sur la population ». Au fait, qui tire profit de la rumeur actuelle? Est-ce plus  » ceux qui veulent « gagner sans avoir raison… » ou ceux qui veulent distraire les burundais sur la question du 3 eme mandat en introduisant une notion de securite en danger pour qu’ils fuient et oublient le reste en bloc????
    Une partie « de cette rumeur » parle d’attaque simulees » sur les positions des policiers. Jours apres, des policiers sont attaques (et certains sont tues comme ca…). Et d’une facon surprenante, la police ne monte pas de « check-points » comme d’habitudes par ex durant les manif pour traquer les ennemis!!! Les militaires non plus ne sont pas appeles a aider la police a securiser le pays….. Mais, pendant la nuit, des tirs continuent et les grenades sont lances contre la population sans aucune inquietude de ceux qui nous gouvernent.

  6. Amurani

    Mais il y a aussi les médias qui sont des champions de la rumeur comme RPA. Les gens qui ont fui l’ont fait a cause des rumeurs des radios avant même qu’elles ne soient détruites.

    • B.T

      @Amurani
      Ton opinion est un rumeur, il faut etre un peu honnete. Les gens qui ont fui disent clairement que c’est soit a cause des imbonerakure qui les menacaient, soit la peur des probables consequences du 3 eme mandat. Personne ne dit qu’il l’a fui les rumeurs de la RPA ou autre radio. La preuve est que meme apres la mise en feu des memes radios que vous accusez a tort, les gens ont continue a fuir. La PAF qui dit etre deborde par les demandeurs des docs de voyages en est temoin, ceux qui fuient sans document non inclus. Le pouvoir avait depuis longtemps une dent contre les radios privees pour la simple raison qu’elles informent le public sur les dossiers louches et genant. Les assassins des soeurs italiennes devoiles par la RPA est un parmis d’autres qui a fait que le pouvoir cherche a faire disparaitre la RPA pour avoir oser parler les noms des segneurs du pays. La rapidite avec laquelle les radios privees ont ete brulees a surpris. Laissez la rumeur reigner dans le pays , c’est le choix de nos dirigeants. Mais la verite vaincra un jour .

      • Marisa

        Moi je dirais les SAIGNEURS du pays!!

    • bile

      ok ko R P Ayugaye babandanije bahunga canke baragarutse? juju.com

  7. RUGAMBA RUTAGANZWA

    Cher Mr Mbonimpa,
    Je partage entièrement votre opinion… !. Une des façons de combattre la rumeur c’est laisser les medias travailler afin de contrer cette dernière. Ceci ne semble pas être le cas dans notre pays pris en otage par une poignée de gens qui croient que le BURUNDI leur appartient et que les autres, nous autres qui n’avions aucune force armée pour imposer nos opinions, nous n’avons aucune contribution à faire sur l’avenir politique de notre patrie..! Au 21ème siècle, à l’ère d’Internet et des technologies de l’information et de la communication, ceci n’est plus acceptable. On ne peut plus se servir des prérogatives que le pouvoir vous donne pour imposer à son peuple son point de vue par la ruse, le mensonge, la tricherie et la force de la violence. . .. ! Quand on ferme la porte à tout dialogue, on récolte les malheurs pour son peuple… ! Voilà ce que nos populations vivent en ce moment… ! Je n’arrive toujours pas à croire qu’après tant de souffrances, qu’après tant de rivières de sang versé par les Burundais pour retrouver la paix après plus d’une décennie de guerre, un groupe de gens arrivé au pouvoir dans ce contexte, allait décider de tout remettre en cause en refusant l’alternance politique et en cherchant à confisquer seul le pouvoir du peuple en violant notamment les textes importants régissant notre pays ! Ce n’est pas juste, ce n’est pas acceptable, notre peuple qui a tant souffert de la violence mérite mieux que cela… !
    En ce qui concerne la rumeur, malheureusement, ce n’est pas à cause d’elle que des dizaines de milliers de gens fuient notre pays! En écoutant les medias libres, en lisant les rapports des organisations internationales dont le HCR qui interrogent les réfugiés, on comprend que nos paysans ne quittent pas leurs collines de gaité de cœur pour aller mourir de faim, de choléra et de toutes sortes d’intempérie en Tanzanie et ailleurs à cause des rumeurs… ! Nos braves paysans fuient essentiellement les menaces verbales mais aussi physiques de la jeunesse du parti au pouvoir, les fameux Imbonerakure dont l’organisation ressemble à s’y méprendre à celle des Interahamwe de sinistres mémoires. Ce n’est d’ailleurs pas pour rien que que les NU les qualifient de milices. Nos paysans fuient à cause de la peur car ils voient les Imbonerakure s’entrainer et se balader la nuit, kalachnikov en bandoulières sans être inquiétés alors que nous avons les forces nationales de défense et de sécurité qui seules ont le droit d’être armées…! Pourquoi le pouvoir se tait devant les allégations qui fusent de partout à propos de sa milice ? Mystère… ! Que faire, si ce n’est que fuir, quand la nuit des gens armés en tenue de policiers viennent tirer sans aucune raison et jeter des grenades dans votre propriété ? Oui, Mr Mbonimpa, les medias doivent être réouverts. Les journalistes doivent travailler en toute quiétude, pas la peur au ventre comme ceux d’i Wacu, par la plume du brave A.KABURAHE, l’ont récemment rapporté. Malheureusement, les pouvoirs totalitaires utilisent souvent la force pour faire taire les medias indépendants car ils préfèrent toujours travailler dans l’ombre, à l’abri des yeux et des oreilles indiscrets sauf que ceci n’est plus possible à l’ère d’internet, des technologies de l’information et de la communication. Les liens ci-dessous corroborent mes propos. Merci d’y jeter un coup d’œil si vous ne l’avez pas encore fait… !
    http://afrikarabia.com/wordpress/burundi-comment-nkurunziza-cherche-a-provoquer-un-affrontement-hutu-tutsi/
    http://www.ohchr.org/FR/NewsEvents/Pages/DisplayNews.aspx?NewsID=16059&LangID=F

  8. Gondwanais Lamda

    Dans notre pays, la verité peut faire beaucoup de tord à ceux qui veulent enterrer la liberté d’expression donc la démocratie. Il appartient à routes les filled et Fils du pays de Mwezi et Ntare d’unir routes nos forces pour saucer la patrie. La reouverture des radios privées ne devait faire l’objet d’aucune négociation ou restriction. Reka ukuri kwiganze yemwe. Que Dieu protège notre pays.

  9. Jambo

    Très belle analyse Mr Melchior Mbonimpa.Le journal Iwacu »la petite espérance » fait un travail remarquable et ce dans dans des conditions difficiles mais n’est malheureusement pas accessible à toute la population surtout celle de l’intérieur du pays.
    La mobilisation est plus que nécessaire pour le rétablissement des radios et médias privées sans conditions .A bas la rumeur!!!

  10. MINANI

    De l’Espoir: OUI. Cette analyse vient de nous prouver qu’on a encore des hommes sages. Une réflexion sans parti pris. Contrairement aux élucubrations des pseudo experts improvisés pour le besoin de la cause qui inondent certains médias. Sur ce niveau, Iwacu a quand même essayé d’être au dessus de la mêlée autant qu’il le pouvait. BRAVO ENCORE. Tôt ou tard, vous serez médaillés pour votre louable travail pendant la crise que traverse notre pays.

  11. KABADUGARITSE

    Wavuga n’uko utagira uwukwumviriza.-

  12. Theus Nahaga

    Mr Mbonimpa,
    La rumeur vient de partout, personne n’en posséde le monopole. Ici s’arrête ma neutralité. Je dois dire sans détour de langange que seul le pouvoir en place (le gouvernement de Nkurunziza) et sa police ont la capacité de museler les médias indépendants. La neutralité qui voudrait qu’on cesse de nommer un chat un chat risque de faire le jeu de ce pouvoir, voire même de devenir complice de ce pouvoir.
    Les enfants qui meurent parce que les gens ont choisi la fuite sont aussi victime du pouvoir en place qui ne fait rien pour préserver la paix civile. Nkurunziza et sa clique sont bien responsables de ces fuites. Personne ne part de gaité de coeur, les gens partent parce qu’ils ont peur, parce qu’il se sentent menacer dans leur vie, parce qu’il sentent que le gouvernement ne fera rien pour empêcher leur mise á mort, parce qu’ils ont le sentiment que le gouvernement en sous-main aiguise les machettes. Je rappellerais les evêques catholiques qui ont pour une fois abandonné les crconvolution diplomatique pour dire clairement leur opposition à la candidature de Nkurunziza à un troisième mandat. Le gouvernement de Nkurunziza se dérésponsabilise de sa population qui prend la fuite et in fine légitime du même coup les raisons qui ont provoqué cette fuite. Je dirais même que ces fuite font le jeu du gouvernement de Nkurunziza.
    Pour finir, je vous le dis comme je le sens, le gouvernement de Nkurunziza en rendant caduc les accords d’Arusha choisit de tuer les Burundais. Ca sera par les Imbonerakure ou par la famine. Ne pas le dire, ne pas le dénoncer pour garder je ne sais quel semblant de neutralité risque de nous revenir en face comme une complicité d’une manoeuvre criminelle. La neutralité sur ce qui se passe au Burundi aujourd’hui est un luxe qui risque d’envoyer des gens à la mort.

  13. GIRUKURI

    Je veux croire à la bonne foi de M. Mbonimpa, mais son raisonnement me semble trop rapide, et donc peut-être aussi dangereux que les dérives qu’il dénonce à juste titre. Pourquoi opposer ceux qui ont « trouvé le salut dans la fuite » et ceux qui restent « sur le terrain »? Les uns et les autres ont célébré ensemble la journée internationale de la liberté de la presse dans l’enceinte d’Iwacu le 3 mai dernier, un bandeau noir sur la bouche. Les uns ont vu leurs installations détruites, Iwacu a été heureusement épargné. Espérons que les uns et les autres puissent recommencer à lutter ensemble contre les rumeurs mortelles, mais cela dépend d’abord du pouvoir qui semble préférer de fausses élections à une vraie démocratie et à la réouverture des médias indépendants.

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