Rose Ndihoreye est dans la tourmente après de multiples plaintes de citoyens. Le gouverneur de Cibitoke est déjà saisi. Celui-ci attend les enquêtes des experts du département des finances communales.
<doc7249|left>Les habitants de la commune de Murwi n’en reviennent pas : « La gestion de notre commune est obscure. D’ailleurs, elle n’occupe que la 116ème place (sur 129) des communes burundaises concernant la corruption», déplore Samuel Uwasavyimana de la colline Mahande. Certains habitants accusent l’administratrice communale d’avoir vendu les arbres des collines Ngoma, Mahande, Buhayira au lieu de s’occuper du développement de la commune.
D’autres reprochent à Rose Ndihoreye d’avoir détourné l’aide du FONIC (Fonds National d’Investissement Communal) pour la construction de l’école fondamentale de Bambo: « L’administratrice Ndihoreye a attribué le marché à son mari. » Selon les dires de cette population, les matériaux de construction et les tôles fournies ont été utilisés pour la construction de sa maison au chef-lieu de la province Cibitoke. Il est vrai qu’on est encore loin de ce que l’on appelle une école : les murs d’à peine trois salles de classe sont érigés et il n’y a ni charpente, ni fenêtres.
Ces habitants reprochent également à l’administratrice d’avoir détourné des contributions de la population pour l’école primaire de Kiryama. « Nos enfants étudient dans des conditions déplorables », dénonce Venant Bucumi, un habitant de Mahande.
Le gouverneur tenu au courant
Dans la correspondance adressée au gouverneur de Cibitoke le 13 décembre 2012, six maçons, qui ont construit l’école fondamentale de Bambo, expriment leur colère: « Nous n’avons pas été payés depuis 2011. » Et de demander au gouverneur d’user de son pouvoir pour que l’administratrice débloque leurs salaires.
Le lendemain, le 14 décembre donc, Magnus Bavumiragiye, un habitant de Murwi, a adressé une autre correspondance au gouverneur lui demandant de l’aider à recouvrer plus de deux millions de nos francs que lui doit l’administrateur. « J’ai fourni 105.000 briques cuites à raison de 24 Fbu chacune, mais je n’ai reçu que 300.000Fbu. »
L’inspection provinciale des Finances monte au créneau
Le rapport daté du 15 janvier 2013, signé par Jean Claude Rindi, inspecteur provincial des finances communales, relève également plusieurs manquements de l’administratrice. Selon ce rapport, le secrétaire communal effectue des perceptions qu’il gère à sa guise avec la bénédiction de l’administratrice. Ce rapport, dont Iwacu s’est procuré une copie, indique qu’aucun procès verbal de réunion hebdomadaire ou trimestrielle n’est disponible de 2011 à décembre 2012. De plus, elle outrepasserait ses pouvoirs : « Avant d’autoriser une dépense, poursuit le document, l’administrateur ne consulte pas le comptable.»
Curieusement, constate l’inspecteur provincial des finances communales, l’administratrice de Murwi effectue les paiements sans présenter les pièces justificatives. Le rapport des finances communales évoque également les financements du projet PRADECS (Projet d’appui au développement communautaire et social) gérés par Rose Ndihoreye sans produire de bilan. Concernant les financements du FONIC, le rapport accuse l’administratrice de ne jamais fournir de pièces comptables.
Augustin Mpanamigabo, comptable communal, affirme avoir dénoncé toutes ces irrégularités, mais a été suspendu par l’administratrice le 11 janvier 2013. Dans sa correspondance du 16 janvier au gouverneur, le comptable communal lui demande de le rétablir dans ses fonctions.
Pourquoi est-elle alors toujours en place ? Certains habitants de Murwi révèlent que leur administratrice bénéficierait d’un soutien de certains cadres du parti au pouvoir de Cibitoke. Par ailleurs, Anselme Nsabimana, gouverneur de la province Cibitoke, affirme avoir commandité un travail d’inspection pour des éclaircissements sur la gestion administrative et financière de Murwi : « Nous avons transmis le rapport au département des finances communales à Bujumbura. » Une éventuelle sanction interviendrait uniquement à l’issue de ces enquêtes.
Nous n’avons pas pu joindre Jésus-Mairie, directeur des opérations au FONIC.
Rose Ndihoreye, administratrice de la commune, avait promis à Iwacu de s’exprimer après la réunion de ce mardi. En vain.