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Société

L’adieu à « Ladi »

15/04/2018 Commentaires fermés sur L’adieu à « Ladi »
L’adieu à « Ladi »
De gauche à droite: Inge, la mère des deux garçons aînés de Ladislas, Jasper et Jonathan. La petite Cindy aux côtés de sa mère, Françoise, serre le portrait de son papa. Une famille qui partage la même douleur. (photo Jeff D.)

Douleur. Dignité. Solidarité. Ces trois mots peuvent résumer les funérailles ce samedi de Ladislas Bizindavyi, une figure connue et respectée de la communauté burundaise d’Anvers.

La douleur, car il faut dire que « Ladi », comme on l’appelait affectueusement, est décédé de manière inopinée le 3 avril dernier.

La dignité. Celle de sa famille d’abord. Inge, la mère de Jasper et Jonathan, les deux garçons issus de sa première union, tient la main de la maman de la petite Cindy.

Deux mamans qui partagent la même douleur. Leurs enfants qui s’embrassent. Une famille colorée, ouverte sur le monde. « Ladi » était un homme d’ouverture et comptait des amis de toutes les nationalités.

Polyglotte, « Ladi » parlait parfaitement le russe, l’anglais et le néerlandais . Formé par les Jésuites au Collège du Saint-Esprit de Bujumbura, il avait décroché un diplôme en médecine vétérinaire en Russie, puis une spécialisation en médecine tropicale vétérinaire à Anvers où il avait soutenu une brillante étude sur « la réponse immune de deux races de moutons (Suffolk et Voskop) et leur résistance naturelle à l’infection expérimentale par Haemonchus contortus »(Ne me demandez pas ce que c’est).

« Ladi » était brillant, c’est un fait. Mais il était aussi courageux. Comme le dira son fils Jonathan, « Ladi » n’a pas eu la possibilité d’exercer son métier de vétérinaire en Belgique, mais il ne va pas se laisser abattre.

Il va travailler de nombreuses années pour la ville d’Anvers au PINA (Project integratie nieuwkomers antwerpen), un programme destiné aux nouveaux arrivants. Son don des langues et son contact humain facile sont très appréciés.

Toujours disponible, très sociable, Ladislas était membre du club de Basket, mais aussi très actif au sein du Cades, le Club anversois de détente et solidarité.

Dès l’annonce de son décès, le Cades s’est mobilisé pour soutenir sa famille et pour lui offrir des funérailles dignes.

L’église était pleine pour rendre un dernier hommage à Ladislas Bizindavyi

Ce samedi, tous les membres du Cades étaient là. Les femmes, tristes mais altières dans leurs « Imvutano ». L’église «  Onze Lieve Vrouw Middelars » à Berchem est pleine. Une messe solennelle en Kirundi, ponctuée de chants de la chorale des Burundais d’Anvers est célébrée.

A la fin, une impressionnante procession de centaines de personnes s’ébranle vers le cimetière de Berchem.

Les cérémonies sont clôturées par une rencontre autour d’un verre avec des discours sobres et forts. Dans son mot d’adieu, le représentant de la communauté des Burundais d’Anvers a rappelé combien il était difficile de résumer la vie d’un homme «  entier , plein » comme Ladislas.

« A l’heure de ton départ dans l’au-delà, il nous reste des milliers de souvenirs de toi pour alimenter chacun de nos jours jusqu’à l’heure de notre mort », dira-t-il.

« Ladi » est parti, mais la pétillante Cindy, 11 ans, nous rappellera toujours la joie de vivre de son papa. Jasper, son fils aîné, très calme et brillant comme lui, prépare déjà une thèse de doctorat en science. Le très souriant Jonathan a promis de « reprendre la place de papa dans le club de basket des Burundais d’Anvers ». En fait, « Ladi » continuera de vivre avec nous à travers ses enfants, nos enfants…

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