Au-delà des tensions entre la société civile et le gouvernement burundais, les lecteurs d’Iwacu continuent d’apporter leurs regards sur la situation que traverse notre pays. En voici deux, en écho.
Par Hogi
le Burundi n’est encore qu’une démocratie « naissante », dont de nombreux volets sont encore à leurs balbutiements. nombreux sont ceux qui voudraient que – sans que tout soit parfait, certes – notre pays fonctionne comme une démocratie mûre.
cela est évidemment impossible pour le moment et la vérité est même encore plus cruelle : de nombreux avancés seront encore menacés pendant un certain temps et même remis en question. ce n’est que normal et ces échecs n’en sont pas en réalité.
si le gouvernement semble plus dure c’est bien parce qu’il n’est plus tout puissant, si nous avons connaissances de plus en plus de scandales, ce n’est pas qu’il y en a plus qu’avant (toute proportion gardée) c’est juste que les médias sont plus libres et plus performants, les dénonciations plus nombreuses ;
si les lamentations nous semblent plus nombreuses, c’est que la population est de plus en plus consciente de son droit d’exiger ; si même les magistrats se mettent à grever et à aller en prison, c’est que l’indépendance de la magistrature est déjà en marche maintenant. Le gouvernement en veut à la société civile et aux médias, il les rencontre et aucun consensus n’en sort… ce n’est pas un échec du tout, le gouvernement, même sans le faire exprès, les a traités d’égal à égal.
d’aucun me trouveront trop optimiste, voire naïf. ce n’est pas grave, je ne cherche aucune gloire, je ne suis qu’un anonyme après tout. des morts, il y en aura encore beaucoup, des emprisonnements arbitraires, des calomnies, des trahisons.. une vrai démocratie ça coûte très cher à une société, nous sommes entrain d’en payer le prix, et un jour prochain, le pays des Bashingatahe se remettra debout !
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Par Démocrate
M. Hogi, excellente analyse. Votre sincérité touche mon cœur. Il fait bon d’entendre un démocrate convaincu, qui n’utilise pas les arguments traditionnels simplistes, tel que l’ethnisme, régionalisme, etc.
Je vous reproche néanmoins votre pessimisme et votre fatalisme. Quand vous affirmez » des morts, il y en aura encore beaucoup, des emprisonnements arbitraires, des calomnies, des trahisons.. une vrai démocratie ça coûte très cher à une société, nous sommes entrain d’en payer le prix », ma question est la suivante : est ce qu’on a pas encore payé suffisamment ?? 15 ans de guerre (officiellement), des massacres répétés, etc..
Qu’est ce que le Burundi a fait pour que en 2013, on atteindra 20 ans en étant dans la guerre civile. Ce n’est pas un prix juste ?? Vous êtes peut être parmi ceux qui disent : « En occident, la démocratie ça a pris 200ans, alors pour nous les noirs, incapable que nous sommes, je vous laisse deviner la réponse ».
Non Mr Hogi, le Burundi mérite mieux, ce que la plupart regrette ici, c’est qu’un pouvoir issu d’une rébellion puisse gâcher cette rencontre avec l’histoire. On avait l’impression ou l’illusion que le Burundi était sur le droit chemin, quand l’on avait une opposition, un parlement qui contrôlait le gouvernement. On osait pas croire, qu’après les élections réussi de 1993 et 2005, en 2010, le pouvoir commettrait l’irréparable, en créant un précédent. C’est ce sentiment de rendez-vous manqué avec l’histoire, à cause d’individus qui ne sont pas si nombreux que ça, qui a du mal à passer. Sinon, le Burundi a assez payé, la classe politique burundaise, n’est pas parfaite, mais vraiment mure pour une confrontation des idées pour autant que le cadre s’y prête. Je ne partage pas les opinions des partis d’opposition y compris l’Uprona, mais quand j’entends certains de nos politiciens (nyangoma, léonce, sinduhije, manwangari, etc…), je me dis que l’on est pas si immature que l’on veut nous le faire croire.
Quand j’écoute les média, la société civile, etc.. je me dis qu’il manque d’un tout petit peu pour créer un système politique stable garantissant l’équité, et après on décollera sans doute.