Le sujet, qui a dominé la partie du club de la presse réservée à l’exercice de la profession journalistique, avait trait, la semaine dernière, à l’accès encore problématique aux sources d’information, alors que c’est un droit reconnu par la Constitution et la loi sur la presse.
Des citoyens ont été inquiétés par le pouvoir, ces derniers temps, à Bubanza et Ngozi pour avoir répondu aux sollicitations des médias suite à des informations faisant état de la présence d’individus en armes dans certaines localités du pays, comme la Kibira.
De l’avis de Bob Rugurika, rédacteur en chef de la radio publique africaine(RPA), cela relève simplement d’un manque de culture démocratique.
Quant à Marie Soleil, professeur de journalisme à l’Université libre de Bruxelles, elle a trouvé que cette question ne relève même pas de la liberté de la presse, mais du simple droit constitutionnel de s’exprimer librement. Et d’ajouter : « C’est une atteinte au droit constitutionnel que de vouloir empêcher les gens de parler et les médias de rapporter les faits, surtout quand ils sont avérés. » Chez elle, en Belgique, depuis 2005, une nouvelle loi sur la protection des sources a été votée et va jusqu’à interdire des investigations pour identifier des témoignages anonymes. Cela a rassuré, a-t-elle encore témoigné, les citoyens qui commençaient à refuser de s’exprimer à visage découvert.
Pour sa part, Simon Kururu, consultant en communication, a également rappelé que la loi fondamentale du pays reconnaît la liberté d’expression à tous les citoyens. Cependant, eu égard à l’environnement sociopolitique, le journaliste doit pouvoir protéger sa source. On peut retranscrire l’information sans passer directement le son. Dans des situations délicates, on peut encore flouter le son et maquiller le visage, toujours dans le but de protéger les sources d’information.
Christian Bigirimana, reporter au journal Iwacu, a estimé que les gens commencent à rechigner à donner une information. Il considère que c’est, à ce moment là, que la démocratie est en péril. « C’est notre métier qui est aussi en danger à force d’intimider les sources d’information. Une telle attitude est contreproductive pour le pouvoir », a-t-il soutenu.
« Dans l’exercice de leur profession, les journalistes et les médias jouissent d’un certain nombre de droits qui visent à conforter la liberté de la presse. Parmi ces droits figurent celui à l’information, la clause de conscience, la protection des sources et le droit à une aide publique de l’Etat », peut-on encore lire dans un ouvrage de Me Gérard Ntahe qui passe en revue les textes juridiques et déontologiques régissant les médias au Burundi (Pge 12).