Lundi 4 mars, la représentation onusienne au Burundi annonce, dans un communiqué, la fermeture du bureau du Haut-Commissariat des Nations unies aux droits de l’Homme au Burundi, OHCDH-Burundi, « devenue effective le 28 février. » Moult réactions ont suivi. Pour Gitega, cette agence onusienne n’avait plus raison d’être. Quand elle a ouvert ses portes en 1995, le pays était à feu et à sang, au plus fort de la guerre civile. Le pays maintenant est paisible. Pour ses détracteurs, c’est une façon de se débarrasser d’un témoin gênant qui tenait mordicus à dénoncer les abus du pouvoir. Michelle Bachelet, haut-commissaire des droits de l’Homme, regrette « profondément » cette décision.
Les relations entre le pouvoir en place et le bureau de l’OHCDH-Burundi ont commencé à se détériorer depuis la crise de 2015. Les rapports que les commissions d’enquête sur le Burundi présentaient devant le Conseil des droits de l’Homme ont toujours été décriés par Bujumbura. Les commissions Fatsah Ouguergouz et Doudou Diène dénonçaient les violations des droits de l’Homme. Notamment les exécutions extrajudiciaires, les disparitions forcées, les actes de torture, les arrestations et les détentions arbitraires visant des opposants.
Certains responsables administratifs et militaires ont été cités. Des rapports que Bujumbura qualifiait de biaisés, subjectifs, concoctés par des « caisses de résonnance des forces négatives. » Pour Gitega le bureau du Haut-Commissariat des Nations unies aux droits de l’homme n’a jamais dénoncé officiellement le contenu de ces « diatribes qui visaient à remettre en cause les acquis de l’indépendance et de la souveraineté du peuple burundais. »Par ailleurs, les commissions étaient accusées de fermer les yeux sciemment aux abus perpétrés par certains opposants au régime de Bujumbura.
Mais alors, fermer le bureau, est-ce une solution ? Au-delà de sa mission principale d’œuvrer à la protection de tous les droits de l’Homme pour toutes les personnes, le bureau du Haut-Commissariat des Nations Unies aux droits de l’Homme au Burundi contribuait dans d’autres domaines. Il travaillait notamment avec les tribunaux, la société civile, certaines institutions nationales de protection des droits de l’homme.
La fermeture définitive arrive quelques jours après la mise en place de la nouvelle équipe de la Commission Nationale Indépendante des Droits de l’Homme au Burundi. J’ose espérer que cette dernière sera réellement autonome, affranchie et surtout active pour combler le vide qu’occasionnerait cette fermeture. Surtout qu’il y a souhait d’une autre forme de collaboration entre le Haut-Commissariat des Nations Unies aux droits de l’Homme et le gouvernement burundais. Cette fermeture est l’aboutissement d’un très long bras de fer.