Au cours d’un café de presse organisé samedi le 17 février au Lycée du Saint Esprit, l’Association Burundaise des Anciens élèves des Jésuites (ABAJ), a procédé au lancement de l’année dédiée au Lycée. Les anciens élèves ne tarissent pas d’éloges quant à la formation intellectuelle, humaine et spirituelle reçue à cette école.
La célébration de la journée du lycée est prévue au mois d’août 2024 sous le thème : « Vers l’avenir de l’éducation jésuite au Burundi, partageons notre histoire, inspirons le futur ». Elle réunira les anciens du Collège du Saint Esprit, ceux du Lycée Kamenge et du Lycée du Saint Esprit.
Dans son mot de bienvenu, P. Thierry Manirambona, Recteur du Lycée du Saint Esprit, a remercié l’ABAJ pour sa générosité tout en relatant ce qui a été récemment accompli par cette association.
Il s’agit, a-t-il fait savoir, d’un don de 22 millions BIF qui était destiné au projet de rénovation de la grande salle qui va coûter à peu près 400 millions BIF.
Et d’ajouter que la sonorisation toute neuve a été achetée grâce au don de l’ABAJ sans oublier la construction d’un podium et d’une cantine scolaire. « Tout cela est le fruit des efforts des anciens élèves », s’est réjoui Père Manirambona.
Il a informé que les anciens du Collège du Saint Esprit de Kiriri, ceux du Lycée de Kamenge et du Lycée du Saint Esprit de Gihosha oscillent, aujourd’hui, autour de 5500 élèves.
De son côté, Mireille Ndayitwayeko, Présidente de l’ABAJ, a précisé que la célébration de la journée sera une occasion de rassembler les anciens élèves autour d’un idéal commun.
« L’année du lycée est une occasion pour les anciens du Collège du Saint Esprit, ceux du Lycée Kamenge et du Lycée du Saint Esprit de revenir à leur ancienne école pour contribuer à son avancement afin de permettre aux générations futures de bénéficier des enseignements leur inculqués par cette institution emblématique », a-t-elle indiqué.
Pour elle, l’événement qui va réunir les anciens élèves autour de l’héritage commun s’annonce comme une journée inoubliable et un engagement pour l’avenir.
Quid des objectifs de la célébration de l’année du Lycée ?
Selon Mme Ndayitwayeko, l’ABAJ cherche à mobiliser les anciens élèves des Jésuites en leur offrant cette opportunité unique de se retrouver, et de partager les expériences vécues au Collège du Saint Esprit, au Lycée Kamenge, au Lycée du Saint Esprit.
Ce rassemblement permettra de renforcer les liens entre les anciens et célébrer l’importance de cette institution légendaire dans leur vie.
Et de préciser que cette journée sera une occasion pour le Lycée du Saint Esprit de présenter ses projets de développement actuels et futurs.
« A travers les présentations et les échanges, l’école partagera sa vision pour l’avenir et sollicitera un soutien financier de ses anciens élèves pour concrétiser ses projets », a-t-elle ajouté.
L’objectif étant, a-t-elle insisté, de créer un pont solide entre les générations passées et futures assumant l’importance de l’héritage reçu de l’éducation ignacienne.
Elle a annoncé que la célébration de l’année du lycée sera riche d’une variété d’activités captivantes pour satisfaire le goût de tous les participants.
« Des sessions de réseautage professionnel permettront aux anciens de renforcer leur connexion dans le monde professionnel tandis que les visites guidées raviveront les souvenirs dans les couloirs oubliés du lycée », a-t-elle renchéri. Elle a invité tous les anciens élèves à participer massivement à cette journée et à s’investir pour que les objectifs fixés soient atteints.
Des témoignages enrichissants
Au cours du lancement de la journée, les participants ont eu à écouter les bons souvenirs et les bienfaits que les anciens gardent de leur ancienne école sur le plan éducatif et spirituel.
« Ce que j’ai retenu de l’éducation des Jésuites, je dirai, en un mot, la curiosité. C’est la curiosité qui m’a formé. J’aime la lecture et j’ai lu. En seconde et première, nous avions quelques journaux. Je me souviens qu’on avait la Sélection hebdomadaire du Journal le Monde », a témoigné Albert Muganga, un septuagénaire et ancien du Collège du Saint Esprit.
Cet ancien ministre raconte pourquoi il a choisi de faire les études d’économie à l’Université à la fin des humanités. « A cette époque, la Sélection hebdomadaire du Journal le Monde venait chaque semaine et je le lisais. Je tombe sur des choses qui me touchent où le Général De Gaules, qui était Président de la France, contestait la suprématie du dollar sur d’autres monnaies. Je lisais, mais je ne comprenais rien », avant d’ajouter : « Quand tu reconnais que tu ne sais rien, tu apprends. Je me suis dit, il faut que je comprenne ces choses-là sans savoir ce que j’allais apprendre. C’est comme ça qu’après les humanités, j’ai choisi de faire l’économie. J’ai fait deux ans ici au Burundi et deux ans à l’Université Catholique de Louvain, en Belgique ».
De son retour des études en Belgique, raconte-t-il, on lui propose un poste de directeur qu’on venait de créer au ministère de l’Economie, département du commerce extérieur. Un poste, tient-il à préciser, qui n’avait jamais existé.
« J’ai gentiment refusé le poste. J’ai préféré aller à la banque centrale pour un poste moins important mais où je pouvais apprendre auprès de ceux qui avaient déjà acquis de l’expérience », a-t-il dit.
Et d’informer qu’après, il a occupé successivement les postes de vice-recteur de l’Université du Burundi, de ministre des affaires étrangères et de ministre du commerce et de l’industrie.
« Je dois tout cela à la culture que j’ai acquise chez les Jésuites », a-t-il reconnu, tout en terminant son témoignage par une formule tirée de la pensée des autres : « Cette idéologie humaniste de confiance en l’homme et foi en Dieu que la compagnie de Jésus nous a apportée soit soutenue et développée pour la plus grande gloire de Dieu et pour le progrès des sciences et des belles lettres ».
De la générosité des Jésuites
« L’éducation jésuite c’est une bonne formation intellectuelle, humaine et spirituelle. Un corps sain dans un esprit saint », a témoigné Ginette Karirekinyana, ancienne élève du Lycée du Saint Esprit. Elle dit avoir expérimenté pour la première fois la vie à l’externat lorsqu’elle fréquentait ce lycée.
Par ailleurs, a-t-elle fait savoir, son expérience ne s’est pas limitée sur la formation intellectuelle mais aussi et surtout sur la formation spirituelle. « C’est de mon temps, et pour la première fois, qu’on a créé le groupe vocationnel. Le groupe vocationnel qui a donné lieu à des vocations religieuses »
Elle dit avoir appris à chanter en anglais tout en précisant que les valeurs du Saint Esprit étaient transmises à travers les chansons.
« L’autre expérience est que le préfet de discipline d’alors était sévère avec les retards et moi j’étais retardataire parce que je venais de loin et à pieds. J’ai appris que la ponctualité est une marque de respect pour les autres. J’en garde un bon souvenir », a-t-elle reconnu.
Cette ancienne élève du Lycée du Saint Esprit ne tarit pas d’éloges à l’endroit des Jésuites. Elle reconnaît avoir terminé son cursus universitaire grâce à l’intervention des Jésuites.
Elle a fréquenté les universités tenues par les Jésuites en commençant au Cameroun à l’université catholique d’Afrique centrale (UCAC) où elle a fait la philosophie, au Liban, à l’université Saint Joseph de Beyrouth jusqu’au Canada. Elle en sort avec un doctorat en philosophie. Son rêve est de transformer le monde.
« Il a fallu que je vive de cette philosophie dans ma vie professionnelle. J’ai embrassé l’entreprenariat en créant une ONG au Canada pour transformer le monde. Par après, je suis revenue au Burundi pour y exécuter mes projets », a-t-elle raconté.
Cette femme activiste dans l’entrepreneuriat au Burundi est vice-présidente de la Chambre fédérale du commerce et d’industrie du Burundi. Elle milite aussi pour la protection de l’environnement et est prête à collaborer avec d’autres intervenants.
Quid des grands projets du Lycée ?
Marion Bodin, responsable du bureau de développement du Lycée du Saint Esprit, a fait savoir que cet établissement scolaire compte réaliser trois grands projets.
Il s’agit de sa réhabilitation au niveau des infrastructures, de la protection de l’environnement et la pérennisation de l’esprit d’excellence.
Par ailleurs, elle a énuméré des projets déjà réalisés dont la réhabilitation de la salle polyvalente dont les travaux sont presque terminés, et un terrain de basket-ball. Il s’agit aussi de la réhabilitation des sanitaires qui a permis d’éviter considérablement le gaspillage de l’eau.
En outre, a-t-elle ajouté, il y a la connexion internet qui n’était pas effective sur tous les blocs. Et de préciser que maintenant tous les blocs ont la connexion internet avec l’amélioration du débit. Un projet qui a été financé par la promotion 1997 du Lycée du Saint Esprit.
Enfin, il s’agit du remplacement de toutes les moustiquaires du cycle inférieur, la réparation de 270 chaises et l’achat de 8 ordinateurs qui vont servir pour l’économat, la bibliothèque et la comptabilité et la salle des professeurs.
Des projets à venir
Marion Bodin a évoqué l’installation d’un système de canalisation et de récupération des eaux pluviales. Selon elle, ces eaux sont de plus en plus fortes et causent beaucoup de dégâts tout en faisant remarquer que la mauvaise canalisation détruit le sol et compromet les infrastructures du Lycée. Ce projet demande un budget de 26815000 BIF.
Elle a aussi parlé de la réhabilitation et la construction de nouveaux blocs sanitaires pour les filles. Le coût de ce projet est estimé à 40840000 BIF.
La Responsable du bureau de développement du Lycée a aussi parlé de la nécessité d’optimiser l’utilisation de l’outil informatique. « Il faut qu’on prépare les élèves aux universités et à la vie professionnelle qui nécessite la maîtrise de l’outil informatique. Il y a une liste de logiciels pour préparer les élèves », a-t-elle fait observer.
Par ailleurs, Mme Marion Bodin a évoqué la rénovation de tous les terrains de sport. Des terrains qui, selon elle, pourront être loués et servir pour une source de revenus fiables pour le lycée. Le budget de ce projet est de 192060050 BIF.
En outre, a-t-elle poursuivi, il s’agit de la réparation du matériel scolaire. « Nous avons récupéré 716 chaises qu’il faut réparer avec un budget de 28000000 BIF », a-t-elle précisé.
Enfin, a-t-elle fait savoir, il y a la modernisation de la salle audio pour qu’elle puisse accueillir différents événements avec un budget de 2460000 BIF.
De l’historique du Lycée du Saint Esprit
Selon Thierry Manirambona, l’idée de création du Collège du Saint Esprit commence à Gatagara, au Rwanda. « Le roi Mutara III Rudahigwa désirait la présence des Jésuites au Rwanda. On a d’abord construit à Gatagara. Plus tard, l’école va déménager à Nyakibanda (là où se trouve le grand séminaire) et puis au groupe scolaire de Butare », a-t-il informé.
Après, a-t-il fait savoir, il y a eu création du Collège interracial qui a été implanté à Kiriri à Bujumbura les années 1953. Et de préciser que les premiers lauréats formés par les Jésuites à Nyakibanda au Rwanda sont arrivés à Bujumbura en 1955.
Pour Père Manirambona, le Collège à Bujumbura est le fruit du travail et de la générosité des pères jésuites mais aussi des partenaires et collaborateurs des Jésuites.
Des hommes et des femmes qui ont donné du temps, de l’énergie, de l’amitié pour penser l’éducation, pour encadrer les élèves, pour construire et les âmes et les bâtiments. Et de conclure : Puisse cette générosité caractériser les générations actuelles.
Que l’esprit d’’excellence et les valeurs d’intégrité restent le leitmotiv de l’e enseignement holistique du Lycée du Saint Esprit.
Que Dieu bénisse tous ceux qui se sont donnés corps et âme depuis sa création jusqu’aujourd’hui.