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La virginité a-t-elle toujours la cote ?

05/05/2013 Commentaires fermés sur La virginité a-t-elle toujours la cote ?

Valeur intemporelle pour les uns, surannée pour les autres. Pour le sociologue Paul Nkunzimana, c’est une valeur résiduelle liée à la société patriarcale.

<img7394|left>«Auparavant, c’est la virginité qui donnait de la valeur à une fille. Tout le reste était secondaire. Les parents, les proches, les voisins, devaient prodiguer des conseils aux jeunes filles afin qu’elles préservent leur virginité » affirme Lidwine Nyamushirwa, traditionaliste. Car, poursuit-elle, celles qui avaient été déflorées étaient considérées comme des {ibihunda} (les feuilles séchées des bananes) sans aucune morale, bonnes à être répudiées.

Elle raconte qu’après les cérémonies de mariage, les parents du jeune marié et ses tantes devaient donner des vaches, signe que la jeune femme était encore vierge. Par contre, celle qui était déjà déflorée, c’était le déshonneur pour sa famille et son époux, car elle ne recevait rien en retour.

« La perte de la virginité accentue l’infidélité »

« La société burundaise perd ses valeurs. L’arrivée des télévisions a empiré les choses. Vu les images de sexe qu’on montre dans les émissions ou les films, comment voulez-vous que nos enfants réagissent ? », Lidwine Nyamushirwa. En outre, elle considère le fait d’apprendre aux enfants de l’école
primaire l’utilisation du préservatif comme une incitation à avoir des relations sexuelles. Selon elle, le nombre d’enfants conçus hors mariage et celui de grossesses en milieu scolaire en témoignent. Par ailleurs, elle estime que la perte de cette valeur a accentué l’infidélité dans les couples, car les conjoints sont désormais guidés par les pulsions sexuelles.

C’est aussi l’avis de Nadia N. « La virginité, c’est le plus beau cadeau que tu puisses offrir à ton mari », souligne-t-elle. Elle est convaincue que le conjoint te respectera pour cela.

« L’amour ne se résume pas aux relations sexuelles »

Pour Melyse B., une étudiante de 25 ans, l’époque de nos grands-mères est révolue : « La virginité ne signifie pas que ton mariage sera une réussite. Tu peux être vierge et avoir un mari volage. Dans ce cas, que feras-tu ? » Pour elle, si une fille veut rester vierge jusqu’à son mariage, c’est une bonne chose. Et d’ajouter que celle qui a déjà eu des relations sexuelles n’est pas condamnable car elle peut devenir une bonne épouse et une mère exemplaire.

Jean Pierre Banzubaze, quadragénaire, a un triste souvenir de la « première fois » qu’il a dépucelé une fille : « Elle a tellement souffert que le côté romantique a été complètement oublié. » Pour lui, la virginité n’a pas d’importance pour qu’une relation entre deux personnes réussisse. Et d’insister sur le fait que la fidélité et l’amour ne se résument pas aux relations sexuelles sans pour autant nier leur importance. En outre, il se dit moderne et ne comprend pas l’hypocrisie de certains hommes qui s’offusquent de la perte de la virginité chez les filles alors qu’eux ont des relations sexuelles.
Quant à Idrissa Nduwayo, trentenaire, il est hors de question qu’un homme qui a eu des relations sexuelles avec d’autres filles n’a pas le droit d’exiger que sa femme soit vierge.

Le sociologue Paul Nkunzimana affirme que la virginité avait une valeur majeure dans la société traditionnelle : « La fille faisait l’objet d’une surveillance très rapprochée. » Avec l’implantation des rapports marchands qui a commencé autour des années 1920, les valeurs ont changé : « La virginité n’est plus une question fondamentale pour le contrat de mariage. C’est une valeur résiduelle liée à la société patriarcale », fait-il remarquer.

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