Trois semaines après le retour des élèves à l’établissement, la commission chargée d’appuyer la direction tente de justifier les renvois des élèves et les mutations des professeurs.
La décision du renvoi définitif des élèves Marc Ndereyimana et Ferdinand Manirerekana a suscité un grand brouhaha parmi les parents qui avaient accompagnés les élèves, le 9 février. Ils se sont apitoyés sur le sort du premier, considéré comme victime d’un empoisonnement qui avait eu lieu à l’école. Le second passe pour un brave qui a osé dénoncer un massacre imminent à l’ETS Kamenge. Mais Serge Ndereyimana, directeur du Bureau de l’Enseignement Technique et président de la commission, défend la décision. Il passe en revue les charges contre chacun des élèves renvoyés.
Ferdinand Manirerekana, le plus coupable de tous
La commission le soupçonne d’avoir un antécédent dans des affaires criminelles. « Aurait-il jamais été approché pour jouer un rôle dans une affaire criminelle s’il n’avait jamais trempé dans pareille bassesse ? » La commission lui reproche aussi son manquement à la solidarité publique. «Tout le temps des préparatifs de la sale besogne, il n’a rien signalé ni à la police ni à l’administration locale », déplore le président de la commission. Autre élément à charge : l’intervention de cet élève sur les ondes des radios locales. « Les élèves sont descendus dans la rue quand, très tôt le matin, ils ont appris l’échec d’un prétendu complot visant l’élimination physique de certaines autorités scolaires. » Il souligne que si Ferdinand avait prévenu la police, les comploteurs auraient été attrapés en flagrant délit de préparation ou d’exécution de la prétendue sale besogne. Bien plus, à l’élève Manirerekana, il est reproché l’ingérence dans les querelles de longue date entre les élèves Marc Ndereyimana et Jean Claude Nkeshimana alias commissaire. Enfin, la commission soupçonne Ferdinand Manirerekana d’avoir été manipulé par les médias.
L’élève indexé estime, quant à lui, avoir bien agi. Il souhaite regagner l’école à condition que la police lui garantisse la sécurité et que 20 élèves qu’il qualifie d’Imbonerakure et cinq encadreurs soient renvoyés ou mutés. « Si ces personnes ne sont pas chassés de l’ETS, salut d’autres troubles ! », avertit-il.
Marc Ndereyimana, un récidiviste fomentateur de grèves
L’intervention sur les ondes est aussi la faute reprochée à Marc Ndereyimana. Le directeur donne d’amples informations sur lui : « Au cours de l’année scolaire 2007-2008, l’élève a été renvoyé pour être promoteur d’une grève au Lycée de Muramvya, alors qu’il était vice-délégué général. Il a été exclu pour la même raison à l’Ecole Technique de Bubanza. C’est à ce moment qu’il a été transféré à l’ETS Kamenge. » La commission lui reproche aussi le fait de n’avoir pas logé à l’école dans la nuit où devait se perpétrer les hypothétiques massacres. Ces deux élèves sont pour le moment introuvables et seraient dans un endroit sécurisé.
Le « commissaire », un malappris
Très peu de commentaires pour le « Commissaire ». « Un élève peu brillant qui a refait la dernière année avant l’acquisition de son diplôme A3 », dira le directeur après avoir consulté son dossier individuel. En outre, un rapport l’indexe comme étant un élève qui affichait un mauvais comportement vis-à-vis des enseignants.
Les professeurs mutés pour raisons de redéploiement du personnel
Dans la foulée des troubles à l’ETS Kamenge, trois professeurs et le directeur technique ont étés mutés. Les professeurs mutés ont crié à l’injustice. Mais, laconiquement, le Directeur Communal de l’Enseignement (DCE) à Gihosha, Célestin Nsabimana commente : « Ils ont été redéployés car le besoin se faisait sentir. » Et de préciser que Spéciose Rurakubagura a été mutée au Lycée municipal de Gihosha en remplacement d’un professeur nouvellement promu directeur. « Vu son expérience dans le métier, c’était l’élément qu’il fallait pour occuper les classes à test », soutient le DCE. Pierre Claver Butoyi a été affecté au Lycée Municipal de Gasenyi pour remplacer un vieux qui sera bientôt à la retraite. Bien plus, ce lycée a vocation littéraire manquait de professeur d’Histoire et de Géographie.
Historienne de formation, Rita Kamikazi a été mutée pour enseigner ce cours et la géographie au Lycée Gikungu. A l’ETS Kamenge, elle était professeur de marketing.
Le directeur technique (qui figurait sur la liste de ceux qui devaient être liquidés) s’est vu lui aussi muté. Le DCE explique péremptoirement que « toute personnalité nommée par ordonnance ou par décret est susceptible d’être remplacée à tout moment en cas de besoin ».
Signalons que la direction et la commission ne reconnaissent pas le comité des parents mis sur pied le 9 février pour raison d’illégalité. Selon un membre du comité des parents, la commission n’est pas non plus légitime vu sa composition. Il affirme qu’elle n’est composée que par des cadres du ministère qui se reconnaissent dans un seul parti politique.