Le processus électoral est en cours. À quelques mois des élections de 2025, le Code électoral, ainsi que la Commission électorale nationale indépendante (CENI) et ses antennes sont en place bien que critiqués par certains acteurs politiques et de la société civile. Certains pointent du doigt une désignation unilatérale et monocolore des membres de la CENI, évoquant une politique d’exclusion du Cndd-Fdd.
Ils soulignent que le Code électoral encadrant le processus a été conduit à l’Assemblée nationale par un comité restreint désigné par le parti au pouvoir, en collaboration avec le ministre de l’Intérieur. Cependant, ces structures existent bel et bien.
Il est regrettable de constater qu’à l’approche des échéances électorales, une intolérance politique refait souvent surface.
Quatre militants du parti CDP, dont le représentant dans la nouvelle province de Bujumbura, ont été arrêtés à Cibitoke et placés en détention par le Service national de renseignement de la province. Ils ont été accusés d’organiser une réunion troublant l’ordre public. Selon le président du CDP, ces militants ont été battus durant la nuit avec des barres de fer aux pieds et aux fesses.
D’après lui, c’est suite à la prise de position critique de sa formation politique : « Il y a quelques mois, le parti avait déclaré que même si les discours du Chef de l’État étaient rassurants en début de mandature, ils ne correspondaient pas aux actions par la suite, laissant apparaître un écart entre les paroles et les actes. »
Sur Twitter, le président du parti Sahwanya Frodebu a déploré la disparition de trois drapeaux dans la zone Buhoro, commune Mabayi, qui auraient été volés par les Imbonerakure. Il a dénoncé les menaces envers la formation politique de Ndadaye.
Pourtant, lors d’une séance de moralisation à Buhumuza, le Président Ndayishimiye s’est félicité du calme des Burundais et de l’absence d’échauffourées entre les partis politiques à la veille des élections. Pourquoi alors le comportement de certains militants, administratifs ou policiers contraste-t-il avec la vision du Chef de l’État ? Pourquoi prennent-ils le contrepied de sa vision ? Ils devraient, au contraire, suivre son exemple.
Le Burundi a choisi la voie de la démocratie. L’article 75 de la Constitution reconnaît le multipartisme en République du Burundi. Certains politiciens, cherchant à servir leurs intérêts personnels, incitent les jeunes à semer la terreur, à détruire les symboles politiques et profèrent des menaces pour éviter une compétition loyale, cherchant ainsi réduire au silence les voix opposantes.
Cela ne peut pas perdurer. Les autorités compétentes doivent agir dans le cadre de la loi pour décourager les fauteurs de troubles et les hors-la-loi. La CENI, en tant que gardienne de la démocratie, et le ministère de l’Intérieur devraient clarifier fermement leur position et éviter les esquives.
La tolérance n’est pas une faiblesse, ni une naïveté. Elle est le signe d’une grande maturité politique. Les responsables politiques doivent comprendre qu’en démocratie, la force de l’argument prime sur l’argument de la force. Ainsi, l’inclusion politique, qui est l’essence même de la démocratie, pourra être réaffirmée.
Les Burundais ne cèdent pas aux menaces. Ce qu’ils ne disent pas ouvertement et publiquement, ils le font dans l’isoloir. On l’a vécu lors des présidentielles de 1993 « Tora ikiri ku mutima ». Mais hélas la neutralité et l’indépendance de la CENI!
Question : y-a-t-il démocratie si celui qui est au pouvoir n’accepte pas son adversaire politique ? Ce dernier bakamwita umwansi w-igihugu. Sans concurrence, c’est la stagnation.
@Nkanira
Merci de souligner ce fait . Les dirigeants burundais et ceux qui les entourent sont passés maitres dans l’art de tromper l’opinion en affirmant sans rire que ceux qui « critiquent le régime » sont « abansi b’igihugu » . Ceux parmi nous qui ont encore un peu de matière grise à l’intérieur de cette boite qu’on appelle « tête » et non en dehors , savent très bien qu’aucun burundais ne hait son pays , non ne hait même pas ceux qui tiennent le guidon des régimes en question , on hait leurs idées , alors là nous n’aimons pas du tout. Il ne s’agit pas de plus que cela , mais pas moins non plus . Par contre lorsqu’on attaque des gens innocents sur les routes -comme certains l’ont fait par le passé ou continuent à le faire , on hait le genre humain et c’est plus grave que hair le Burundi .
Cher Léandre
Je retiens dans ce que vous dites une phrase pleine de sagesse » La tolérance n’est pas une faiblesse, ni une naïveté » . C’est un signe de magnanimité et de grandeur d’esprit . C’est un signe de volonté de réconciliation lorsque les ponts menacent de s’effondrer sous les coups de boutoir du jusqu’auboutisme.
Je vous remercie d’avoir rappelé ces élements fondamentaux du savoir vivre.