Après l’évocation d’une [intégration à plusieurs vitesses à propos de la Communauté des pays de l’Afrique de l’Est->http://www.iwacu-burundi.org/spip.php?article1531], Jamahaar, un de nos lecteurs a tenu à réagir.
… La diplomatie tanzanienne est et a toujours été très timide voire décalée quant à l’ouverture au monde extérieur. Mis a part son rôle actif et louable dans la lutte pour la libération des peuples de l’Afrique Australe, la Tanzanie est restée quasiment fermée dans son nationalisme aveugle qui frise la xénophobie. Il est vrai qu’elle a accueilli des milliers de réfugiés originaires des pays alentours, mais lorsqu’il s’agit de l’ouverture vers l’extérieur pour construire des ensembles régionaux et sous-régionaux, elle a toujours trainé les pieds.
Alors que la libre circulation des biens et des personnes est quasiment en vigueur aux frontières des autres pays de la région, la Tanzanie contrôle encore les entrées et sorties des marchandises et le mouvement des personnes sur les points de passage entre l’Ouganda et le Kenya. Ce qui est contraire et une violation du traite. Il en est de même de la défense commune. Le gouvernement tanzanien refuse encore curieusement pour des motifs qui lui sont propres de mettre ses soldats sous un Commandement unifié de la CEA. Cela prendra bien sûr du temps pour les convaincre et les rassurer qu’il y va aussi de leurs intérêts pour qu’ils acceptent d’appliquer toutes les clauses du traite de la CEA.
Lors de la dernière rencontre des chefs d’Etat de la CEA, ces derniers n’ont pas rejeté la candidature du Sud-Soudan, mais l’ont différée. Ce qui est différent de refus. La nouvelle République de Somalie vient à peine de naître et cela prendra un certain temps pour remplir les conditions exigées pour adhérer à la Communauté de l’Afrique de l’Est: l’économie de marché, l’alternance démocratique, la bonne gouvernance, la place de la femme dans la société et le respect des Droits de l’Homme, etc…
La mise sur pied d’une monnaie unique a tout le bloc nécessitera effectivement des études minutieuses et sérieuses pour arriver a une harmonisation effective des politiques fiscales et monétaires communes a tous les pays membres de la CEA.
La crise qui secoue actuellement les 17 pays européens utilisant la monnaie européenne unique, l’Euro, pourrait servir de leçon sur ce qu’il faudra et ne faudra pas faire pour ne tomber dans les mêmes erreurs ou des pays comme l’Italie, la Grèce, le Portugal et l’Espagne ont opté pour l’entrée dans l’Euro aux côtés de la France, l’Allemagne et les pays du Benelux alors qu’ils ne remplissaient pas les conditions suffisantes.
L’émission de la monnaie et le contrôle des taux d’intérêts et l’inflation seront du ressort de la Banque centrale de la Communauté qui sera mise sur pied une fois que les politiques de convergence économique et fiscale seront appliquées au sein des pays membres. La BRB perdra son rôle de baque centrale, mais ne disparaitra pas. Les fonctionnaires continueront a être payés tout comme le versement des autres allocations auxquelles les citoyens ont droit dans un État-nation ou communautaire.
Il y a en définitive plus d’avantages a être membre à part entière de la communauté Est-Africaine que de rester en marge. Il y aura en même temps des défis et des bénéfices. Ce sera le rôle du leadership régional qui se hissera au-dessus du sectarisme pour réellement devenir de vrais hommes d’État à mesure de transcender les clivages de toutes sortes a l’instar d’un Jean Monnet, Robert Schamman ou d’un Jacques Delors, les pères fondateurs de la Communauté Européenne devenue plus tard Union Européenne.
