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La stratégie de la légalisation du Cndd-Fdd

05/05/2013 Commentaires fermés sur La stratégie de la légalisation du Cndd-Fdd

Depuis quelques temps, le pouvoir semble mener une course pour faire voter des lois, très décriées, pour la plupart, par ses autres partenaires sociopolitiques. Par cette stratégie de la légalisation, le Cndd-Fdd est en train de se frayer une voie royale pour les scrutins de 2015.

<doc6550|right>Loi sur les partis politiques, loi sur l’opposition, projet de loi sur la presse, loi sur les manifestations publiques, projet de loi régissant la CVR,… Une batterie de lois ont été votées récemment par les deux chambres du Parlement, ou sont sur le point de l’être. La plupart sont modifiées et taillées sur mesure pour le Cndd-Fdd. S’il y a certains organes de la vie nationale qui ne peuvent être réglementés que par une loi, comme l’indique Jean Baptiste Manwangari,  cette loi passe par le parlement, dominé par le parti au pouvoir, et qui a ainsi toutes les facilités du monde pour que la loi soit votée.

Mais, dans les sociétés modernes et, peu ou prou démocratiques, continue l’ancien président de l’Uprona, le dialogue est la première règle de fonctionnement. Pourtant, certains pensent, comme chez nous, que la majorité politique est la règle utilisée pour brimer les opposants, au détriment du consensus, qui devient l’exception à éviter à tout prix.

Même s’il y a des contestations internes de ces manœuvres initiées par le Cndd-Fdd et son gouvernement, la communauté internationale respecte la légalité des institutions démocratiquement mises en place, et n’aime pas s’ingérer dans les affaires souveraines des Etats.

Une stratégie qui peut se retourner contre soi

En adoptant cette stratégie de la légalisation, le Cndd-Fdd tient d’abord à se parer d’une bonne image vis-à-vis de la communauté internationale. Ce qu’il ne peut plus faire par la force des appareils répressifs de l’Etat, il va lui conférer la force de la loi. Mais les mauvaises habitudes ont la peau dure. Pour preuve, la dernière bastonnade des membres de l’ADC-Ikibiri par les policiers à Gatumba.

« Il semble qu’il y ait au Burundi une tradition politique qui incite les partis au pouvoir à confectionner une législation à leur convenance, aujourd’hui comme dans les années passées », observe Bonaventure Niyoyankana, député uproniste. Mais c’est une erreur car, continue-t-il, rien ne dit qu’ils s’y maintiendront demain et ils peuvent le regretter.
La logique du logiciel politique du Cndd-Fdd lui commande de consolider son pouvoir acquis par les armes par le cadre légal. Mais cette stratégie est contre-productive dans la mesure où elle aura à terme un effet boomerang. Car si on rend inopérant le combat des idées pour l’alternance politique, on accule ipso facto ses adversaires à la violence.

Culture du consensus incontournable

Me François Nyamoya pense que le Cndd-Fdd est mû par une profonde mauvaise foi : «  C’est pour cela qu’on ne veut plus participer avec eux dans les débats auxquels nous convient les médias. Ils font semblant d’écouter, alors qu’ils s’en foutent complètement », indique le secrétaire général du MSD. Et d’ajouter aussitôt : « Chacun doit faire ce qu’il doit faire. On se prépare pour les élections de 2015, en contournant les pièges posés par cette mauvaise foi. »

L’esprit d’Arusha et de la Constitution privilégie une démocratie basée sur le consensus, sur le compromis social, et non sur la majorité qui opprime. Cette vision fondamentale a été complètement oubliée par le pouvoir Cndd-Fdd, remarque M. Manwangari, alors que la recherche du consensus est primordiale dans un pays où subsistent encore des conflits. Mais le pouvoir ne semble pas favoriser un Etat citoyen, mais plutôt un Etat-parti, comme si l’histoire de notre pays, était confisquée par des seigneurs de guerre mus uniquement par la dialectique du maître et de l’esclave.

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