Au-delà des belles déclarations politiques comme {« Le Burundi doit voler au secours des autres pays en difficultés »}, il y a surtout les retombées financières de l’engagement de nos troupes. L’Etat encaisse de l’argent. Pour nos militaires, la Somalie c’est l’espoir de sortir de la misère : ceux qui ont la chance de survivre rentrent avec un joli pactole.
<doc1795|left>« La Somalie est devenue un véritable mouroir. Ce mardi on a enterré 3 militaires, le lendemain, on décomptera 17 cercueils. On va encore enterrer nos morts peut-être jusqu’à dimanche», lance un militaire apparemment désemparé et dépassé par les événements brisant ainsi la réserve et la retenue qui caractérisent les hommes en uniformes. Il venait de déposer avec ses camarades un cercueil tout près de la fosse. Il ruminait une colère et la tentative de cacher son émotion était vouée à l’échec. Son visage renfrogné le trahissait comme la plupart de ses frères d’armes. Bon nombre d’entre eux sont candidats pour la Somalie, ils viennent de terminer une formation spéciale.
La messe de requiem s’est déroulée au Camp dit ’’DCA’’ (Défense Contre Avion) situé tout près de l’aéroport international de Bujumbura, loin des cameras. Et c’est ce clairon communément appelé ’’musique aux morts’’ avec cet air lugubre qui a sonné la fin de cette messe à huis clos, seuls les membres les plus proches des familles des disparus y étaient conviés. La plupart n’ont été avertis du drame que la veille, tard dans la nuit. Le chef d’Etat major général adjoint, le général de brigade Diomède Ndegeya a pris part à ces cérémonies.
Cimetière de Mpanda, mercredi, 26 octobre 2011 à 10h 25 minutes.
Le cortège funèbre avec à la tête 4 camions de couleur blanche à l’effigie de l’Union Africaine partis du Camp ’’DCA’’ arrivent à destination, la dernière demeure pour ces militaires tués en Somalie. Chaque camion avait à son bord au moins 4 cercueils entourés de militaires en treillis avec des gerbes de fleurs à déposer sur les tombes. Les camions ont fait deux navettes et vers midi le cimetière de Mpanda parsemé de cette variété de faux cocotiers qu’on ne trouve nulle part ailleurs au monde qu’à cet endroit, était noir de monde.
Les membres des familles des disparus, les amis, les frères d’armes, tous étaient venus rendre un dernier hommage à ces soldats de la paix. Chaque cercueil soigneusement recouvert du drapeau national était porté par des militaires en procession silencieuse avec à la tête un soldat portant une croix noire. La dépouille devait passer par une sorte de haie d’honneur avant l’inhumation. Sur chaque croix juste le nom du disparu, sa date de naissance et celle de décès.
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> [Présence du Burundi en Somalie : le Cndd-Fdd, l’Uprona et l’ADC-Ikibiri réagissent->http://www.iwacu-burundi.org/spip.php?article1206]
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Des prières et des chants religieux ont été entonnés comme pour étouffer le soprano des sanglots qui fusaient de partout. Trop d’émotion, trop de chagrin, beaucoup de pleurs et de larmes surtout de la part des veuves. Elles étaient invitées à se retenir. C’est un peu curieux, il n’y a pas eu de longues oraisons funèbres. Le chef d’Etat major général adjoint a tenu à faire devant chaque tombe un salut militaire, très solennel comme pour dire : " Repose en paix cher soldat de la paix ".
Des sources en Somalie contactées par Iwacu relatent les faits
Daynille, un district situé à une dizaine de kilomètre au nord-ouest de Mogadiscio, la capitale somalienne. Depuis quelques temps, des insurgés Al-Shabab ont fait de cette localité leur fief. L’Amisom (Mission de l’Union Africaine en Somalie) s’est fixé un objectif: les déloger coûte que coûte. Ainsi, jeudi, 20 octobre 2011, elle envoie deux bataillons.
Des combats durent des heures et des heures. Malgré des pertes en vies humaines enregistrées des deux côtés, les insurgés parviennent à repousser les contingents de l’Amisom, qui finiront par se replier. Cependant, Daynille sera récupéré par l’Amisom lors des affrontements qui ont suivi.
La situation reste confuse dans cette partie de la corne de l’Afrique. Alors que les Al Shabab donnent un bilan de plus de 70 militaires burundais tués, les sources officielles burundaises reconnaissent dix. Pourtant, à Mogadiscio, des sources fiables déclarent que l’attaque de jeudi dernier est la plus meurtrière depuis 2007.
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> [Le Colonel Gaspard Baratuza, porte-parole de la FDN : « Laisser la Somalie à elle seule serait lâche »->http://www.iwacu-burundi.org/spip.php?article1214]
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«C’est une première dans l’histoire de l’Amisom », confie A.D., un militaire burundais à Mogadiscio. Selon lui, plus de 60 militaires y ont péri et le bilan pourrait s’alourdir car au moment où l’on parle, des combats continuent. N.R, se trouvant aussi en Somalie précise que de tous les combats qui les ont opposés aux insurgés Al Shabab, ceux de jeudi et d’après, étaient difficiles à mener : « Un brancardier et un chauffeur, tous Burundais, ont été tués alors qu’ils essayaient de secourir les blessés et de ravitailler les troupes. Un officier burundais sera enlevé et sera tué loin des lieux d’affrontement.»
Le retrait est-il envisageable ?
{« Si cette chance se présentait, je ne la raterais pas ! »} Et Caporal L.K. est sans ambages : «Au lieu de mourir dans une pauvreté sans nom, vaut mieux mourir comme un homme et laisser à sa famille une enveloppe bien consistante. » Selon L.K., un militaire de son grade qui va en Somalie touche 828 dollars au moment où au pays, il était payé 80 mille Fbu. Selon lui, on peut trouver la mort partout, même dans son lit, au repos.
{« Le choix est clair »} , V.B. est un officier qui a combattu en Somalie du côté des troupes de l’Amisom : « N’eussent-été les économies que j’ai faites au cours de cette mission, je n’aurais jamais construit ma maison sans contracter de crédit. » V.B. rappelle que dans les années passées, des militaires ont été envoyés en guerre en République Démocratique du Congo : « Beaucoup de militaires y ont laissé la vie et leurs familles n’ont pas été indemnisées. » Aujourd’hui, lâche V.B., le choix est clair : « A la mort d’un militaire en Somalie, sa famille a droit à 50.000 dollars… »
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<OPINION> [Jean-Marie Ntahimpera : " Il ne faut pas oublier l’aspect diplomatique de notre présence en Somalie "->http://www.iwacu-burundi.org/spip.php?article1213]
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{« Je n’ai pas peur de mourir »} H.T. est en formation et s’apprête à partir en Somalie. Il précise qu’il attend impatiemment le jour de son départ. Selon lui, un militaire ne peut pas avoir peur de mourir. H.T. est optimiste : « Je reviendrai vivant et avec ce que j’aurai gagné, je pourrai fonder mon foyer, me construire une belle maison et l’équiper confortablement. »
{« Gardez le courage »} Philippe Nzobonariba, secrétaire général et porte-parole du gouvernement, indique que ce dernier réitère son engagement à soutenir la mission de retour et de maintien de la paix en Somalie. Dans un communiqué du gouvernement, il demande aux militaires engagés dans ladite mission de garder le courage. Toutefois, le gouvernement du Burundi invite la communauté internationale à fournir à l’Amisom des facilités matérielles pour qu’elle puisse exécuter efficacement son mandat.