Le Burundi s’est récemment doté d’un plan national de développement, a annoncé le Chef de l’Etat Pierre Nkurunziza le 1er juillet. Mais les activistes s’étonnent que le gouvernement ait pensé à un nouveau plan sans une évaluation de la vision 2025.
«Nous célébrons le 56ème anniversaire de l’indépendance au moment où nous les Burundais avons préparé, pour la toute première fois, un plan décennal du développement (2018-2027)», a indiqué le président de la République dans son discours à la nation marquant la commémoration de l’indépendance.
D’après le Chef de l’Exécutif, ce document, concocté par 70 experts Burundais, va désormais inspirer tous les projets. «Tous ceux qui voudront investir ou soutenir différents projets au Burundi devront nécessairement en tenir compte».
Les activistes de la société civile doutent de la concrétisation de ce plan annoncé par le chef de l’Etat. Gabriel Rufyiri, président de l’Observatoire de lutte contre la corruption et les malversations économiques (Olucome) fustige ce plan : «C’est un document du gouvernement et non du peuple».
Selon lui, le contenu de ce plan ne reflète pas les points de vue de la population. Car, explique-t-il, il a été préparé en tapinois. «La population et les bailleurs n’ont pas été consultés ni associés».
«Apaiser le climat politique»
En outre cet activiste de la société civile soutient que les indicateurs économiques et le climat des affaires ne sont pas de bon augure. «Le Burundi fait partie des 3 pays les plus pauvres au monde. Le taux de croissance est négatif. Le taux de fécondité est de 6 enfants par femme. La corruption est devenue monnaie courante.» Avant d’ajouter à ce tableau sombre, la rareté des terres cultivables.
Pour Gabriel Rufyiri, aucun programme économique ne peut aboutir dans le statu quo. Ainsi, il recommande l’amélioration du climat des affaires : «Ce dernier ne pourra être une réalité que si le climat politique l’ait été au préalable».
De son côté, Faustin Ndikumana, président de l’ONG Parcem militant pour le changement des mentalités, se dit sidéré : «La vision 2025 semblait être le document directeur de haut niveau de la planification». Il rappelle qu’elle n’a pas encore été évaluée : «Pourtant, elle avait été inaugurée par le président de la République lui-même».
Ces 70 experts feront partie d’une équipe élargie qui va se pencher dès 2022 sur un autre plan de développement pour 2040.