Vendredi 19 juillet 2024

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 » La seule voie de l’avenir du Burundi, comme des autres pays d’ailleurs, est bien l’éducation et le leadership « 

05/05/2013 Commentaires fermés sur  » La seule voie de l’avenir du Burundi, comme des autres pays d’ailleurs, est bien l’éducation et le leadership « 

Voici une autre réaction sur [la correspondance du Ministre en charge de l’Enseignement Supérieur, qui s’adressait au Recteur de l’Université du Burundi->http://www.iwacu-burundi.org/spip.php?article3618].

Je lis régulièrement les messages des internautes et c’est une très bonne chose que vous vous souciez de notre chère Patrie. Je reste convaincu que la seule voie de l’avenir du Burundi, comme des autres pays d’ailleurs, est bien l’éducation et le leadership éclairé, volontariste et responsable. Le leadership, oui partout dans tous les secteurs de la vie nationale.

Un exemple pour illustrer mes propos, comme on parle de l’enseignement supérieur, le Prof pilote sa classe, transmets ses connaissances, encadre et accompagne ses étudiants dans le processus d’apprentissage pour qu’ils atteignent les objectifs fixés dans le cadre du cours ; le chef de département assure le leadership de son département, gère et coordonne les activités, motive ses collègues du département, encadre les assistants, il est le relais du Doyen de la faculté. Le Doyen veille au bon déroulement et à la réalisation des missions (enseignement, recherche, services aux collectivités) de l’Université dans sa faculté, gère le personnel, évalue le personnel tant académique, scientifique et administratif de sa faculté, il est le garant de la bonne gestion de sa faculté, du bon climat et bon déroulement des enseignements. Il est bien sûr épaulé par le Vice doyen en charge généralement de la gestion des locaux et des horaires sans oublier le secrétaire administratif de la faculté qui gère les dossiers des étudiants. Les directeurs des services académiques, de la recherche, de la Régie des œuvres universitaires, Administratif et Financier, etc. pilotent les différentes directions, collaborent avec les Doyens et le Recteur.

Le Recteur et son vice-recteur pilote toutes les activités de l’Institution, s’occupe des questions administratives, académiques, des relations et coopération internationales. Ils doivent être à l’écoute de tous les membres de la communauté universitaire tant académique, administrative et estudiantine. Le Recteur pilote donc son institution, innove et lance des chantiers dans le seul souci de former des hommes et femmes capables de résoudre des problèmes de société, préparer les leaders charismatiques de demain. Le Recteur gère au quotidien tous les problèmes de son institution, motive le personnel et les étudiants, il est le garant d’un bon climat au sein de son institution, élargit le cercle des amis, initie des partenariats avec d’autres universités et cherche des financements « fundraising », etc.
Le Recteur gère les fonds alloués à son institution ainsi que le patrimoine. Il met en application la politique sectorielle décidée par le gouvernement et son Ministre, gère les ressources humaines et le budget en étroite collaboration avec ses collaborateurs : directeurs, conseillers, etc. Le Conseil d’Administration veille au bon fonctionnement de l’Institution conformément aux différents textes, statuts et règlements des examens, etc.

Le Ministre de l’Enseignement supérieur et de la recherche scientifique, pilote l’enseignement supérieur et universitaire dans son ensemble ; initie et élabore des innovations en matière de politique d’enseignement supérieur et universitaire, négocie des accords bilatéraux en tant que représentant du gouvernement. Il est le garant des différentes politiques d’évaluation et d’assurance-qualité de l’enseignement supérieur et universitaire dans son ensemble.

Bref, le Prof, le secrétaire administratif facultaire, le chef de département, le Vice doyen, le Doyen, le Directeur d’une direction (académique,…), le vice-recteur, le Recteur, le Ministre, etc. sont des leaders qui doivent jouer chacun son rôle pour la bonne marche du système éducatif dans son ensemble et d’une université en particulier. Moindre défaillance d’un des leaders a des conséquences néfastes sur l’output si bien sûr rien n’est fait pour corriger.

Pour que la réforme de Bologne ou BMD puisse atteindre ses objectifs au BURUNDI et en particulier à l’Université du Burundi, il faut que tous ces leaders impliqués dans la gestion au quotidien de l’UB en particulier facultaires soient bien formés et sensibilisés sur la gestion du nouveau système. Il faut également que les étudiants soient informés suffisamment sur cette réforme sur le plan académique : conversion d’heures en crédits (qui est un véritable problème pour les étudiants car il est très difficile de comprendre ce concept de crédit), la façon d’évaluer les étudiants, le système de cotation et critères de réussite, de redoublement ou de report de cours ratés d’une année à l’autre.

La gestion du système doit se faire au niveau facultaire car la gestion est individualisée, il faut gérer les dossiers des étudiants cas par cas et revaloriser certains acquis.
J’ai eu l’occasion à deux reprises (en avril et en août 2012) d’expliquer cette réforme aux participants à mes deux conférences. En août, j’ai eu la chance d’avoir un collègue belge qui était en mission au Burundi, qui a assisté à la conférence et qui m’a beaucoup aidé à répondre à toutes les questions sur la réforme de Bologne en Europe et plus particulièrement à l’Université Libre de Bruxelles. A l’issue de la conférence, mon sentiment est que les étudiants n’étaient pas satisfaits tout simplement, nous n’avions pas des réponses sur la façon dont les choses seront organisées au Burundi et en particulier à l’Université du Burundi. On a bien expliqué la notion de « crédit » ou “ECTS – European Credit Transfer and Accumulation System”.

« Le système européen de transfert et d’accumulation de crédits (ECTS) est un système européen de reconnaissance des prestations d’études qui permet également de les transférer et de les accumuler. Centré sur l’étudiant, il se base sur le volume de travail qu’il ou elle doit fournir en vue de réaliser les objectifs d’une unité d’enseignement. Ceux-ci sont fixés de préférence sous forme d’acquis de formation (learnig outcomes). Le volume de travail est exprimé en crédits:
– 1 crédit correspond à un volume de travail de 25 à 30 heures
– 60 crédits correspondent à 1 année d’études à plein temps

En Belgique, 180 crédits sont nécessaires pour obtenir un diplôme de bachelier, et
120 crédits supplémentaires pour un diplôme de master. Cette notion de crédit est abstraite dans la mesure où un étudiant brillant et bosseur peut bien avoir son bachelier en deux ans pourvu qu’il atteigne les objectifs du programme de bachelier dans ce délai.
Source  de cette définition : http://www.crus.ch/information-programmes/bologne-enseignement/quest-ce-que-lects.html?L=1

Il faudrait me semble-t-il faire des descentes sur le terrain dans les facultés :
– Organiser des séances d’explication de la réforme à l’intention des enseignants
– Expliquer la réforme aux délégués et représentants des étudiants
– Former au niveau facultaire les gestionnaires des dossiers des étudiants et des programmes

La voie de l’avenir du Burundi réside également dans le changement des mentalités des Burundais sans distinction aucune et en particulier de tous ces leaders.

1. Il faut aimer le travail et le faire correctement. Aujourd’hui on observe la perte des valeurs de nos aïeux. L’amour du travail semble avoir volé en éclats. Ce qui prime c’est le militantisme et la médiocrité alors que dans le temps c’était l’honneur, la bravoure, l’honnêteté, le patriotisme, la rigueur envers soi et envers les autres surtout quand on a des responsabilités. On observe également la paresse, des facilités tout le temps, la loi du moindre effort, moins de sueur pour avoir ceci ou cela, etc. ce qui est bien sûr en contradiction avec les conséquences de la mondialisation, de l’intégration sous régionale et régionale : la compétitivité, excellence, la polyvalence ou multi compétence, le multilinguisme, etc.

2. Le dialogue doit absolument être un moyen de résolution de conflits ou malentendus éventuels même si le droit de grève est reconnu par la loi. Bien connaître ses intérêts, ses devoirs et ses responsabilités. Ne pas hypothéquer ses propres intérêts dans le cas d’un malentendu éventuel alors qu’il y a d’autres moyens de trouver des solutions aux problèmes posés. La grève récente des étudiants de l’Université du Burundi n’est pas du tout fondée. Il aurait fallu demander d’abord suffisamment d’explications sur la réforme BMD car certaines revendications sont fantaisistes et non sérieuses. Et pourtant des semaines sans cours est une perte énorme pour ces étudiants sans oublier le manque à gagner pour le Burundi suite à ces grèves régulières et incessantes. Je conseille vivement aux étudiants de l’Université du Burundi de bien réfléchir aux conséquences de la durée de leurs études, aux pertes financières énormes pour le Burundi et en particulier l’Université du Burundi occasionnées par ces grèves régulières parfois non fondées. Je comprendrai bien les étudiants qui grèveraient après avoir épuisé toutes les voies pour réclamer les produits de laboratoire (comme ce fut le cas il y a quelques années à la faculté des sciences), des enseignants et pour améliorer la qualité des enseignements par exemple plutôt que mettre en cause la réforme BMD qui est un avantage plutôt pour les étudiants.

3. Concilier le militantisme et le travail bien fait. Aux différents leaders de remplir correctement leurs missions, d’être à l’écoute et au service de ses collaborateurs (communauté universitaire dans son ensemble) pour l’intérêt supérieur de son organisation, de son institution et du pays. Que chacun des leaders pilote correctement son unité pour faire avancer le Burundi.

4. Aux internautes surtout ceux qui sont en dehors du Burundi de contribuer par des idées innovatrices chacun dans son domaine afin de contribuer au développement et à la reconstruction du Burundi. Vos écrits et vos idées serviront un jour, j’en suis convaincu et les exemples ne manquent. Des politiciens ne manqueront pas de s’approprier vos très bonnes idées innovatrices pourvu qu’ils les mettent en application correctement en paroles et en actes. Vous aurez ainsi contribué à avancer le Burundi vers cette voie du progrès et du développement que tout patriote appelle de tous ses vœux.

Pour plus de détails sur le processus de Bologne, lire : {[L. Ntibashirakandi, Université du Burundi face au processus de Bologne ou l’inévitable réforme de l’Enseignement Supérieur, 18 Octobre 2009->http://burundi.news.free.fr/actualites/BurundiBolognepdf.pdf consulté le 13/09/2012.]}

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