Plus d’un tiers du marché de Kamenge est parti en fumée, il y a dix jours. Une trentaine de kiosques ravagés par le feu. Et ce n’est pas la première fois, puisque huit autres marchés ont pris feu ces deux dernières années. Une situation qui devrait inquiéter plus d’un. <doc2629|left>Les premières à être arrivés lorsque l’incendie s’est déclarée affirment que les sapeurs pompiers ont eu du mal à éteindre le feu : il n’y avait pas de passage pour les véhicules extincteurs de la police de la Protection civile. Ces derniers n’ont pas pu atteindre le milieu du marché. Sinon, indique une commerçante, on serait venu à bout les flammes en peu de minutes. Le feu s’est déclaré à une heure du matin, dans la nuit du 1er au 2 janvier 2012. Mais ce n’est que huit heures plus tard que les pompiers ont pu arriver au bout les flammes. D’après les habitants de cette commune, ce soir-là, ces véhicules communément appelés « {Kizimyamwoto} », et qui, d’habitude, mettent du temps pour venir, sont arrivés 15 minutes après l’appel au secours. Un d’eux raconte que quatre véhicules sont arrivés sur place mais que certains sapeurs pompiers ont dû rebrousser chemin à la recherche d’autres tuyaux plus gros servant à propulser l’eau plus loin, ce qui a ralenti leur progression. Un des commerçants qui a tout perdu dans cet incendie raconte avoir été averti par un voisin lorsque le marché a commencé à brûler. Arrivé sur les lieux, il a trouvé son kiosque déjà en feu. Il a assisté impuissant en regardant le feu décimer ses marchandises : « Je ne pouvais rien sauver. C’était le laps de temps où les pompiers faisaient tout pour trouver un passage afin d’atteindre la partie du marché en flammes.», témoigne-t-il en se demandant comment reconstituer son capital. Un incendie d’origine inconnue D’après Pierre Claver Cishahayo, commissaire du marché de Kamenge, une trentaine de kiosques a été emportée par les flammes : « Les pertes sont considérables. En moyenne, la valeur des marchandises oscille autour de 10 millions dans chaque kiosque. » Il cite le cas d’un commerçant qui a perdu un kiosque plein de pots de peinture et d’un autre qui devait se rendre en Ouganda le lendemain pour s’approvisionner et qui avait laissé plus de 10 millions dans sa caisse par peur des voleurs dans les quartiers. Bien que l’origine de l’incendie ne soit pas encore établie, le commissaire du marché de Kamenge parle de plusieurs causes possibles. C’est, entre autres, le cas des commerçants qui tiennent des restaurants et font la cuisine à l’intérieur du marché. « Désormais, ceux qui sont chargés de la sécurité du marché vont être plus vigilants afin d’éviter ce genre d’incident. », annonce-t-il. Raccordements électriques anarchiques… D’après une source, normalement lors de la conception des plans des marchés, on pense impérativement aux mesures de sécurité en cas d’incendie. C’est pourquoi, dans la cinquantaine de marchés modernes récemment construits dans plusieurs communes du pays, des passages ont été aménagés à l’intérieur de pour que les véhicules des pompiers puissent parvenir facilement dans chaque coin du marché. En outre, selon la même source, sur les murs, on y installe des extincteurs afin de circonscrire le feu: « L’avantage de ces mesures est que le feu est maitrisé à temps avant qu’il ne se propage et que les flammes ne causent de dégâts considérables. » Mais ces précautions n’ont pas empêché l’incendie des marchés de Kayogoro, Nyaza-Lac, Mutaho et Gitega de prendre feu. Notre source interpelle les gestionnaires des marchés : ils doivent se rappeler toujours que les principaux vecteurs d’incendie sont les branchements et raccordements électriques anarchiques. Aussi faut-il ne jamais oublier de bien garder et entretenir les systèmes de sécurité anti-incendie. Si rien ne change, le marché de Kamenge devrait être réhabilité, comme tant d’autres de la capitale burundaise, d’ici fin 2012.