Mardi 01 octobre 2024

Environnement

La saison pluvieuse s’annonce violente

01/10/2024 0
La saison pluvieuse s’annonce violente
La toiture de l’Ecofo Christ Roi de Mushasha, à Gitega a été détruite par les pluies torrentielles du 20 septembre 2024

Des infrastructures scolaires détruites, des champs agricoles dévastés, … Il s’agit de toute une liste de dégâts qui sont déjà enregistrés dans différents coins du pays suite aux pluies torrentielles. Les victimes sont dans le désarroi. Les experts conseillent des actions préventives de grande envergure.

Que ce soit au Centre, à l’Ouest, au Nord ou au Sud, le ciel n’a pas été clément. Le début de la saison pluvieuse n’a pas été doux. Dans la semaine du 16 au 22 septembre 2024, plusieurs dégâts consécutifs aux pluies torrentielles ont en effet été enregistrés dans différents coins du pays.

A Gitega, le 20 septembre, Jean Claude Mbazumutima, directeur de l’Ecofo Christ Roi de Mushasha indique que les toitures de neuf salles de classe ont été emportées par le vent. « Des cahiers des élèves, du matériel didactique, des tableaux portatifs, des bancs pupitres, … ont été abimés ou cassés. » Il ajoute que deux enfants ont été également légèrement blessés.

Néanmoins, M. Mbazumutima signale que les cours se poursuivent tant bien que mal : « Il n’y a pas d’interruption. Nous avons installé provisoirement les enfants dans trois petites salles de classe nouvellement construites. Normalement, elles sont destinées aux enfants de la maternelle, de la 1ère et 2ème années. »

Dans la même commune de Gitega, à l’Ecofo Mushasha I, les toitures de deux salles de classe ont été détruites. Agnès Nsengiyumva, directrice de cette école, signale toutefois que l’une de ces salles continue à être utilisée même si sa toiture a été partiellement touchée. Elle plaide pour la réhabilitation totale des locaux de son école parce qu’ils sont vétustes. Ils datent en effet des années 1945.

Le 21 septembre, c’est le tour de l’Ecofo Mweya I. Suite toujours aux pluies torrentielles, le bureau du directeur, des livres et d’autres matériels qui y étaient conservés ont été abîmés.
Des locaux en chantier à l’Ecofo Mukanda II ont subi le même sort.

Ce qui a fait que les élèves qui venaient à peine de commencer l’année scolaire n’ont plus où étudier, selon Népomuscène Ndayavurwa, directeur communal de l’enseignement dans la commune Gitega. Il fait savoir que ces écoles touchées ont besoin d’une assistance d’urgence. Il signale qu’on a besoin par exemple des tentes pour servir provisoirement de salles de classe. Car, « certains locaux portent déjà des fissures et risquent de s’effondrer d’ici peu. »

Le Sud du pays n’a pas non plus été à l’abri. A Bururi, le ciel n’a pas aussi été clément. En commune Mugamba, ce sont plusieurs hectares de champs de maïs, de haricot, de patate douce, de pomme de terre et bien d’autres cultures qui ont été décimés suite aux pluies torrentielles du 20 septembre 2024.

En tout, Vénuste Ntahombaye, administrateur de la commune Mugamba, fait état de plus de 180 hectares de champs agricoles détruits sur les collines Kibezi, Dongeruzi, Mutobo, Burasira, Kivumu, Taba et Mpota.

Les cultures beaucoup touchées étant le thé, le café, la pomme de terre, le haricot, le maïs, les courgettes, les choux et le bananier.

Il signale que la grêle a enfui des cultures dans les marais de Kibezi, Kivumu, Mutobo et Taba tandis que d’autres ont été emportées par les eaux. Ce qui fait craindre la famine dans ces localités, alerte-t-il.
« Les familles affectées ont tellement besoin d’assistance alimentaire et de semences. », souligne-t-il.

L’Ouest et le Nord aussi affectés

A l’Ouest du pays, dans la province de Cibitoke, des dégâts ont aussi été enregistrés. En commune Bukinanyana par exemple, les toitures de trois salles de classe au Lycée Technique communal ont été emportées par les vents.

Il en a été de même à l’Ecofo Rangira où une salle de classe a subi le même sort. Plus de cinquante maisons ont été soit partiellement ou totalement détruites sur les collines Kibaya II, Shimwe, Mikoni et Rangira en zone Gahabura.

Sur cette dernière colline, l’administrateur communal a signalé qu’au moins cinq hectares de bananiers ont été abîmés et quinze maisons détruites.

Ce qui est surprenant, selon les sources sur place, ces pluies du jeudi 19 septembre 2024, vers 17 h, qui ont causé tant de dégâts n’ont duré qu’entre 30 et 40 minutes.

Le même jour, dans la commune de Murwi de la même province, une église et trois salles de classe sur la colline Remera, zone Buhayira n’ont pas résisté à ces pluies torrentielles. Plusieurs hectares de champs agricoles ont aussi été détruits.

Kayanza n’a pas aussi échappé à cette violence. A Gatara, des pluies tombées dans la journée du 21 septembre ont causé des dégâts. Selon Sylvane Gakuyano, administrateur, sur la colline Munini, la toiture du dortoir des garçons au Lycée Technique a été détruite. « Des cahiers, des habits et autres matériels des élèves ont été abîmés. Des matelas aussi ont subi le même sort. Aujourd’hui, ces enfants n’ont pas où dormir.»

Elle précise que ce dortoir a une capacité d’accueil de 155 personnes et que ce jour-là, il y avait 150 élèves. « Heureusement, il n’y a pas eu de blessés.», se réjouit-elle.

Sur la colline Kibenga, poursuit-elle, des dégâts ont été enregistrés à l’Ecofo Bunzogi. Comme bilan, les toitures de cinq salles de classe ont été emportées par les vents tandis que deux autres salles ont été totalement détruites. « Elles méritent une reconstruction totale. »

Sur la colline Karurusi, Mme Gakuyano indique que la toiture du bureau du chef collinaire a été détruit ainsi qu’une maison d’un vulnérable.
« En attendant d’autres assistances, nous avons déjà donné 90 tôles au Lycée technique de Maramvya afin que les élèves puissent avoir un espace où dormir. Nous lançons un appel à toute âme charitable de nous venir en aide », lance-t-elle.

Elle signale par exemple qu’à l’Ecofo Bunzogi, des enfants apprennent en plein air. Au Lycée Technique de Maramvya, elle estime qu’il est vraiment très difficile de demander aux parents d’acheter de nouveau des cahiers, des uniformes et bien d’autres matériels scolaires. « Ces enfants ont besoin d’une assistance en matériel scolaire », plaide-t-elle.

Un mauvais signal

Plusieurs hectares de champs agricoles détruits et recouverts de la grêle en commune Mugamba

D’après Tharcisse Ndayizeye, environnementaliste, ces pluies torrentielles mêlées de grêle présagent une saison pluvieuse qui sera marquée par des perturbations pluviométriques. « C’est un signal que la prochaine saison ne sera pas stable. Les temps ne seront pas bons. Déjà, vous constatez avec moi que le mois de septembre va s’écouler sans qu’il y ait le début effectif de la saison pluvieuse. »

Paradoxalement, poursuit-il, quand les pluies tombent, il y a des dégâts énormes, des destructions dans un laps de temps.

Il estime que de tels phénomènes sont des conséquences du dérèglement climatique. « Le volume de pluies qui devait s’étendre sur un ou deux mois peut tomber dans une journée, une heure et il cause d’énormes pertes matérielles, voire humaines. »

M. Ndayizeye trouve qu’il y a moyen de limiter les dégâts et de s’adapter. A ce niveau, le rôle de tous les acteurs et des services chargés des prévisions pluviométriques est nécessaire. C’est le cas de l’Institut géographique du Burundi, Igebu, qui, selon lui, doit rendre disponibles les données sur les prévisions pluviométriques afin de servir de référence aux agriculteurs, aux éleveurs et à bien d’autres acteurs. « Si ces données sont vraies, cela éviterait que les agriculteurs se mettent à semer alors que la saison pluvieuse n’a pas encore commencé. »

Il faut aussi, ajoute-t-il, que les utilisateurs comprennent ces informations pluviométriques et s’en approprient. « Pour que cela soit une réalité, l’Igebu doit utiliser des canaux ou des voies de communication afin que ces informations arrivent aux utilisateurs. » Quid du rôle des moniteurs, des agronomes et bien d’autres intervenants dans le secteur ?

D’après M. Ndayizeye, dans le contexte actuel de changement climatique et de perturbation pluviométrique, ces derniers doivent montrer aux agriculteurs les types de cultures qu’il faut pratiquer selon les situations. « Des cultures adaptées aux fortes pluies ou aux faibles précipitations ? Parce que toutes les cultures n’ont pas le même déficit hydrique. Est-ce que les centres et les instituts comme Isabu (Institut des sciences agronomiques du Burundi) cherchent des semences et des espèces de cultures adaptées au changement climatique ? »

Comme le ciel est devenu imprévisible, il trouve qu’il devait aussi y avoir des stocks de secours et de solidarité nationale. Par exemple, signale-t-il, quand une toiture d’une école est détruite, il faut que des tôles soient rapidement octroyées pour recouvrir les salles de classe. Il en serait de même en cas de destruction des habitations.

Il donne aussi l’exemple d’un agriculteur qui a investi dans le secteur agricole. « Quand ses champs sont détruits suite aux fortes pluies ou aux inondations, y-a-t-il quelque chose qui est prévu pour lui venir en aide ? y-a-t-il un fonds pour indemniser ceux qui ont contracté des crédits agricoles ? Les banques s’y prennent comment ? »

Il souligne enfin que dans un pays où plus de 90 % de la population vit de l’agriculture, des stratégies devaient être élaborées afin de s’adapter aux effets des perturbations climatiques.
En ce qui est des constructions, M.Ndayizeye trouve qu’il est aussi impératif de construire des infrastructures adaptées, résilientes. « Il faut éviter les zones à hauts risques. »

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