Roses rouges naturelles et surtout artificielles « made in China », cartes de vœux, paquets de cadeaux avec des variétés de chocolats et autres friandises, tel était le menu proposé dans la capitale Bujumbura par les fleuristes et les marchands ambulants. Mais il est difficile de fêter en cette période d’austérité.
<doc3005|left>En se promenant dans les rues de la capitale, on est submergé par ces couleurs tendant toutes vers le rouge. C’est la Saint Valentin. Le moment pour les uns de faire des affaires. Le nombre de marchands ambulants augmente visiblement. Ils ne proposent pour l’occasion que des articles "Saint Valentin".
Pour la plupart des fleuristes rencontrés, le 14 février, c’est pour tous les âges: des jeunes et des moins jeunes. « Personne ne reste indifférent mais chacun fête la Saint Valentin à sa manière. Il y en a qui veulent rester discrets, ils n’offrent même pas de fleurs. D’autres les offrent mais en prenant tous les soins pour ne pas être trop vu, comme si c’était honteux de déclarer sa flamme », raconte une fleuriste.
Mais la frénésie des années passées n’était pas au rendez-vous. Peu de gens s’arrêtent pour acheter les cadeaux. Les seuls qui jetaient un coup d’œil curieux pour demander le prix de tel ou tel autre article ne faisaient que de la lèche-vitrine. « C’est curieux d’acheter un bouquet de fleurs à 15.000 Fbu, au moment où il est devenu difficile, ces derniers jours, d’avoir 5.000 Fbu pour se payer deux bouteilles d’Amstel et une brochette », s’exclame un passant surpris par le prix des articles proposés pour la Saint Valentin.
Les sermons liés à la Saint Valentin ont calmé les ardeurs
Interrogés, les fleuristes et les petits vendeurs ambulants sont tous unanimes : les ventes se font au compte goutte. D’après la responsable de la « Tulipe », une maison qui vend des fleurs et d’autres accessoires pour le décor, la pauvreté actuelle en est la cause. « On n’a plus d’argent pour s’amuser, mais il se peut aussi que les enseignements et les sermons liés à la Saint Valentin donnés ces derniers temps diminuent certains élans et ardeurs! »
Le père Amando, du Foyer de Charité, explique que ces enseignements visent plutôt à changer l’image de la Saint Valentin qui est devenue selon lui, un jour consacré à des choses peu recommandables, peu catholiques.
De la signification de cette fête, les avis sont partagés. Elie, un jeune homme rencontré sur le marché est catégorique : « La Saint Valentin est un jour comme les autres, l’amour, ça se fête tous les jours ». Ce n’est pas l’avis de Donald, qui venait d’acheter une rose pour sa bien-aimée, « c’est une journée spéciale, une occasion particulière de redire à l’élue de son cœur, combien on l’aime ».
Datant de l’Antiquité, La Saint Valentin était à l’origine, une fête de l’Eglise catholique romaine honorant un prêtre martyr du nom de Valentin. Sa date avait été fixée par décret du Pape Gélase 1er. Dans la Rome antique, cette fête s’appelait Lupercales ou festival de Lupercus, dieu de la fertilité. Elle a été longtemps célébrée comme une fête de célibataires et non de couples.
Pendant la fête, les jeunes filles se cachaient et attendaient que de jeunes célibataires mâles viennent les retrouver. A l’issue de ce jeu, les couples formés étaient appelés à se marier dans l’année. Cette fête a commencé à être associée à l’amour courtois au milieu du 14ième siècle en Angleterre où les amoureux échangeaient des « billets doux », en s’appelant Valentin.