Les lieux de vente des fleurs en mairie de Bujumbura ne sont pas animés ce jeudi 14 février. Vers 17h, devant la plupart des boutiques, des fleuristes devisent, guettant l’arrivée d’un client éventuel.
A l’endroit situé à la jonction de la chaussée Prince Louis Rwagasore avec l’avenue de la JRR, près de l’ex Athénée primaire, des dizaines de jeunes gens confectionnent des bouquets. Ils font l’assemblage des fleurs, pour la plupart au couleur rouge, la couleur préférée de la Saint Valentin.
Des clients arrivent au compte-gouttes. Deux, trois, quatre fleuristes accourent, rapidement, pour accueillir les arrivants. Une compétition des prix et de qualités est lancée. «Cela n’arrivait pas normalement à la Saint Valentin», marmonne un boutiquier des environs, pointant du doigt cinq fleuristes groupés autour d’un véhicule, type probox, qui débarque.
Même situation au magasin T 2000, situé sur le boulevard de l’Uprona. Cinq fleuristes ambulants jouent à cache-cache avec des forces de sécurité devant cette boutique. Ils sont là pour attirer, en avance, les clients qui viennent s’approvisionner dans ledit magasin. «Morbleu, les temps ont changé», se désole l’un d’eux qui affirme n’avoir eu aucun client depuis plus de 4 heures.
La majorité de fleuristes interrogés indiquent qu’ils ne sont pas du tout enthousiasmés par la Saint Valentin de cette année. «L’affluence des clients diffère de celle des années antérieures», disent-ils en chœur. Les années passées, les lieux de vente étaient bondés de clients dans les heures d’après-midi.
«Nos clients n’ont pas de moyens», estime un jeune homme, la trentaine, qui confie : «Comparativement à l’année 2018, nous avons même réduit les prix des bouquets de 5 mille BIF à 4 mille ou de 3 mille à 2500 BIF. Mais visiblement, c’est peine perdue, les gens ne n’achètent pas».
Néanmoins, contrairement aux autres, un autre en face de l’ex Athénée, se réjouit. «La chance m’a souri. J’ai déjà gagnée plus de 120 mille BIF. A la même heure, l’année passée, je n’avais pas encore eu 20 mille.»
De leur côté, certains des clients rencontrés sur les lieux de vente avouent qu’ils sont sans ressources. F.M, un jeune ressortissant du quartier Ruziba, venu acheter un bouquet pour sa mère, n’en revient pas : «J’ai trois mille, je pensais qu’avec ce montant, j’allais trouver un bouquet. Mais ils m’ont demandé 4 mille. Maintenant, je vais rentrer bredouille.»