La partie de l’émission hebdomadaire, « Club de la presse », qui traite des thèmes en rapport avec l’exercice de la profession journalistique, a été réservée au cas de la Radio publique africaine(RPA) qui a été obligée de se séparer de son correspondant dans le sud du Burundi, Juma Kagoma, « pour avoir monnayé un reportage ».
De l’avis de Frank Kaze, un consultant à la RPA, «les journalistes ne sont pas des surhommes. L’erreur les guette aussi. Dans le cas de Juma Kagoma, il s’est rendu coupable d’une négociation allant dans le sens de passer ou ne pas passer une information. Ce genre de fautes professionnelles est devenu fréquent, car il s’agit de la seconde personne à être mise à la porte par la RPA. La première personne a usurpé une identité. C’est d’autant plus grave que les détracteurs de la profession journalistique risquent de mettre en doute notre engagement réel à être des champions de la transparence. Mais qu’à cela ne tienne, il faut féliciter une radio comme la RPA qui est en train d’assainir ses rangs. Nous punissons, sanctionnons et le disons, quand il y a faute. Cela va certainement amener d’autres journalistes à réfléchir par deux fois avant de pécher contre l’éthique et la déontologie. »
Valléry Muco, journaliste à la radiotélévision nationale du Burundi(RTNB), de son côté, a salué la direction de la RPA pour avoir balayé devant sa porte. Quand il faut dénoncer la corruption sans balayer devant sa porte, cela risque de porter atteinte à l’image de marque des médias. On va dire que nous ne savons que dénoncer les autres. On peut aussi dire un mot des difficiles conditions de travail des journalistes, même si ce n’est pas une raison d’être corrompu. Disons-le, encore une fois, l’important est ce courage de la RPA qui a reconnu la faute et sanctionné le journalisme alimentaire. Et puis, qu’on se le dise aussi, la corruption ne se fait pas que par l’argent. Il y a aussi la récupération politique, l’achat des consciences qui est autre une forme de corruption. Pis encore, le fait de cacher la vérité au public, faire de la propagande, falsifier l’information sont autant de formes déguisées de corruption.
Edouard Madirisha, journaliste à l’hebdomadaire Iwacu, quant à lui, a conseillé de s’en tenir à l’éthique en tous lieux et circonstances avant de féliciter la RPA qui a fait montre de courage en se séparant de son journaliste fautif. Sinon, il faut absolument se garder d’associer l’éthique et les conditions de travail. C’est dangereux parce qu’il n’y a pas que les journalistes qui sont mal payés dans ce pays. Il faut surtout s’armer d’une conscience professionnelle à toute épreuve. Dans le cas d’espèce, le correspondant de la RPA a fait pire en demandant de l’argent pour modifier une information qui avait été déjà diffusée. Les per diem sont également un autre fléau qui risque de ternir l’image de la corporation journalistique.
Hugue Nkengurutse, journaliste à la Télé-Renaissance, pour sa part, est revenu sur d’autres lacunes qui s’observent dans l’exercice du métier journalistique. Il y a de faux journaux et de faux journalistes. D’autres se mettent carrément au service des politiciens, sans souci du professionnalisme et font donc de la propagande.