Alors que le monde entier célébrait ce jeudi 19 novembre « la journée des toilettes », à Ngagara, une route est devenue une toilette publique. Au grand désespoir des passants et des commerçants qui tiennent des stands.
La route est connue. C’est le prolongement de l’avenue de l’agriculture en terre battue. Elle passe devant les entrées des bureaux des agences de transport Volcano, Memento et Tramwex dans le quartier industriel de la zone Ngagara, en mairie de Bujumbura.
Tout près des clôtures des bâtiments, de part et d’autre de la route, des mauvaises odeurs se font sentir. « Actuellement c’est tolérable, car c’est la saison des pluies, je te le dis en saison sèche tu ne peux pas résister 10 minutes ici », jure Melance, un conducteur de vélo-taxi.Pourtant, des écrits sur les murs sont lisibles. « Il est interdit d’uriner ici. Mais on dirait que les passants ne savent ni lire ni écrire, surtout les vendeurs ambulants », se lamente Claudine Kwizera, qui détient un kiosque de vente de cartes de crédit téléphonique. Elle raconte que toutes cinq minutes au moins, un vendeur, un passant, un inconnu, un porte-faix, vient se soulager sur le mur d’à côté. Elle vit le calvaire à cause d’une odeur nauséabonde permanente de pipi.
La cherté de l’accès aux toilettes publiques
Les vendeurs ambulants sont les plus pointés du doigt. Et une vendeuse de fruits de compatir : « Pour avoir accès à une toilette publique il te faut débourser 200 BIF. Si chaque fois que tu sens le besoin de te soulager tu vas payer, ça signifie que tu travailles pour le propriétaire des sanitaires ». Réaliste, elle estime que les moins nantis n’ont pas le choix. Ils vont se soulager n’importe où. « La solution serait de construire des toilettes publiques gratuites », renchérit une autre personne. Néanmoins, elles sont conscientes que leur santé est en danger : « Il arrive que nous sentions des nausées, des ballonnements de ventre, mais que pouvons-nous faire, on doit travailler pour faire vivre nos enfants. »
Le chef de zone Ngagara, Franck Ernest Ntandikiye, demande à ces petits commerçants de chercher des places dans des lieux où se trouvent des sanitaires publics. « Ils exercent leurs commerces dans un lieu illégal ».
Lors de célébration de la journée internationale des toilettes en commune Itaba de la province Gitega, le ministre de la Santé et de la lutte contre le Sida a indiqué que 2,2 % des Burundais font encore leurs besoins dans la nature. Il a demandé de cesser « cette mauvaise pratique de se soulager en plein air. »