Longeant la rivière Ntahangwa, l’avenue Sanzu reliant Mutanga Sud et Mugoboka est coupée. Les maisons environnantes sont aussi menacées. Certains habitants ont même commencé à déménager.
Une barrière métallique bloque l’avenue Sanzu à l’entrée de la sous-colline Mugoboka. Des voitures sont garées derrière cette barrière. Des Tuk-Tuk déposent les vendeuses de fruits et légumes avec leurs marchandises. Elles ne peuvent plus joindre le petit marché de Mugoboka II avec ce moyen de locomotion.
La route est totalement impraticable. Sauf les piétons, aucune voiture n’est autorisée à passer. «Nous avons décidé de bloquer l’avenue dans le but d’éviter que les voitures ne détruisent ce qui en reste. C’est la seule route qui dessert notre quartier», souligne Pierre Nimbona, adjoint du chef de quartier Mugoboka.
D’énormes fissures sont visibles sur cette avenue. Le ravin se trouve à quelques 10 m des maisons longeant la rivière Ntahangwa. «Nous sommes complètement déboussolés», confie Charles Rwangarambe, un habitant du quartier Mutanga Sud. Selon lui, les maisons vont s’effondrer une à une si rien n’est fait.
«Certains propriétaires des maisons longeant cette route ont déjà déménagé. Nous aussi, nous allons le faire très prochainement», raconte un autre habitant de ce quartier. Les habitants de ces deux quartiers indiquent qu’ils ont essayé, avec leurs maigres moyens, de protéger la rive menacée. «Nos constructions se sont effondrées comme un château de cartes. C’est un problème qui nous dépasse», assure Charles Rwangarambe.
Et les prix des denrées alimentaires montent
Comme les voitures transportant les marchandises ne peuvent plus arriver à Mugoboka I et II, les portefaix ont trouvé un travail très lucratif. Les vendeurs sont obligés de les payer pour le transport des marchandises depuis la route coupée jusqu’au quartier Mugoboka. Dans la foulée, les prix des denrées alimentaires commencent à monter.
« Pour transporter un sac de charbon jusqu’à ma boutique, je dois débourser 1.000 Fbu de plus. Je suis obligé de majorer moi aussi le prix», indique un vendeur de charbon.
Il en va de même pour Claudette Nahishakiye, vendeuse de légumes. «Nous travaillons à perte car nous sommes obligés de payer des frais supplémentaires.» Les clients, quant à eux, parlent d’aller voir ailleurs.
A quand la réhabilitation?
«Il faut une intervention rapide afin de stabiliser ce qui reste. A défaut de pouvoir faire les grands travaux nécessaires», demande Charles Rwangarambe. Les habitants n’en peuvent plus. « Les autorités sont au courant depuis belle lurette. Nous avons toujours crié au secours sans succès. Il faut qu’ils fassent quelque chose dans les plus brefs délais», clament-ils.
«La question est connue mais je ne sais pas quand elle trouvera une solution car les travaux demandent beaucoup de moyens», indique Issa Désiré Mazimpaka, administrateur de la commune Mukaza. De son côté, il assure qu’il a déjà pris des mesures notamment la fermeture de la route pour les véhicules afin de limiter les accidents. Il conseille aux riverains de la rivière Ntahangwa de reboiser les rives. « Il y a une pépinière publique et les arbres sont donnés gratuitement».
Le porte-parole du ministère de l’Environnement, Omer Niyonkuru, fait savoir que des études sont en cours afin de trouver une solution durable à ce problème car «c’est une zone à haut risque où s’observe des éboulements.» Il rassure la population que des travaux d’urgence vont commencer sans toutefois donner une date.