Les femmes victimes des différentes tragédies au Burundi évoquent la réparation comme une question épineuse. Un appel est ainsi lancé à l’Etat et à la CVR de bien mûrir cette question.
Elles ont tout vu, subi et enduré : le veuvage, les violences sexuelles… elles se battent contre vents et marais pour élever seules les orphelins, etc. Fin 2014, la CVR a vu le jour. Ainsi, ces femmes demandent d’être réhabilitées dans leurs droits. « Quand tu es devenue veuve, que ta maison est détruite et que tu es obligée de partager une chambrette avec des orphelins, la vie devient insupportable », déclare Jacqueline Sindayirakira, présidente de l’Association des veuves et orphelins (Avod). Malgré l’existence d’une rubrique en rapport avec la réparation dans la loi sur la CVR, elle estime qu’elle est lacunaire sur la réparation individuelle. Adèle Ahishakiye, membre de l’Avod, mentionne que la réparation permettrait de se sentir encore humain : « Aujourd’hui, nous sommes encore taxées d’être des femmes des « Bamenja », tandis que d’autres accusent certains d’être des planificateurs de génocide, alors que la CVR n’a pas encore fait son travail. » Pour elle, au Burundi, la crise a touché tout le monde d’une façon ou d’une autre. Ainsi, l’Avod ne distingue pas les victimes Hutu, Tutsi ou Twa. Un Centre d’appui et de réflexion aux associations des victimes (CARAVI) a été mis en place pour former un front commun des victimes.
Mme Ahishakiye donne l’exemple du Rwanda où lors d’une visite, les femmes victimes ont constaté que des orphelins sont pris en charge par l’Etat dans la scolarisation, etc. Au Burundi, déplore-t-il, ils ne se contentent que du minimum. D’où son appel à l’endroit de l’Etat pour aider les veuves à éduquer leurs enfants.
Même son de cloche chez la femme rurale. La terre semble être une préoccupation, en ce qui est de la réparation. Francine Bahati, mère de trois enfants, de la colline Ruhagarika, commune Buganda, en province Cibitoke, est d’avis que l’Etat devrait octroyer des terres aux femmes victimes des violences sexuelles durant la guerre. « Elles devraient également bénéficier d’un soutien de l’Etat pour faire des études et avoir du travail », insiste-t-elle.
Quant aux traumatisées suite à la guerre, Jeanine Ntahishingiye, de la même localité, estime qu’il doit y avoir une commission pour statuer sur ces cas. « Il faut engager des psychologues et faire une enquête pour les identifier. »
Assoiffées de la vérité et de la justice
« Espérons que la CVR parviendra à nous montrer la vérité », souligne Adèle Ahishakiye, tout en indiquant que les femmes ont bien accueilli sa mise en place. De son côté, Claudine Nahayo, de la colline Rugarika, commune Buganda, en province Cibitoke, déclare que seule la vérité préviendra de retomber dans des violences. Selon elle, les femmes sont prêtes à témoigner. A cet effet, l’Avod mène des séances de sensibilisation à leur endroit. « C’est vrai que certaines victimes ont peur, mais nous irons dans toutes les provinces pour les inciter à parler. » Elle déplore, cependant, des lacunes dans la loi sur la CVR : « On se demande si c’est possible de protéger les témoins dans tout le pays. »
Ces femmes réclament également la justice. « L’impunité est à la base de la régression de notre pays. Cela a facilité la répétition des crimes », lâche Jacqueline Sindayirakira, précisant que l’absence des compétences judiciaires de la CVR est une lacune importante.
Pour elle, la vérité constitue la première étape et si c’est possible, cette commission devrait demander que la justice soit insérée dans ses missions. Pour sa réussite, Mme Sindayirakira supplie les commissaires de ne pas se laisser manipuler par certains politiciens pour des intérêts sectaires. Néanmoins, elle ne s’oppose pas au pardon. « Mais il doit être demandé après la découverte de la vérité ! »
Eclairage de la CVR
Face aux demandes des femmes victimes, Père Désiré Yamuremye, un des commissaires de la CVR, indique que cette commission proposera une voie de réparation. « Nous savons que cela figure dans notre mission, mais il faut distinguer ‘réparer’ et ‘payer’ », souligne-t-il, précisant qu’il est impossible d’avoir des réparations pour toutes les victimes. La réparation restera symbolique, selon lui. Et de donner l’exemple des pays comme l’Afrique du Sud, la Sierra Léone : « On a donné un peu d’argent et les gens sont rentrés réconfortés. » C’est aussi le cas des veuves de 1972 qui ont eu leur part de cotisations à l’Institut National pour la sécurité sociale (INSS). « Des mamans rentraient joyeuses, alors qu’elles n’ont reçu que 242.000Fbu, et ce après plusieurs années ».
Concernant la justice, Père Désiré Yamuremye souligne que les victimes déposeront des plaintes. Après, la commission mènera ses propres enquêtes et organisera également des confrontations. Il reviendra aux destinataires du rapport (ONU et Etat burundais) de conclure qu’il y a eu des crimes impardonnables et de décider la mise en place d’un tribunal. Par ailleurs, explique-t-il, dans des pays où la commission et le tribunal ont travaillé concomitamment, les gens ont eu peur de témoigner. En Sierra Léone, il indique que seule une vingtaine de personnes ont témoigné. Du reste, il signale que cette commission travaillera en collaboration avec cinq experts onusiens. C’est ce qui ressort d’un accord entre l’Etat et l’ONU.
Certains de nos chefs d’Etat et ministres (actuels et anciens) sont fautifs ! Il faut les débusquer et les juger ! Le peuple n’a jamais planifié les tueries ! Les dirigeants les utilisent et malheureusement l’exécutant est le seul à en subir les conséquences. A quand le tour des concepteurs d’être confrontés à leur forfait ?
« Mme Ahishakiye donne l’exemple du Rwanda où lors d’une visite, les femmes victimes ont constaté que des orphelins sont pris en charge par l’Etat dans la scolarisation, etc »
L’exemple du Rwanda n’est pas à imiter. Peut-être que vous n’avez pas pris le temps de vous informer, au Rwanda, les seules victimes qui sont prises en charge sont d’une seule ethnie. Les autres victimes appartenant à une ethnie différente n’oseraient même pas prétendre à une assistance au risque de se retrouver en prison sur inculpation de négationnisme et minimisation du génocide, car tous les Rwandais qui ne sont pas de la « bonne ethnie » sont considérés collectivement comme des génocidaires. Le seul droit qu’ils ont, c’est de demander pardon éternellement, même ceux qui n’étaient pas encore nés au moment du génocide.
Je ne pense donc pas que ce soit un modèle à venter, au contraire.
Cher Mukizwa, si on paie pour une seule ethnie, c’est qu’elle est la seule a avor ete l’objet d’un genocide, qui est par ailleurs reconnu par les Nations Unes. Pour le reste de la population, il y a des mecanismes d’appui notamment aux plus vulnerables( voir l’Ubudehe). Ne raconte donc pas de betises et informe toi avant d’en publier.