Mercredi 25 décembre 2024

Politique

«La réouverture du dossier sur l’assassinat du président Ndadaye, simple manipulation politique»

02/12/2018 Commentaires fermés sur «La réouverture du dossier sur l’assassinat du président Ndadaye, simple manipulation politique»
«La réouverture du dossier sur l’assassinat du président Ndadaye, simple manipulation politique»
Pierre Buyoya : «Il serait difficile d’imaginer que le régime actuel soit à même de mener une procédure judiciaire, dans une affaire aussi grave, avec un minimum de garanties de crédibilité».

L’ancien président burundais, Pierre Buyoya , aujourd’hui haut représentant de l’Union Africaine au Mali et au Sahel, explique la réouverture du dossier sur l’assassinat du président Ndadaye, treize ans après l’accession du Cndd-Fdd au pouvoir, par des raisons politiques.

«Tout laisse à penser qu’il s’agit d’une simple manipulation politique et d’une nouvelle manœuvre de diversion visant à faire oublier les questions douloureuses non résolues -et elles sont nombreuses- depuis que les autorités ont choisi de tourner le dos à l’Accord d’Arusha pour la paix et la réconciliation», lit-on dans un communiqué qu’il a sorti ce dimanche 2 décembre.

Pour rappel, le procureur général de la République, a lancé récemment des mandats d’arrêt internationaux contre 17 Burundais dont l’ancien président Buyoya. D’après Sylvestre Nyandwi, les éléments de l’enquête à sa disposition prouvent que notamment Pierre Buyoya pourrait avoir été impliqué dans l’assassinat de son successeur.

Cette réouverture, poursuit l’ancien chef d’Etat, intervient au moment où face aux multiples sollicitations de la communauté internationale, le gouvernement a «choisi de s’emmurer délibérément dans le refus du dialogue pour résoudre la crise qu’il a lui-même provoquée et qu’il alimente depuis 2015».

Le tombeur du président Bagaza craint que le pays ne tombe de nouveau dans les clivages basés sur des ethnies : «La justice risque, une fois de plus, d’être instrumentalisée à des fins purement électoralistes, au risque de ramener le pays dans les conflits et les haines ethniques».

Et aussitôt de souligner que Bujumbura n’est pas en mesure de garantir en ce moment un procès en bonne et due forme : «Compte tenu des records enregistrés ces dernières années en matière de violation des droits de l’Homme, il serait difficile d’imaginer que le régime actuel soit à même de mener une procédure judiciaire, dans une affaire aussi grave, avec un minimum de garanties de crédibilité».

Le président Buyoya appelle à un travail de recherche de la  vérité qui consolide l’unité des Burundais. «L’oeuvre de  vérité, d’établissement des faits et de justice doit être conduite dans la dignité, la sérénité, l’équité, la neutralité et non dans un esprit de division, d’instrumentalisation de la justice et de manipulation de la mémoire à des fins qui ne répondent ni à la cause d’une paix durable, ni à celle d’une véritable lutte contre l’impunité».

Pour rappel, le président Ndadaye a été assassiné le 21 octobre 1993.  Le président Buyoya, battu suite aux élections du 1er juin de cette année, lui avait remis le pouvoir le 10 juillet.

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