Mercredi 25 décembre 2024

Économie

La réfection de la route Bugarama–Bujumbura : un impératif

Consommateurs et opérateurs économiques se lamentent des conséquences de la trajectoire que doivent emprunter les poids lourds pour arriver à Bujumbura depuis les inondations de février. L’office des Routes tranquillise.

Un poids lourd en provenance de la Tanzanie au niveau de Kamesa sur la RN7, à plus ou moins 3 km du sud de la capitale ©Iwacu
Un poids lourd en provenance de la Tanzanie au niveau de Kamesa sur la RN7, à plus ou moins 3 km du sud de la capitale ©Iwacu

Un surplus de 90 km, soit plus ou moins 100 litres de carburant ; 4 heures de plus pour passer de Kobero à Bujumbura. Voilà ce que coûte le détour que doivent effectuer les camionneurs qui empruntaient la route Bujumbura-Bugarama. Ces chiffres sont donnés par un chauffeur tanzanien.Il dit qu’une fois entrés au Burundi par le poste frontalier de Kobero, les chauffeurs abandonnent la RN6 (Ngozi- Muyiga) pour emprunter la RN12 (Muyinga-Gitega).
Arrivés à Gitega, les camionneurs peuvent emprunter la route en terre battue Gitega-Mwaro- Nyakararo pour enfin descendre à Bujumbura par la RN7 (Bujumbura- Rutovu-Gitaba). Il peut aussi choisir de rester sur les routes bitumées. Ils optent alors pour le détour qui consiste à continuer le trajet par la RN8 (Gitega-Rutana) et prendre enfin la RN7 au niveau de Gitaba (Rutana) pour descendre à Bujumbura par le sud du pays.

Les camions qui entrent au Burundi par le poste frontalier Burundi-Rwanda de Gasenyi (Nord-Est) effectuent des détours encore plus importants.
Les chauffeurs qui font dix heures depuis Kobero jusqu’à Bujumbura (au lieu de 6 heures comme avant les innondations de février) disent que tout le long du trajet, ils font tout pour lutter contre le stress et la fatigue causés par une forte concentration afin de ne pas perdre le contrôle de leurs véhicules.

Les camionneurs sont encore plus inquiets : « Avec la nouvelle trajectoire, il s’observe de multiples points de fissure de la chaussée sur la RN7, entre Ijenda et Bujumbura. Nous craignons que le pire puisse arriver. La route finirait par devenir impratiquable », témoigne un groupe de chauffeurs tanzaniens rencontrés à la gare routière, près du lac Tanganyika.

Manque à gagner chez les transporteurs

Antoine Muzaneza, le président de l’Association des Commerçants du Burundi (ACOBU) affirme que le chauffeur fait alors 160 km de plus, soit plus ou moins 150 litres de carburant.
Un importateur qui a requis l’anonymat trouvé au siège de la Chambre Fédérale du Commerce et de l’Industrie dit que la déviation occasionne un surplus de carburant compris entre 300 à 400 litres par véhicule.

Noël Nkurunziza, président de l’ABUCO-TI Burundi ©Iwacu
Noël Nkurunziza, président de l’ABUCO-TI Burundi ©Iwacu

Augmentation de prix d’au moins 4% sur le marché

D’après M.Muzaneza, les prix sur le marché ont augmenté d’au moins 4% à la suite du nouveau parcours. Il donne l’exemple du prix du pétrole à la pompe qui est passé de 2250 à2330 Fbu.
Il cite aussi d’autres produits sensibles importés dont les prix se sont envolés. C’est notamment le ciment, les profilés et le fer à béton, bref tous les matériaux de construction.

Le commerçant qui a requis l’anonymat dit qu’il y aurait une flambée de prix de 20% mais précise : « C’est trop difficile d’évaluer l’impact du détour sur les prix à la consommation. La hausse des prix est due essentiellement à la dévaluation de la monnaie, au tonnage de chargement qui est passé de 80 à 28 tonnes par camion dans la zone EAC, au pouvoir d’achat très faible des Burundais, au manque de devises, etc. »
A l’Association Burundaise des Consommateurs – Transparency International Burundi (ABUCO- TI Burundi), Noël Nkurunziza dit que l’impact de la déviation sur le prix à la consommation est réel mais que son association n’a pas encore mené une étude ad hoc.

La réfection de la RN1 est pour bientôt

Comme solution à ce problème, M. Muzaneza joint sa voix à celle des transporteurs pour demander au gouvernement la réfection urgente du tronçon Bugarama-Bujumbura.
« Les travaux sur la RN1, tronçon Bujumbura –Bugarama pourront débuter au mois de juillet. Ils dureront quatre mois», fait-on savoir à la direction générale de l’office des routes (ODR). Cet office indique en outre qu’une somme de 7, 5 milliards est en train d’être collectée pour cette fin. D’après cette source, c’est la société CHIKO qui effectura les travaux. C’est la même société qui est en train d’exécuter les travaux les plus urgents sur ce tronçon.

Forum des lecteurs d'Iwacu

5 réactions
  1. KABADUGARITSE

    Il suffirait que l’État mette à contribution tous ces exploitants de minerais, surtout de l’or de Kamaramagambo, que le financement d’autres projets sans grande urgence soit gelé, pour obtenir ce financement. Le Chef de l’État pourrait aussi puiser dans sa « caisse à cadeaux » pour arriver à obtenir les milliards nécessaires. Quand il y a urgence, en l’occurrence le déplacement des biens et des personnes, il faut accepter des sacrifices.-

  2. ndunduro

    e demande à l’ODR de disponibiliser la note indiquant le tonnage à ne pas dépasser au niveau de tous les postes douaniers des frontières et dans toutes les sociétés de productions pour protéger nos routes. Ceci est nécessaire puisque on observe encore des camions qui entrent au Burundi et passent sur nos routes avec plus de 100 tonnes. J’ai assisté à cela et quand j’ai demandé le pourquoi, la réponse a été qu’il n’y avait pas de note sur laquelle se référer.

  3. ndunduro

    Je demande à l’ODR de disponibiliser la note indiquant le tonnage à ne pas dépasser au niveau de tous les postes douaniers des frontières pour protéger nos routes. Ceci est nécessaire puisque on observe encore des camions qui entrent au Burundi et passent sur nos routes avec plus de 100 tonnes. J’ai assisté à cela et quand j’ai demandé le pourquoi, la réponse a été qu’il n’y avait pas de note sur laquelle se référer.

  4. Mukasemugisha

    Ayo mabarabara arakwiye gusubirwamwo yose nayo ahandi ho igihugu cacu kiguma kihahombera!Ariko ayo mafranga azova he ga yemwe ko abahora bafasha Uburundi baduhezeko?

    • innocent Guiltless

      garuka President BAGAZA ubundi ho ntaco muzohakura.

A nos chers lecteurs

Nous sommes heureux que vous soyez si nombreux à nous suivre sur le web. Nous avons fait le choix de mettre en accès gratuit une grande partie de nos contenus, mais une information rigoureuse, vérifiée et de qualité n'est pas gratuite. Nous avons besoin de votre soutien pour continuer à vous proposer un journalisme ouvert, pluraliste et indépendant.

Chaque contribution, grande ou petite, permet de nous assurer notre avenir à long terme.

Soutenez Iwacu à partir de seulement 1 euro ou 1 dollar, cela ne prend qu'une minute. Vous pouvez aussi devenir membre du Club des amis d'Iwacu, ce qui vous ouvre un accès illimité à toutes nos archives ainsi qu'à notre magazine dès sa parution au Burundi.

Editorial de la semaine

Que la compétition politique soit ouverte

Il y a deux mois, Iwacu a réalisé une analyse de l’ambiance politique avant les élections de 2020 et celles à venir en 2025. Il apparaît que la voix de l’opposition est presque éteinte. Il n’y a vraiment pas de (…)

Online Users

Total 1 524 users online