Les avis des politiques sont loin de faire l’unanimité au sujet de la prorogation du mandat de la commission d’enquête sur les violations des droits humains au Burundi. Ils réagissent à la suite de sa reconduction, vendredi dernier, par le Conseil onusien des droits de l’Homme, lors de sa 42è session.
«Dans les pays comme le Burundi où la démocratie ne s’est pas encore consolidée, les violations des droits humains ne peuvent pas manquer, particulièrement en cette période électorale», analyse Térence Manirambona, porte-parole du parti CNL. Il évoque une intolérance politique persistante. « Il est fondamental que ces violations soient rapportées, connues, pour que les décideurs puissent prendre des mesures adéquates».
Toutefois, ce responsable politique plaide pour la collaboration entre cette commission et Gitega. «Car il faut une lecture commune des faits. Le respect des droits humains concerne tous». C’est en ce moment, dit-il, que les conclusions des enquêtes auraient des effets positifs, dans le sens où l’autorité compétente en tiendrait compte.
De son côté, le parti Radebu s’inscrit en faux contre cette reconduction. «Les rapports de cette commission ternissent l’image du Burundi aux yeux de ceux qui ne connaissent pas la vérité», déplore Jean de Dieu Mutabazi, le président de ce parti. «Une situation qui impacte négativement notamment les investissements étrangers au Burundi ainsi que le secteur du tourisme».
«Une commission guidée par des mobiles politiques»
Pour lui, le renouvellement du mandat de la commission Diène s’inscrit dans la poursuite du combat engagé contre la démocratie et la souveraineté du Burundi. «Certains pays opposés au renforcement de la démocratie burundaise n’ont pas désarmé depuis 2015».
S’agissant de la collaboration entre la commission et Gitega, Mutabazi n’y va pas de main morte : « Il sera toujours difficile aussi longtemps que les membres de cette commission seront guidés par des mobiles politiques». Il appelle au renforcement des mécanismes nationaux de prévention des droits de l’homme. «Ce sont eux qui ont un impact réel et perceptible sur terrain».
Le renouvellement du mandat de la commission onusienne d’enquête sur les violations des droits de l’homme au Burundi a été voté avec 23 voix POUR, 11 abstentions et 13 contre. Le conseil des droits de l’Homme de l’ONU se dit gravement préoccupé par les conclusions de cette commission. Elles font état de violations des droits de l’Homme qui «continuent d’être commises par les forces de sécurité burundaises et les Imbonerakure dans un climat d’impunité généralisé».