La Commission Vérité et Réconciliation (CVR) a organisé le vendredi 7 mars, une conférence-débat sur les conditions de la réconciliation au Burundi, mettant en lumière les défis persistants et les divergences de vues.
Entre appels à la publication des noms des coupables des violences passées, demandes de reconnaissance officielle de ’’génocides’’ et inquiétudes sur la durée et la composition de la CVR, les participants ont souligné l’urgence de trouver des solutions pour une réconciliation durable.
Selon le commissaire à la CVR, Pasteur Elie Nahimana, pour le cas du Burundi, les conditions du processus de réconciliation sont entre autres : la connaissance de la vérité, le remord des auteurs, le pardon sincère, la guérison communautaire des traumatismes et la réparation.
Lors de sa prise de parole, l’ancien chef de l’Etat, Sylvestre Ntibantunganya a fait remarquer que ce processus de réconciliation est très important. Selon lui, ce n’était pas la première fois qu’une telle initiative soit organisée : « Il y en a eu en 1984, mais les efforts sont restés vains. La suite a été chaotique », a-t-il rappelé.
L’ancien président a ensuite mis en garde contre les commissions telles que la CVR qui s’éternisent dans leurs missions, car elles risquent de démoraliser la population : « La CVR ne devrait pas excéder trois ans. De plus, il est crucial de ne pas changer les membres de la commission de manière intempestive, car cela déstabilise leur travail », a-t-il insisté.
Le président Ntibantunganya a exhorté la CVR à guérir les esprits des hommes politiques car les crises cycliques qui ont endeuillé le Burundi ont tous été déclenchées par ces derniers.
« C’est l’Assemblée nationale qui gère les commissaires »
Dans sa réponse, le président de la CVR, Pierre-Claver Ndayicariye, a indiqué que cette proposition était réalisable si les ressources financières étaient mises à disposition en temps voulu. « La CVR est un organe technique ».
Toutefois, il a souligné que cette mission nécessite de procéder avec prudence afin d’éviter de laisser des cas non résolus, susceptibles d’avoir des conséquences à l’avenir.
François-Xavier Habimana, président du collectif 1972, a demandé avec insistance à la CVR de rendre publics les noms des coupables du « génocide de 1972 », et que « le gouvernement reconnaisse officiellement le génocide des Bahutu de 1972-1973 ».
Il a également exprimé son étonnement quant à deux commissaires de la CVR à savoir son vice-président Noé-Clément Ninziza et le commissaire Aloys Batungwanayo, qu’il aurait souhaité voir présents dans ce rendez-vous si important.
Dans sa réponse, le président de la CVR, Pierre-Claver Ndayicariye, a répondu que, dans leur travail, « tout le monde peut partir à tout moment. Les commissaires sont gérés au niveau de l’Assemblée nationale, et non pas à la CVR. Le pouvoir qui nomme est également celui qui destitue ».
Pour rappel, l’assemblée nationale a passé aux élections de deux nouveaux commissaires de la CVR le 13 février 2025, en remplacement de Noé Clément Ninziza, vice-président de cet organe et le commissaire Aloys Batungwanayo dans le but de combler le vide laissé par ces deux commissaires démissionnaires.
Cette conférence-débat a bénéficié de la présence de plusieurs personnalités, notamment des cadres religieux et des cadres de la présidence de la République du Burundi.
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