Dernier incident. Au siège de l’ONG locale Parcem (Parole et Actions pour le Réveil des Consciences et l’Evolution des Mentalités), la police a poliment, mais fermement, suspendu une conférence de presse conjointe tenue par Faustin Ndikumana, directeur national de cette organisation et Gabriel Rufyiri, représentant de l’ONG locale Olucome (Observatoire de Lutte contre la Corruption et les Malversations Economiques), fraîchement rentré au pays après 6 ans d’exil. L’incident interpelle.
Selon ces deux hérauts de la bonne gouvernance, ils ne voulaient que donner leurs points de vue sur la récente mesure prise par le super ministre de l’Intérieur, du Développement communautaire et de la Sécurité publique limitant l’espace de circulation des motos, des vélos et des tuk-tuk, les confinant aux confins de la mairie de Bujumbura. Où ils devraient s’agglutiner pêle-mêle.
Ces deux défenseurs des droits des démunis et autres déshérités, qui se sont fait connaître, il y a quelques années, pour leurs campagnes, tambour battant, contre la vie chère, entendaient donner des propositions de solutions et demander au gouvernement de suspendre provisoirement cette mesure aux conséquences multiformes et dévastatrices pour certaines familles moins nanties.
Pour toute réponse : des policiers débarquent avec à leur tête le commissaire de police de la région Ouest Arthémon Nzitabakuze. Quelques brutalités. Un employé de Parcem rudoyé pour avoir pris en photo ces intrus et l’ordre formel d’arrêter la conférence. Argument avancé : elle n’est pas autorisée. Faux, ce genre de conférence ne nécessite pas de permission préalable. Normalement.
Cet incident, puisqu’il faut l’appeler ainsi, a laissé beaucoup de citoyens sans voix. On a beau chasser ou faire semblant d’oublier 2015 et certaines pratiques ou méthodes peu républicaines, encore moins démocratiques, qui ont jalonné cette crise, pour avancer, mais tout revient, au galop. Avec le risque de refroidir le petit espoir né des quelques discours et actions encourageantes du président de la République.
Tout le monde y croit et continue d’y croire, sauf quelques sceptiques. Loin de là toute idée que différentes initiatives du chef de l’exécutif ne seraient qu’un leurre ou des ébauches de changements en trompe-l’œil. C’est comme si l’on n’est pas encore sorti de l’ornière.
Il y a en filigrane ces réminiscences des répressions passées, l’étouffement de toute voix discordante, dissonante, malgré la nouvelle dynamique impulsée par le chef de l’Etat avec sa volonté affichée d’ouverture, de changement, de libérer l’espace public verrouillé depuis 2015.
Des questions et des souvenirs douloureux de ce passé récent qui n’est pas encore passé reviennent à la surface. Obstinés, indélébiles, ils nous hantent, nous tourmentent, ils sont parmi nos pires cauchemars.
Il y en a qui se disent qu’il faut prier, pour ne pas retomber dans les affres de l’intolérance. D’autres se disent qu’il faut toucher du bois et recadrer, réajuster pour continuer sur la même lancée, afin qu’il n’y ait pas rechute. Tous les médecins le disent : une rechute est souvent fatale.
Des dirigeants d’organismes locaux qui organisent des conférences de presse!… En qualité de qui? Donner des entrevues, c’est comprehensible… Et convoquer des conférences de presse? Que peut-on en dire? Personne n’a remis en question leur façon de faire… Ce n’est qu’un signe de mégalomanie! Ou est-ce peut-être une façon d’attirer l’attention et les subventions vers eux!
Regardez-nous! Regaillardez-nous!… Donnez-les à nous ces dollars!
Des activités qu’ils savent pertinement qu’on va les empêcher d’organiser. Bien joué!
Bien joué, Callaghan ! Ce PARCEM et cet OLUCOME, quelle bande de rigolos ! Rigolos prétentieux, qui s’imaginent avoir le droit d’organier une conférence de presse ! Incroyable.
Encore, si cela s’était fait au Cercle Nautique, on aurait compris que c’était une joyeuse plaisanterie, une manifestation de Carnaval attardée. Mais au siège du PARCEM, quelle effronterie !
JerryCan en bêle de solidarité, Gacece.
Pour « organier », veuillez lire « organiser » – on ne devrait jamais viellir avant l’heure. Toutes mes excuses.
@roger crettol
Je sens une pointe de sarcasme à l’égard de mon commentaire!
Ce gens gèrent leurs organismes comme des clubs privés. On n’entend que Faustin Ndikumana et Gabriel Rufyiri… On parle rarement d’autres personnes de leurs organisations respectives… Sauf quand quelqu’un se fait arrêter. Ce ne sont quand même pas des organisations secrètes… d’espionnage?
Pourtant, c’est à de l’espionnage qu’on pense quand on apprend que quelqu’un, qui vient d’être arrêté, travaillait pour eux alors qu’on ne l’avais entendu nulle part ailleurs avant son arrestation!… Et en poussant plus loin, on découvre d’autres liens et affinités : familiaux, amicaux, anciens collègues d’école,… sans parler de toutes sortes de discriminations inavouées.
Quoi? Ils sortent des rapports critiquant l’action gouvernementale… et je n’ai pas encore vu un seul rapport sur leurs activités, sur leurs sources de financement, sur leurs dépenses, leurs états financiers…
Quant au droit d’organiser des conférences de presse, normalement ce sont des politiciens, des artistes et des entreprises qui organisent des conférences de presse… pour faire de la publicité, pour justifier une décision impopulaire, pour faire connaître un projet ou une réalisation artistique…
Alors que quelqu’un rentre au Burundi et convoque les médias pour faire savoir qu’il est de retour… Cela paraît tout simplement comme un club d’amis qui veulent montrer à tout le monde qu’ils sont plus que moins importants!… Voilà c’est dit : de la mégalomanie!
Je trouve que les médias se laissent facilement prendre à leur jeu.
La discussion avec Gacece me semble difficile. Car au moment où tout le monde se pose la question à savoir comment ces petits transporteurs (à vélo, moto, tuk-tuk) et leurs clients vont survivre, Gacece, lui, y voit une question de mégalomanie! Il doit être sur une autre planète où la question de survie ne se pose pas.
@Gacece
Selon la Constitution du Burundi:
Article 31
La liberté d’expression est garantie. L’État respecte la liberté de religion, de pensée, de conscience et d’opinion.
Article 32
La liberté de réunion et d’association est garantie, de même que le droit de fonder des associations ou organisations conformément à la loi.
M. Gacece peut-il contredire l’auteur de l’article, M. Mbazumutima, qui nous rappelle que ce genre de conférence ne nécessite pas de permission préalable. Il est, avouons-le, très bien placé pour le savoir. Nous pouvons donc conclure que cette conférence de presse était organisée conformément à la loi. Dites-nous, M. Gacece, quel article de loi a été enfreint.
@arsène & @Jereve
Vous détournez le sujet. Mon commentaire n’a rien à voir avec la liberté d’expression. Je dénonce la forme utilisée : la conférence de presse. Ils auraient pu sortir un rapport ou un communiqué, et ensuite se faire inviter par un média pour expliquer leur rapport.. mais non, c’est une conférence de presse!
Je n’ai dit nulle part qu’il fallait les empêcher de parler, de s’associer ou d’exercer leur droit d’expression en toute liberté.