La radio scolaire Nderagakura vise à apporter un appui pédagogique aux enseignants. Ses programmes (en français, anglais et swahili) sont censés les aider à mieux dispenser leurs leçons. Mais la plupart des enseignants les jugent inutiles et mal adaptés.
<doc2146|left>« Ces émissions nous font tout simplement perdre du temps. Les membres du Bureau de l’Education Rurale(BER) élaborent les programmes sans nous consulter. Ils ne connaissent ni nos besoins ni ceux des écoliers », déplore I.N., une institutrice.
Habituellement, ces programmes sont diffusés par la radio scolaire Nderagakura. Celle-ci distribue des postes récepteurs dans différentes écoles pour que les enseignants puissent suivre les émissions. La direction de l’école donne l’horaire de diffusion à chaque enseignant. Et chacun doit s’arranger pour écouter obligatoirement l’émission. Il doit ensuite faire un compte-rendu à la direction.
Selon notre interlocuteur, la plupart de ces émissions sont soit diffusées la nuit soit pendant les heures de service. « On travaille très dur la journée. Qui peut se lever en pleine nuit pour écouter la radio ? » s’interroge-t-elle.
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{La radio scolaire Nderagakura a vu le jour en 2000. D’après son directeur, Georges Nzeyimana, son objectif était d’apporter un appui pédagogique aux enseignants. Elle émet dans tout le pays à partir de six émetteurs : Bujumbura, Manga, Birime, Inanzerwe, Mutumba et Kaberenge. On peut même l’écouter dans certains pays limitrophes.
Financé par le gouvernement, elle compte une trentaine d’employés. La radio scolaire Nderagakura bénéficie également du soutien d’autres partenaires, comme la Banque Mondiale (BM) ou le Conseil Norvégien pour les Réfugiés (CNR).}
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De même, arrivés à la maison, beaucoup d’entre d’enseignants s’occupent de leurs familles et n’ont pas le temps de se mettre à l’écoute. Et puis, la plupart n’ont même pas de postes récepteurs à la maison.
Chantal Nahisubije, présidente du Syndicat Libre des Enseignants du Burundi (SLEB), abonde dans le même sens : « Souvent, la diffusion se fait au moment où nous sommes en train d’enseigner. » Pour elle, il est impossible de faire deux choses à la fois. La présidente propose plutôt au BER d’organiser des stages de formations directes aux enseignants, qui pourraient être beaucoup plus efficaces. A défaut, le gouvernement devrait engager des enseignants qualifiés qu’il aurait formés au préalable.
« Il y a quand même un aspect positif »
Vestiane Birunyutse, une autre institutrice, reconnaît, elle, l’importance de ces émissions. Bien que diffusées à un mauvais moment, elles peuvent permettre de corriger certaines erreurs, surtout en swahili et en anglais. L’école devrait s’organiser en sorte que l’enseignant qui doit écouter l’émission, soit libéré de ses obligations.
Malgré toutes les critiques, Sigismond Ndikumana, journaliste et animateur à la radio Nderagakura considère que ces émissions sont d’une grande utilité. Il explique, en outre, que pour vérifier leur impact et leur efficacité, la radio collabore avec différents bureaux pédagogiques. « Aucune insatisfaction de la part des enseignants ne nous a encore été signalée. Mais nous comptons améliorer l’organisation et les horaires », affirme-t-il avant d’annoncer la réalisation prochaine d’émissions en direct. Ce faisant, l’animateur pourrait aider l’enseignant pendant les leçons et, de l’avis de Sigismond Ndikumana toujours, cette initiative permettra d’améliorer la qualité de l’enseignement.
Certes, la radio scolaire Nderagakura vise à apporter un appui pédagogique aux enseignants, mais les deux parties sont loin d’être sur la même longueur d’onde quant à son contenu et à son efficacité. Nderagakura se réfère uniquement aux bureaux pédagogiques, au lieu de mener ses propres enquêtes, en tenant compte des besoins des enseignants et des écoliers. De plus, les moments choisis pour la diffusion des émissions ne sont pas toujours opportuns.