Essentiellement rural, le Burundi est confronté à un problème structurel de gestion de la terre. Une ressource vitale qui se raréfie sous le coup de la croissance démographique galopante. Le gros des dossiers devant la justice sont en rapport avec la question foncière.
Une vidéo de la descente sur terrain du secrétaire général (SG) du parti au pouvoir avec le ministre de l’Agriculture et l’élevage vient de faire la une des réseaux sociaux.
Selon le secrétaire général, les propriétés foncières, tout comme les minerais, sont une richesse commune à tous les Burundais. « Que personne ne dise que c’est sa propriété». En outre, il met en garde toute personne qui vendrait sa propriété à un étranger. « Ceux qui le font cèdent une partie de la souveraineté à un pays étranger. Si nous continuons dans ce sens, nous deviendrons leurs esclaves.»
Selon certains observateurs, c’est un discours populiste, inapproprié, et surtout, une erreur de procédure. En tout cas, un sujet de désaccord…
Les critiques estiment que le secrétaire général s’est ingéré dans les affaires du gouvernement. En principe, C’est le ministre qui devrait être l’animateur principal de la rencontre avec les citoyens.
Ils estiment que soit le SG ignore le fonctionnement d’un gouvernement, soit il se veut chef du gouvernement et chef de parti, bref, «chef d’un parti- Etat. »
La question est plus complexe. Il y a des citoyens burundais qui ont bénéficié des propriétés par emphytéose. « Si le gouvernement du Burundi a accordé des propriétés à ses citoyens par voie emphytéotique, à qui la faute ? » La faute reviendrait au gouvernement qui édicte des lois et non au citoyen qui ne peut pas être servi en dehors de la loi.
Par ailleurs, ces propos ne sont pas de nature à rassurer des ’investisseurs qui peuvent avoir besoin d’une propriété foncière pour installer leurs infrastructures.
Dans son message, le SG annonce une politique de « redistribution des terres » pour que toute propriété soit exploitée. Le risque de spoliation est évoqué. « Selon que vous soyez puissant ou misérable, le jugement de la cour vous rendra propriétaire ou dépouillé. »
Ressource vitale qui se raréfie, la terre constitue de toute évidence un bien convoité. Sa gestion devrait être traitée avec précaution. Et surtout pas que des spéculations politiciennes s’y invitent…