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La problématique de la gestion des terres

05/05/2013 Commentaires fermés sur La problématique de la gestion des terres

Les réfugiés des années 1972,1993 sont en train de rentrer au pays. Ils devraient récupérer leurs terres et leurs biens. Mais certains des nouveaux acquéreurs n’ayant pas où aller préfèrent partager avec les rapatriés. Ce qui n’est pas bien accueilli par quelques rapatriés. Dans la commune Mabanda en province Makamba, les avis divergent sur la gestion de cette question.

<doc6608|right>« Pour résoudre la question des terres entre rapatriés et résidents, un dialogue s’impose », souligne William Nsavyimana, un rapatrié de la Commune Mabanda, tout en ajoutant que cela va nous amener à une bonne cohabitation.
Pour lui, la Commission Nationale des terres et autres biens (CNTB) devrait procéder par des séances d’explication. Car, souligne-t-il, personne ne peut rester dans une terre dont elle est sûre qu’elle ne lui appartient pas.

Mais, c’est à la CNTB de montrer qu’il serait mieux de remettre la propriété. Il indique qu’à l’intérieur de la CNTB, certains cadres travaillent pour leurs intérêts et cherchent seulement à maintenir leurs postes : « Pour qu’on puisse résoudre définitivement cette question, il revient à l’Etat de prendre des mesures en octroyant des terres aux anciens occupants pour que les rapatriés reprennent leurs propriétés », indique-t-il. M.Nsavyimana a récupéré sa maison avec une entente entre le résident et lui.

Notons que cette question des terres dans la province Makamba se présente sous trois formes, comme l’indique l’administrateur de la Commune Mabanda, Côme Butoyi : « Certains ont remis de gré les terres ou les biens, d’autres se sont entendus avec les rapatriés et qui ont procédé à un partage équitable, et enfin, il y en a qui avaient mis ensemble les deux propriétés. C’est cette troisième catégorie qui cause beaucoup de problèmes, puisqu’il y a confusion de limites »
Il souligne que certaines personnes ont remis les terres. D’autres dossiers sont devant la justice. L’administrateur pense que le rapatrié devrait retrouver sa terre. Mais, précise-t-il, si l’occupant n’a pas une autre propriété, il faut chercher une solution intermédiaire. Pour lui, pas de problèmes majeurs en commune Mabanda sur cette question.

« Chacun doit trouver sa terre d’origine »

Même si l’administrateur affirme que les choses avancent normalement, quelques rapatriés se lamentent. « Chacun a ses origines. Personne n’est tombé du ciel. Qu’ils (les résidents) retournent chez eux. Je suis rentré de la Tanzanie seul, où est-ce que ma famille va s’installer quand elle sera expulsée à la fin de cette année ? Qu’ils quittent nos terres », raconte Etienne Nayigihugu, rentré de la Tanzanie après plus de trente ans. Il est arrivé au Burundi en 2009, mais il signale qu’il n’a pas encore retrouvé ses terres. D’où sa plainte devant la justice.

<doc6607|left>Il indique que malgré ses contestations, sa propriété a fini par être divisée en trois parties: deux parties pour lui et une autre pour le résident. « Cela fait mal au cœur de partager sa propriété avec une personne qui n’est pas de sa famille », déplore-t-il.
« J’aimerais posséder ma propriété dans son intégralité. Je m’inquiète beaucoup de la cohabitation de nos enfants après notre départ », signale-t-il. M. Nayigihugu accuse les notables et l’administration de procéder par force à un partage équitable des terres entre résident et rapatrié.
Pour lui, la promesse leur faite avant le retour au Burundi devrait être honorée : « Pour nous inciter à rentrer, on nous disait que nous allons récupérer tous nos biens, (les maisons, les terres) aussitôt arrivés au Burundi. D’ailleurs, en portant plainte, je me référais à ces discours qui apparemment étaient démagogiques ».

Une question à traiter avec délicatesse

« Les Burundais valorisent la terre, depuis la monarchie. Mais, à cette époque, les terres étaient encore vastes. Les conflits fonciers n’étaient pas nombreux, même si les Burundais ont toujours tenu à avoir une propriété », indique Vincent Ndikumasabo, juriste et ancien ministre de la justice.

Il trouve que la question terre mérite d’être traitée avec délicatesse. Selon lui, plus de 80% des litiges dans les tribinauxsont fonciers : « Pour régler cette question, on doit tout d’abord maîtriser la forte pression démographique au Burundi». La terre constitue un moyen de survie pour plus de 90% de la population. Dans certaines provinces comme Kayanza, Ngozi, signale-t-il, les terres sont étroites. D’où, l’existence des conflits fonciers entre les frères, les voisins voire entre les particuliers et l’Etat.

M. Ndikumasabo estiment que les conflits fonciers s’amplifient parce que beaucoup de Burundais vivent de la terre : « S’ils n’ont d’autres sources de revenu, les conflits deviennent inévitables ».
Il considère que la gestion des conflits fonciers doit privilégier une entente pacifique pour la réconciliation comme le stipule l’Accord d’Arusha. « Si les deux catégories n’arrivent pas à s’entendre, ils peuvent aller devant es tribunaux. Malheureusement, en ce cas, la réconciliation n’est pas évidente », fait-t-il remarquer.

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||L’article a été publié dans la série {"Le passe non composé"}||

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