L’âge avancé de 85 ans du président sénégalais, Abdoulaye Wade, qui ne le dissuade pas pour autant de se porter candidat à sa propre succession pour un troisième mandat, la révision de la Constitution à cet effet, ou encore le départ en ordre dispersé de l’opposition sont autant d’aspects de la vie politique sénégalaise qui ont déchaîné les passions lors du Club de la presse de samedi dernier.
Au Burundi, un débat similaire fait rage dans l’opinion, par médias interposés, depuis la récente annonce du président burundais, Pierre Nkurunziza, de réviser la constitution à mi-parcours de son second mandat à la tête de l’Etat.
Dans le cas du Sénégal, le journaliste burundais indépendant, Frank Kaze, a dit qu’il travaillait à Dakar quand Abdoulaye Wade a gagné la présidentielle de 2000. Pour lui, «ce qui arrive aujourd’hui m’étonne d’autant plus que le président sénégalais s’engageait, dans la foulée de sa victoire électorale, à ramener à deux, le nombre de mandats présidentiels ». S’agissant de l’opposition, l’intervenant a reconnu des qualités indéniables et une grande expérience aux hommes politiques sénégalais de l’opposition, tout en déplorant leur incapacité à se mettre ensemble pour barrer la route au troisième mandat du président sortant.
Frank Kaze a encore essayé de décortiquer le sens de la candidature surprise à la magistrature suprême du « paisible » chanteur sénégalais, Youssou Ndour, avant de se demander si elle n’était pas l’expression d’un « ras-le-bol généralisé » de la société civile sénégalaise par rapport aux chicanes politiciennes dans ce pays.
« Le chanteur ne part pas favori mais peut faire perdre des voix à la majorité présidentielle », a estimé l’un des rares connaisseurs de la vie politique sénégalaise au Burundi. Son jeune confrère du groupe de presse Iwacu, Edouard Madirisha, quant à lui, a rappelé, au sujet de la candidature du chanteur sénégalais, que le monde a déjà été témoin d’artistes qui se convertissent à la politique et réussissent le difficile pari de se hisser à la tête de l’Etat, comme dans les cas de l’ancien président américain, Renald Reagan, ou encore plus récemment, en Haïti avec Michel Martelly.
Concernant la volonté tenace du président sortant de se porter candidat à sa propre succession, l’intervenant y a vu une sorte d’« ivresse du pouvoir qui est largement partagée sur le continent africain ».
De l’avis du rédacteur en chef de Télé Renaissance (indépendante), Jean Bosco Niyonzima, « les dés sont peut-être déjà jetés et il sera difficile à l’opposition sénégalaise de peser lourd dans ces conditions de divisions internes et face à un homme politique de la trempe d’Abdoulaye Wade ».