Le législatif ne suit plus l’éxécutif…Pour l’Assemblée nationale, le tournant remonte à la période précédant Noël.
Sur les principales artères de la mairie de Bujumbura, les citadins donnaient l’impression de battre le pavé, durant les trois premières semaines de décembre 2023, avant et après les heures de service. Le processus de paupérisation a évolué vers son point d’achèvement.
Les réserves de change ont continué à fondre comme neige au soleil, s’établissant à 59,7 millions de dollars (environ 0, 5 mois d’importations) à la mi-septembre contre 1, 3 mois d’importations à la fin mars 2023, a relevé Mame Astou Diouf, cheffe de mission du FMI pour le Burundi, dans les colonnes du journal Iwacu, en octobre dernier.
Et l’aveu de la ministre du Commerce, Chantal Nijimbere, lors d’une séance des questions orales au Sénat, mercredi 20 décembre 2023, a mis l’accent sur la gravité de la conjoncture économique : « Il n’y a pas assez de devises. Sinon on pourrait même constituer des stocks stratégiques. Des stocks pouvant couvrir des mois. Voire une année. »
Grincer des dents n’est ainsi plus l’ »apanage » du commun des mortels. Colère et frustration s’invitèrent dans l’hémicycle de Kigobe, troublant la sérénité des « honorables ». La chambre basse du Parlement jusque-là caisse de résonance de l’exécutif a changé son fusil d’épaule. Son rôle constitutionnel de contrôle de l’action gouvernementale s’est alors rappelé au bon souvenir des représentants du peuple.
Sur le sort à réserver aux responsables d’entreprises de l’Etat qui ont failli à leur mission, tout en profitant de sa générosité, le président de l’Assemblée nationale, Gélase Ndabirabe, a donné le la :« N’ayez pas peur de les pointer du doigt ces gens-là. Au Soudan, dans le temps, on coupait la main aux voleurs, même si ce n’est pas ce que je préconise. Ces personnes qui sont des têtes de mule, qui se moquent de tous les résultats d’enquête qui ont mis à jour leur gestion défaillante et qui n’ont même pas peur d’aller en prison avec l’idée qu’elles profiteront du fruit de leurs magouilles une fois libérées. Nous sommes à la fin de l’année, chers députés, dites clairement les choses et envoyez un message au ministre. Proposez aussi des solutions. S’il faut qu’on en revienne à la peine de mort, dites-le. »
L’agir détermine une altitude démocratique
Du côté des représentants du peuple du parti au pouvoir, la bouc-émissarisation est montée en puissance. Des ministres et hauts cadres en ont pris pour leurs grades. Certains même voués aux gémonies. Quant à l’opposition représentée par le parti Cnl, c’est la libération de la parole. Mardi 26 décembre 2023, Pascal Gikeke est sans conteste le député qui a marché le plus loin dans cette voie : « Nous entendons parler d’une usine de fabrication d’engrais qui verra bientôt le jour à Bugendana. Il n’y a jamais eu d’appel d’offres pour des investissements dans cette usine qui va suppléer la FOMI dans le but de satisfaire les besoins du pays en termes d’engrais. Ce sont alors de ces gens-là qui pillent les richesses du pays pour investir dans ces usines naissantes. Commençons par les investisseurs de cette future usine à Bugendana et demandons-leur d’où proviennent leurs fonds d’investissement. On va découvrir qu’il y a parmi eux des enfants de tel ou tel autre dirigeant de ce pays. […]. »
Enfin, veuillez observer attentivement les activités du parti au pouvoir. D’où viennent les financements ? N’y a-t-il pas des personnalités qui occupent de hautes fonctions qui peuvent contribuer dans le parti à hauteur d’un million par mois alors qu’elles en ont dépouillé 500 millions ? […]. »
Rétropédalage de celui qui tient le perchoir de l’Assemblée nationale, soutenant que les questions relatives aux partis politiques ne se discutent pas à l’hémicycle de Kigobe.
De surcroît, des considérations électoralistes dans la perspective des législatives de 2025 peuvent aussi, pour certains en mode panique, impliquer un jeu de rôle pour gagner en crédibilité.
Une posture démocratique ne suffit pas à rendre compte de l’attitude d’un démocrate. Faut-il encore, en l’occurrence, tirer le courage du désespoir de tout un peuple pour déterminer l’altitude démocratique de ses représentants.
Est-ce qu’on peut espérer avoir un jour un Etat de Droit au Burundi avec des dirigeants qui invitent publiquement la population a des pratiques telles que la lapidation/ l’intifada ou couper les mains aux malfaiteurs/ la sharia au lieu de les traduire en justice?
De toute façon si dans le temps on coupait les mains aux malfaiteurs, le Burundi serait dirigé par des manchots.