Vendredi 22 novembre 2024

Économie

Tricheries avec la politique de charroi zéro

Plus de 560 véhicules sont concernés par la politique de charroi zéro. Depuis quelques temps, l’Olucome dénonce certaines pratiques qui font perdre de l’argent à l’Etat.

Le Directeur Général du Transport ©Iwacu

Selon Gabriel Rufyiri, président de l’Olucome, la politique de charroi zéro initiée par le gouvernement Burundais depuis 2009 est louable car elle permet de réduire sensiblement les charges budgétaires : « Lorsqu’elle a été initiée en 2009, le budget était de 24 milliards mais grâce à cette politique, le budget est passé à 17 milliards de Fbu en 2013. » D’après lui, avant cette politique, il y avait beaucoup de détournement en surfacturation du carburant. Et d’ajouter : « Nous avons même découvert des garages qui étaient payés alors qu’ils avaient fermé leurs portes depuis 1990. »
Cependant, il affirme que la valeur des véhicules frappés par cette politique est minorée après expertise parce que ceux qui les détiennent vendent les pièces de rechange avant cette opération : « Des véhicules achetées à 50 millions de Fbu par l’Etat, sont revendus à 10 millions, voire moins parce que des pièces manquent souvent et ces véhicules se retrouvent en état de simples carcasses. »

Probable hausse des indemnités kilométriques

«  Comme ce sont les mêmes qui rachètent ces véhicules, ils remettent les pièces dans les véhicules et les revendent. Ainsi, une camionnette achetée à 8 millions de Fbu est revendue à 25 ou 30 millions de Fbu sur le marché », signale-t-il. Et d’enchaîner : « Non seulement l’acheteur ne paie pas les frais de douane puisque ces véhicules portent l’immatriculation de l’Etat, mais aussi le gouvernement lui accorde deux ans pour payer la totalité du prix du véhicule.»

L’autre pratique décriée réside dans les indemnités kilométriques allouées aux ayant-droits de cette politique, notamment les ministres, ceux qui ont le même rang, les directeurs généraux, et ceux qui sont nommés par décret. « Au départ, chaque ministre devait avoir 600 mille Fbu de carburant par mois. Mais le gouvernement voudrait que ces indemnités passent à 1.200.000 Fbu par mois.» Pour le président de l’Olucome, doubler ces indemnités constitue une dilapidation des deniers publics surtout que cet argent ne leur est pas donné en nature. Et de se demander si celui qui a d’autres engagements, utilisera tout cet argent pour payer le carburant.

L’expertise est faite par un expert indépendant

Le décret pour accompagner la politique de charroi zéro est sorti le 30 janvier. L’ordonnance de mise en application n’est tombée que le 4 février 2013. Cette politique a d’abord touché les membres du gouvernement. Elle s’est poursuivie avec les assistants et les secrétaires permanents des ministères. Actuellement, elle est effectuée dans les administrations publiques et parapubliques. Plus de 360 véhicules ont déjà été expertisés et attribués en même temps aux ayant-droits. La politique de charroi zéro, amorcée en 2009, serait à 80% de sa réalisation. Le gain escompté est estimé à plus de 1 milliard de Fbu.

Jean-Claude Mpawenimana, directeur général des transports, estime ces arguments infondés. Selon lui, ces véhicules ne sont pas vendus à des prix fantaisistes car la commission chargée d’exécuter cette tâche travaille sur base des rapports produits par une maison d’expertise qui a gagné le marché en toute transparence. Il indique que l’expert donne son rapport à la direction des transports. Celle-ci écrit à une commission indépendante ad hoc pour lui transmettre la liste des véhicules expertisés et leur affectation. Après, cette commission écrit à l’acquéreur qui signera un contrat au ministère des Finances. « Le véhicule ne lui appartiendra qu’après paiement de la totalité du prix du véhicule. »
Concernant les ventes de ces véhicules, le directeur admet qu’elles peuvent exister, mais souligne qu’une ordonnance est en cours d’étude pour lutter contre cette pratique : « Nous voulons lutter contre ces cas de revente et nous avons demandé aux ministères de contrôler au quotidien la gestion des véhicules. »

Concernant les indemnités kilométriques, le directeur général des transports rappelle qu’il existe une politique de contrat de performance pour tous les ministères : « Qu’un ayant-droit paye le carburant ou pas n’est pas notre affaire, notre rôle est de surveiller si le travail est bien exécuté. »
Nous avons contacté la Deuxième Vice-présidence par rapport à la probable révision à la hausse des indemnités kilométriques, sans succès.

Forum des lecteurs d'Iwacu

11 réactions
  1. Tata

    A Christian Bigirimana, auteur de cet article,

    Nous te serions infiniment reconnaissant si tu pouvais (toi ou le groupe Iwacu) nous trouver le rapport d,expertise fait par cette maison independante et en publier des données chiffrées.

    Les lecteurs (notamment de la diaspora) vous en remercieraient infiniment. Une suggestion: vous pourriez en faire un numero special du magazine Iwacu; nous serions nombreux a acheter ce numero et meme a nous abonner en permanence.

    J’ai un jour entendu Mr Kaburahe dire sur la RPA que des ventes du journal dependent du sujet traité. Il ne croyait pas si bien dire. Vous avez ici une evidence que nous brulons d,envie de lire ce numero. Et pour cause…

    Y-a-t-il quelqu’un sur ce site qui, comme moi, a recemment envoyé un vehicule au Burundi et l’a dedouané? Les agents de l’OBR ont une facon propre a eux de calculer le cout du dedouanement des automobiles (sans parler d’autres marchandises). C’est ahurissant.

    Un exemple. Si par malheur vous importez une de ces jeeps Lexus ou Prado que l’Etat liquide aujourd,hui a 10 millions tous frais inclus, alors que la valeur reelle aussi autour de 60 millions, vous la dedouaneriez a 33millions (au bas mot; soit environ 55%). En plus du cout d,achat, transport et assurance.

    En publiant les montants etablis par la maison d,expertise en question, nous pourrions forcer l’OBR a utiliser la meme maison pour expertiser la valeur de nos vehicules (et autre biens) importés et determiner le cout de dedouanement.

    Vous avez ici un scoop, tellement les importateurs sont ecoeurés par les pratriques de ce monstre qu’est l’OBR, et ceci au moment où d’autres (élus de Dieu) ont des exonerations qui au total depassent le budget annuel de 3 ministeres reunis (Agri, sante, education).

  2. observateur de la chute

    le citoyen moyen vis dans une misere sans nom,d’ailleurs le pays est classe comme le plus pauvre du monde
    les gouvernants eux vivent dans un luxe que meme les dirigeants des pays developpes n’osent pas se permettre,
    cela prouve a suffisance que les peuples ont les dirigeants qu’ils meritent

  3. appolinaire

    Mr Kaburungu

    Merci pour vos informations,
    Les burundais se plaignent de la pauvrete mais qui dans le meme temps preferent une elite qui les exploite les ignore et les meprise,
    si un burundais qui vis a peine avec un euros par jour prefere donner 2750 euros a son president
    c’est son droit le plus absolu

  4. kaburungu

    bonjour tout le monde ,lectrices lecteurs d’Iwacu

    L’exemple vient d’en haut dit on
    savez combien chaque burundais donne au budget de son president?
    2750 euros
    Savez vous combien chaque francais donne au budget de son president
    1660 euros

    Est ce normal?
    alors 80%des burundais vivent sous le seuil de pauvrete,que 95%n’ont l’eclectricite,
    82%analphabete,97%n’ont pas l’eau courante,70% chomage chez les jeunes de 25 ans etc etc

    Ceci est tellemement choquant que je prefere donner des sources afin que chacun verifie
    budget presidence burundi 43 milliards BIF (22 millions d’euros) pop 8 millions
    budget presidence francaise 100 millions d’euros pop 60millions

    en realite il faudrait meme ajouter le FONIC mais bon …..

    Vivement un troisieme mandat……puis un quatrieme et un cinquieme

  5. Mpebentwenge

    Uti ce charmant (jeune) directeur Général ariko anyegeza imvi????
    Du temps du bien aimé Mobutu, notre référence actuelle en gestion du pays, tous les ministres Bambara Abakos comme leur président.
    Ils savaient bien appliquer le fameux adage enseigné par leur guide: « La chèvre broute là ou elle est attachée ».

    Silence on broute!!!!!!!!

  6. Burundi bwacu

    Les bonnes intentions accouchent souvent de mauvaises applications. Le Burundi gaspille l’argent du contribuable avec le charroi de l’Etat. Les véhicules de l’Etat sont mal entretenus, le carburant de l’Etat sert aux déplacements privés et publics. Les pièces de rechange destinées au charroi étatique sont utilisées sur des véhicules publics et les véhicules privés. La décision du gouvernement actuel d’avoir un charroi zéro a été très bien appréciée. Une mesure pour assainir les finances publiques. Et pourtant, les bénéficiaires de cette mesure sont loin d’être les contribuables burundais.
    Dès que la mesure a été annoncée, certains ministres ont bien remis à neufs leurs véhicules de fonction. Les secrétaires permanents et les autres ont fait de même. L’utilisateur de la voiture était prioritaire. Le prix de vente était fixé en fonction de son évaluation. Dans le royaume de la corruption, l’évaluation est faite par l’acheteur, d’autant plus qu’il s’agit des biens de l’Etat. Les ministres ont des véhicules de luxe de grande valeur de 80 millions de francs bu par ex. Ces véhicules sont achetés par les ministres à 14 millions de francs bu. Sur les 14 millions, l’Etat paye 7 millions et le ministre débourse 7 millions de francs bu. Voilà un véhicule presque neuf acquis à 7 millions de francs bu. Qui dit mieux?
    De même, les Prado des secrétaires permanents leur seront vendus à 7 millions comme les ministres. Pour payer les 7 millions, l’Etat accorde un crédit bonifié d’intérêts. L’heureux acquéreur n’aura qu’à payer 240 000 frs par mois. Nous reviendrons aussi sur la subvention qui concerne les 240 000 frs mensuels à rembourser.
    Chaque ministre devait avoir 600 mille Fbu de carburant par mois. Normal car une voiture d’un ministre transporte beaucoup de dossiers et consomme 20 % de plus que celle d’un conseiller! Celui qui a acheté la voiture presque neuve à 7 millions aura 600 000 frs selon son niveau et remboursera 240 000 frs. Tenez, un ministre rembourse sa voiture 240 000 frs par mois et l’Etat lui reverse 600 000 frs par mois en indemnités kilométriques. Il lui reste 360 000 frs pour acheter l’essence nécessaire pour aller au travail. Il ne consommera pas plus de 8 litres d’essence par jour.
    S’il se déplace en province, il aura 299 frs bu par kilomètre, en plus des 600 000 frs. Qui est le gagnant? Celui qui s’est servi et non celui qui est censé être servi, j’ai nommé le peuple. ….. Les bureaux sont concentrés dans un petit cercle. Rarement le Ministre fera les 20 km à titre professionnel. Que l’Etat burundais est généreux! Vive le boulot de ministre! Que le peuple acclame!
    Dans les bureaux à Bujumbura, la colère gronde, les véhicules en mauvais état ont été laissés aux conseillers et d’autres n’ont rien reçu. Or, ils doivent se débrouiller pour des déplacements professionnels. Cependant, ils auront 500 000 frs par mois s’ils avaient un véhicule de fonction avant cette politique du charroi zéro.

  7. Jereve

    Comme ce sont les mêmes qui rachètent ces véhicules? Sous d’autres cieux on parlerait de conflits d’intérêts: les autorités qui décident de la politique du charroi zéro ne peuvent pas en même temps se présenter comme clients pour acheter ces voitures. On pourrait également parler de « délit d’initié » dans le sens que ces autorités disposent de plus d’information sur la marchandise dont ne disposent pas les clients externes, et qu’elles peuvent utiliser ces informations pour leur enrichissement personnel (elles peuvent acheter la marchandise à vil prix, comme elles peuvent vendre l’information à des tiers moyennant des rétrocommissions). Personne n’est dupe : ce n’est pas pour rien que le mot kirundi « irementanya » et son équivalent en français « montage » reviennent fréquemment dans les conversations.

  8. musigati

    Les dignitaires actuelles se sont partagés les vécules de l’Etat à un prix dérisoire. C’est tout simplement du vol organisé. Qui peut par exemple me dire comment un véhicule achété 120 millions par l’OMS ou l’UNICEF imaze 2 ans seulement igaca igurwa na Ministre wa santé kuri moins de 20 millions nayone ntayatange akayitwara kw’ideni. Les véhicules jeep Toyota landcruiser dernier cri BNUB yahaye leta zose barazihaye. Le slogan « ZIRYE » Iriko irakora basi.
    *Imodoka : zirye zose n’iziri muri commande
    * Entreprises zirye zose n’iziri muri projet
    Et kaka bonney de chanter ZIRYE ZIRYE ZIRYE…. et les dd bakitabira « Zirye »
    Mu Rwanda batagize amanyanga bagize vente publique aux enchères kubantu bose babishaka bafise amahera cash.
    Pour les DD le projet est charroi zero, zero véhicule, Zero revenu issu de leur vente tout simplement leta yarasahuwe. Ninde muri mwebwe afise jeep d’une valeur de 80 millions akabura igitoro na pièce yoca agabira iyo modoka umu chauffeur wiwe ngo ayigure kuri 12 millions kiretse yari ashaka kuyimugabira. Le même raisonnement de rationnalité s’applique à l’Etat. Supposons que l’Etat avait un charroi en véhicule estimé 20 milliards (c’est un exemple) qui coûtait 5 milliards en terme de réparation et de carburant, avec une vente aux encheres l’état aurait 20 milliards de ressources plus 5 milliards qu’aurait consommés la réparation et l’entretien, mais pour les DD on commence par chercher qui fera expertise pour minorer leurs valeurs, la valeur va passer de 20 milliards à 5 milliards, et sur les 5 milliards ils vont payer seulement 2 milliards et les autres 3 milliards seront payés ultérieurement avec l’argent que le gouvernement paiera comme indeminités kilométrique. L’état se retrouve avec un manque à gagner de 17 milliards. L’ancien Ministre l’avait bien ati « indege twari kuyitanga kubuntu kuko twaratowe » noneho imodoka zo mwazihaye kubuntu.

  9. KABADUGARITSE

    Bonjour à tous! Jewe naheruka kera abimosha ico twita « Kicwa rupala » ou encore « Boule à zéro » pour les jeunes, baba ari abakurambere bamaze kugira imvi nyinshi bakaba badafise abakenyezi babitwararika ngo babashiriremwo « Kanta » canke bivuye no ku buryo iyo iyo « Kanta » badashoboye kuyigurira ngo bayisige. None ubu uhura n’umwana ataranashikana n’imyaka mirongo itatu, nguwo « Kicwa rupala » ! None ivyo ni ibiki? Erega umukuru w’igihugu aba yabashinze amabanga abazi ku buryo ntibaza ko yoca ababogoza ngo nuko batitwaye nkawe!

    Alors, manque de personnalité ou maladie burundaise de copier le haut gradé!!!

    • musigati

      Il a l’exemple de son grand chef nawene agira igipara

    • Bakari

      Tant mieux: de cette façon l’extrême droite n’a plus le monopole du crâne rasé (skinheads)!

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