La synergie des médias dans l’émission « Umunoni» du 3 février s’est penchée sur la participation de la population dans la gestion de leurs communes. Des citoyens se plaignent qu’ils ne soient pas associés dans l’élaboration des projets de leur localité.
Comment les citoyens participent-ils dans la gestion de leur commune ? Qu’est-ce qui est prévu par la loi communale ? Pourquoi dans certaines communes les citoyens ne sont pas associés ? Comment doivent-ils donner leurs contributions? Entre autres questions essentielles sur lesquelles les intervenants sont revenus.
Certains habitants de la commune Ntahangwa, en mairie de Bujumbura, se plaignent qu’ils ne sont pas impliqués dans la gestion de leur commune. Ils font savoir qu’ils voient des projets en cours sans savoir quand ils ont été planifiés avec le volet contribution citoyenne.
Audace Ngendangenzwa est un habitant du quartier Carama qui suit de près la gouvernance communale. Il déplore le manque de collaboration des autorités locales, lors de la planification des projets. Pour lui, cette situation fait que les autorités ne sont pas redevables vis-à-vis des administrés.
Ninette Ishimwe du même quartier s’indigne de l’irrégularité des réunions. Elle parle des infrastructures publiques qui sont endommagées et ne sont pas réparées à temps car les autorités ne sensibilisent pas suffisamment la population.
En commune Bubanza, la population se réjouit d’être impliquée dans la gestion de la commune. « L’on nous invite à participer dans des réunions de sécurité qui nous permettent aussi de donner des propositions et contributions au développement de notre commune », explique un certain Salvator. Même son de cloche chez Rosalie Ndirakobuca qui demande des efforts pour rendre disponibles des bancs-pupitres pour que les élèves étudient dans de bonnes conditions.
Quant à la commune Giheta, Micheline Ninahaza, administratrice, explique que la population est informée et participe activement pour contribuer au développement de la commune. Elle affirme tenir une réunion de redevabilité tous les six mois pour rendre compte des réalisations. Une occasion aussi de planifier les activités suivantes.
« La loi n’est pas respectée »
Rénovat Sindayihebura, administrateur de la commune Mukaza en mairie de Bujumbura, observe que les citadins ne participent pas suffisamment dans des réunions organisées régulièrement. « Ils sont invités mais ne participent pas. Par exemple, des personnes se sont approprié des espaces verts, mais leurs voisins sont restés silencieux. Informer les autorités sur de tels cas est une forme de participation dans la gestion des localités. »
D’après François Bizimana, expert en gouvernance locale, ces plaintes et lamentations de la population dans les différents coins du pays montrent que les dispositions de la loi sur l’administration communale ne sont pas respectées par les autorités. Et de constater que les citoyens ne sont pas encore informés sur la mission des organes qu’ils ont élus : « Ce sont des organes qui ont des comptes à rendre et cela est prévu par la loi sur l’administration communale. Les projets qui sont réalisés commencent à la base et différents intervenants sont interrogés. Chacun donne sa contribution dans les cadres prévus par la loi. »
François Bizimana a expliqué que l’article 46 de cette loi oblige le chef de colline ou de quartier d’organiser, au moins une fois par trimestre, une réunion ouverte à tous les habitants de la colline ou du quartier pour analyser la situation politique, sociale, économique et sécuritaire qui prévaut.
Il ajoute que l’article 17, alinéa 20, oblige l’administrateur à organiser, au moins deux fois par an en décembre et en juin, des rencontres ouvertes pour informer la population, de manière transparente, sur la situation politique, sociale et économique. Les participants à ces rencontres ont droit de poser des questions et de proposer des solutions. L’article 18 stipule qu’avant le 30 juin de chaque année, l’administrateur communal produit un rapport sur l’état de sa commune. Il est ensuite transmis au gouverneur pour validation pour être rendu public lors de la fête communale.
Tous ces intervenants appellent les autorités à impliquer la population pour que les projets répondent aux aspirations les plus légitimes des citoyens à la base.
L’émission en synergie « Umunoni » soutenue par l’ONG Benevolencia sur financement de l’Union européenne a été transmise sur les radios Isanganiro, Rema FM, Izere FM, Radio-TV Buntu, Umuco FM, Culture, et Ijwi ry’Umukenyezi, Mashariki TV, le journal Iwacu et le Magazine Jimbere.
Tant qu’on n’aura pas des leaders éclairés, le chemin est encore long. Demander à nos sœurs et frères de nos collines de demander à l’administrateur de rendre compte de la gestion de la commune !!! Dans la culture bien enracinée, ntawuvuguruza umutware ! D’ailleurs ababibigerageza murazi ibibashikira. La lutte et l’ouverture des esprits continuent.