Mardi 31 mars 2015, mi-journée, International Conference Centre à Abuja (Nigéria). Nous sommes au deuxième jour de décompte des voix de l’élection présidentielle. Alors que la session vient juste de démarrer – l’opposition mène depuis la veille par un écart de plus de 2 millions de voix – un agent de bureau de vote, ancien ministre du parti au pouvoir, prend la parole. Sur un ton très remonté, il accuse le Président de la Commission nationale électorale indépendante (INEC) de partialité et de …tribalisme ! Voilà ! Le mot est lâché ! Il s’assoit à même le sol, refuse de rendre le micro. La scène est retransmise en direct. Tout le monde retient son souffle…
La semaine précédente, il y avait comme un vent d’anxiété, de peur. Personne ne savait vraiment à quoi le weekend électoral allait ressembler. Allait-il y avoir des attentats suicides de Boko Haram ? L’élection allait-elle pouvoir se tenir ? Allait-il y avoir des contestations, des violences post-électorales ? Personne ne savait. D’après Human Rights Watch, les dernières élections de 2011 avaient emporté plus de 800 vies humaines…
Ainsi, beaucoup avaient-ils pensé quitter le pays. L’aéroport de Lagos était bondé. Il y avait aussi de très longues queues aux stations-services. Chacun se précipitait aux marchés pour constituer des réserves d’eau et de nourriture, sait-on jamais. Pour ne rien arranger à la psychose, la monnaie nigériane avait dégringolé face au dollar (principalement suite à la chute des cours du pétrole). Le lundi, le Président Barack Obama avait adressé un message vidéo exclusif au peuple nigérian pour appeler à des élections apaisées. Le vendredi, à la veille du week-end électoral, les commerces et bureaux ont fermés plus tôt que d’habitude. Chacun s’est empressé de rentrer chez soi.
Samedi 28 mars. Jour J. Rien. Tout est calme. Tout semble se passer normalement. Certes, il y aura quelques attaques de Boko Haram, mais rien de l’envergure de ce que le groupe a la triste renommée de faire. Dans certains bureaux, le vote ne pourra pas être terminé, il sera prolongé jusqu’au lendemain. Dimanche 29 mars, le calme règne toujours. Les résultats sont promis dans les prochains 48 heures.
C’est après ce calme inattendu, que l’agent de bureau de vote, ancien ministre va se manifester. A la stupeur générale, son action va rappeler que rien n’est encore joué. L’interruption durera une quinzaine de minutes. Le Président de la Commission nationale électorale indépendante, Prof. Attahiru Jega, restera calme, serein, « zen ». Il n’y aura ni violence dans la salle, ni mouvement de police. Le décompte reprendra.
Dans la soirée, alors qu’il reste encore un dernier État à proclamer les résultats, le Président sortant, Goodluck Jonathan, passera un coup de fil à son challenger, le Général Muhammadu Buhari pour le féliciter. Inédit. La tension va retomber instantanément. L’ancien ministrefinira par présenter ses excuses publiques dans la suite.
Depuis 1999, année de retour à la démocratie, le Nigéria est gouverné par un même parti politique, le People Democratic Party (PDP). Premier producteur de pétrole africain, le pays est riche. Très riche. Détenir une parcelle de pouvoir est facilement synonyme de très grandes richesses personnelles. Avec des mandats présidentiels d’une durée de 4 ans chacun, le PDP avait jusqu’ici remporté toutes les échéances précédentes. Mais, en un seul week-end la donne aura changé …dans le calme.
De façon quasi-unanime, deux personnalités sont reconnues comme ayant permis un tel succès : le Président de la République sortant pour l’humilité et le courage de reconnaitre rapidement la défaite, ainsi que le Président de la Commission nationale électorale indépendante pour son indépendance et sa sérénité. En moments critiques, alors que tout le processus pouvait basculer dans le chaos, ils se sont démarqués par leurs paroles, leurs attitudes et leurs actes. Ils n’ont pas fait du silence leur allié, ni n’ont laissé le doute sur leurs intentions planer. Ils ont parlé. Ils ont agi. Ils ont sauvé un peuple, une nation, une région d’un désastre imminent.
Le Nigéria occupe un territoire 33 fois plus grand que le Burundi. Sa population est de loin plus grande que celle du Burundi, du Rwanda, de la Tanzanie et des deux Congo réunis. Son économie, la première d’Afrique et loin devant celle de l’Afrique du Sud, est plus de 120 fois plus puissante que celle du Burundi—en termes de produit intérieur brut. Le pays compte plus de 250 groupes ethniques et héberge un des plus sinistres groupes terroristes islamiste, Boko Haram. D’après le Council on Foreign Relations, ce groupe a plus de 11.300 victimes sur son compteur macabre. Et, pourtant, des élections apaisées s’y sont tenues.
Dans son discours d’après défaite, le Président Goodluck Jonathan dira : “J’ai promis au pays des élections libres et justes. J’ai tenu parole”.
Aujourd’hui, le Burundi est loin de faire face aux mêmes types de défis que le Nigéria. Cependant, tout comme le Nigéria à la veille des élections, face aux incertitudes, aux rumeurs et contre-rumeurs, aux peurs et inquiétudes, nous ne pouvons pas nous permettre de replonger dans un nouveau cycle de violences.
Personne ne sait à quoi vont ressembler les jours et mois à venir du Burundi. Nous tous, nationaux et étrangers, ne pouvons que spéculer sur ce sujet. Mais, à l’heure actuelle, il y a un point qui ne souffre d’aucune spéculation : il s’agit de la personne qui a entre ses mains l’ultime responsabilité des moments à venir. C’est le Chef. Sebarundi. Lui seul et non ses conseillers, courtisans ou partisans, peut changer la donne. Une journée, une parole, un discours, c’est tout ce qu’il faut.
C’est possible. C’est mon espoir. Aujourd’hui.
Que le Chef parle.
Resotns calmes comme le Président de la CENI nigériane. Ne cédons pas aux provocations de Peter et de ses envoyés, mais restons le plus prudent possible, et tuzobona yitembanye. Comment? Je ne sais pas encore, mais j’en suis sûr.
jewe nibaza ko atakigoye kirimwo nibaza ko sebarundi azofata inzira nziza, kuko arabona ko atanumwe amushigikiye, nasomye muri bbc gahuza na mugenzi we pierre buyoya yamubwiye ko mandant ziwe zaheze sinimva ico yoba ariko arondera.
Notre sebarundi n’est du calibre de Goodluck Jonathan. Il est plutot atteint d’une maladie tres dangereuse qu’on appelle egoisme. Lui ou rien. Voila l’homme!
Excellent reportage.
Turagusavye SEBARUNDI uduhumurize